Au début du 20e siècle, le père missionnaire Ovila Paquette était bien connu des gens du Nord de l’Ontario. Faisons un retour sur sa vie. Tout d’abord, mentionnons que Ovila François Paquette est né à Ripon au Québec en 1877. Il a fait ses études universitaires à l’Université d’Ottawa et au noviciat des oblats à Ville LaSalle. Il fut ordonné père oblat en 1905. Il est curé de la paroisse de Mattawa de 1907 à 1917.
Pendant son séjour dans le Nord de l’Ontario, il agit comme missionnaire pour le diocèse de Haileybury, surtout dans la région de Hearst. En 1917, il fonde la première paroisse de Hearst et en est le curé de 1917 à 1918. La messe du dimanche est célébrée deux fois par mois à Hearst, à Moonbeam et à Kapuskasing. À l’arrivée de Mgr Joseph Hallé à Hearst en 1919 et des religieux séculaires, le père Paquette demande aux oblats de s’occuper des villages naissants à l’est du vicariat apostolique.
Le père Paquette déménage donc à Moonbeam et fonde la paroisse en 1920. Elle est cédée au clergé diocésain le 20 février 1921. Le père Paquette est ensuite placé à Kapuskasing ; il y fonde la première paroisse Immaculée Conception de Kapuskasing en 1921.
En 1925, le père Paquette retourne à Ottawa pour devenir aumônier du monastère du Bon-Pasteur. En 1928, il est appointé curé de la paroisse Sainte-Famille d’Ottawa-Est. En 1930, il devient supérieur des oblats à Maniwaki.
Le père Ovila François Paquette est décédé à l’Hôpital Général d’Ottawa le 15 janvier 1936, à l’âge de 58 ans.
La photo provient du bouquin du 50e anniversaire de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption.
L’année 1957 s’avère exceptionnelle pour l’éducation dans le Nord de l’Ontario et surtout pour Hearst. Son Excellence Mgr Louis Levesque C.S.S.R., évêque de Hearst, a déclaré au journal La Patrie de Montréal du 7 mai 1957 que le Nord avait fait « un pas de géant durant l’année académique qui s’achève dans le domaine de l’éducation. »
Au mois de mars 1957, le Collège du Sacré-Cœur de Sudbury devient l’Université de Sudbury. Cette nouvelle université recevra une subvention provinciale de 2 000 000 $ pour la construction de deux édifices afin de loger les facultés des arts et des sciences. Le Collège, dirigé par les Jésuites depuis son ouverture en 1913, dispensait le cours classique traditionnel quelque peu modifié pour répondre aux exigences du milieu. Il était affilié à l’Université Laval. Le personnel enseignant de l’Université de Sudbury se composera de religieux et laïcs, ces derniers de toutes croyances et nationalités. Ils seront admis en raison de leurs qualités académiques indépendamment de leurs convictions religieuses. La direction de l’institution demeurera entre les mains des Jésuites.
Le Séminaire de Hearst a été fondé en 1953 sous la direction de Son Excellence Mgr Levesque, évêque du diocèse de Hearst, et financé par la population du diocèse dans le but de rendre les études secondaires accessibles à la jeunesse francophone du Nord-Est de l’Ontario. En mai 1957, lors d’une cérémonie d’affiliation, le T.R.P. Gérard Goulet, provincial des Jésuites et chancelier de la nouvelle Université de Sudbury, remet le parchemin d’affiliation à Son Excellence Mgr Levesque, supérieur du Séminaire de Hearst. Cette affiliation permettra au Séminaire de Hearst d’offrir des cours universitaires.
Le journal La Patrie de Montréal (7 mai 1957) rapporte que « les diocésains de Hearst ont déjà souscrit la somme de 480 000 $ pour la construction d’un édifice qui logera quelque 200 élèves, chaque personne ayant donné une moyenne de 16 $. La faculté des arts de l’université restera essentiellement française. Les plans sont terminés et la construction commencera dès que l’institution aura l’assurance de recevoir les subsides nécessaires. » La cérémonie d’affiliation est la première fonction universitaire de l’ancien Collège du Sacré-Cœur de Sudbury. Selon le site Web officiel de la présente Université de Hearst, le projet lorsque terminé en 1959 contient les installations suivantes : « La nouvelle aile est munie d’une chapelle, d’un auditorium et d’une salle d’étude d’environ 200 sièges. S’y ajoutent un dortoir de 200 lits, quatre salles de classe, une bibliothèque, une salle de musique, deux laboratoires de sciences, deux salles de travaux manuels, un studio d’art et un gymnase ». Le Séminaire de Hearst est incorporé sous le nom de « Collège de Hearst » en 1959 lorsque la construction est complétée et offre des cours universitaires en plus des cours secondaires en français pour tous les gens du Nord de l’Ontario.
En 1957, un troisième projet d’envergure est en voie de réalisation dans le nord de la province, notamment la formation d’une école normale bilingue à Sudbury, semblable à celle de l’Université d’Ottawa. Même si le projet est essentiellement accepté en 1957, il ne verra le jour qu’en septembre 1963.
Son Excellence Mgr Louis Levesque a raison de dire qu’on a accompli un pas de géant en éducation pour le Nord de l’Ontario en 1957. La photo montre la construction des nouveaux locaux du Collège de Hearst sur la 9e Rue dans les années 1957-59 et provient du site Web officiel de l’Université de Hearst, sous l’onglet Notre histoire.
La compagnie locale de camionnage Dark Entreprise a recruté des chauffeurs à l’international afin de combler le manque de main-d’œuvre. Malgré des affichages d’emploi continus, les postes restaient vacants. Les dirigeants de l’entreprise ont donc opté pour l’international.
En premier lieu, la direction de Dark embauchait une entreprise offrant un service de camions et de chauffeurs. En observant le fonctionnement de ce sous-traitant, les propriétaires, Roxanne et Dany Bolduc, se sont adaptés afin de recruter leurs propres chauffeurs provenant de l’international. « Ça fait trois ans que nous avons commencé à faire ça. Pour trouver les candidats, c’est le bouche-à-oreille qui nous aide le plus. En traitant bien nos chauffeurs, ça en a apporté d’autres. Même sur le chemin, on s’occupe de nos chauffeurs et il y en a plusieurs qui aimeraient avoir notre recette. En ce moment, près de 50 % de nos chauffeurs proviennent de Dubaï et des Indes, soit 12 au total », explique Stéphane Potvin, répartiteur et responsable à l’embauche. Selon Mme Bolduc, ils se sont fait ridiculiser quelque peu au début parce qu’ils étaient les premiers à Hearst à recruter des chauffeurs d’une autre nationalité.
Processus de formation
Avant d’arriver à Hearst, un processus doit être complété. La direction de Dark a expliqué que lorsqu’un candidat accepte l’emploi, il arrive à l’aéroport de Brampton. C’est à ce moment que le cours de conduite est complété. « La durée du cours est de trois mois, et plusieurs d’entre eux ont des membres de leur famille établis dans cette ville. Une fois que les exigences du ministère sont remplies, les gens sont prêts à venir dans le Nord. Nous autres aussi on continue la formation : il y a de l’adaptation à faire, il n’y a pas d’hiver là-bas, pas de forêts, pas de copeaux ou de billots de bois. Ils ont tous de l’expérience en camionnage, mais dans leur pays », explique M. Potvin.
La plupart arrivent à Hearst avec la documentation nécessaire, comme le permis de travail et le visa. Toutefois, Dark Entreprise doit accomplir ces démarches pour certains. « Il nous faut passer par l’immigration. C’est tout un processus, ça peut prendre trois ou quatre mois avant d’obtenir leur permis de travail et leur visa de deux ans. Ensuite, c’est à eux de décider s’ils veulent continuer à travailler au Canada et de demander le statut de résident permanent », soutient Roxane Bolduc.
Après l’obtention de ce statut pour le travailleur, les démarches afin d’accueillir femme et enfants peuvent débuter.
Pénurie de logements
La pénurie de logements a forcé les propriétaires à prendre des décisions financières. « Il y a trois ans, on louait une maison. Au début, ils étaient plusieurs à vivre dedans, donc ça ne marchait pas ! Il manquait de place, de chambres, et huit gars avec juste une salle de bain, ça ne fonctionnait pas. On s’est dit qu’il fallait faire quelque chose ou bien nous allions les perdre. Donc, on a trouvé un immeuble à vendre, on en loge une partie là et on a loué des appartements pour en loger d’autres », indiquer Mme Bolduc.
Accommodements
Ces nouveaux employés pratiquent tous la religion sikhe, une religion provenant du nord du sous-continent indien. Leurs croyances et leur culture ont apporté des défis à la direction puisque les hommes portent, pour la plupart, un bracelet en argent au poignet ainsi qu’un turban. Ils portent aussi un kirpan à la taille. C’est un petit poignard dont la lame est à double tranchant qui leur est remis lors du baptême, signifiant la capacité à défendre sa foi.
L’équipe a également constaté que les lois en santé et sécurité de l’Ontario ne sont pas adaptées pour accommoder le port du turban et d’un casque de sécurité, par exemple, sur certains lieux de travail. Il existerait plusieurs exemptions dans d’autres provinces canadiennes et M. Potvin étudie les différents cas pour trouver une comparaison qui s’appliquerait à ses travailleurs.
Langue et culture
Les camionneurs sont capables de communiquer en anglais, et de se faire comprendre par l’équipe de gestion chez Dark Entreprise. « Les gars trouvent ça dur, ils ne sont pas acceptés. Comme dans le milieu de travail, il y a du monde qui ne respectent pas leurs coutumes et leur religion. (…) Quand ils sont dans les moulins ou dans les cours, ils ne sont pas acceptés », se désole M. Potvin.
Les propriétaires, Stéphane Potvin et son équipe, ont pris le temps de connaitre leurs nouvelles recrues et d’en apprendre plus sur leurs coutumes et valeurs, chose qui prend plus temps à faire pour le reste de la communauté. « La ville n’est pas prête à ça, les gens n’ont pas encore l’esprit ouvert, on a déjà perdu des gars parce qu’ils ne se sentaient pas acceptés et sont repartis. C’est triste parce qu’à un moment donné, où est-ce qu’on va les prendre les camionneurs ? », se questionne M. Potvin.
Il affirme toutefois avoir été témoin de camionneurs de la région prenant le temps d’aider l’un de leurs chauffeurs ou encore offrir des trucs au passage, ou lors d’un chargement. « Ils reconnaissent qu’on a besoin de ces gars-là et ça commence à changer. Si tout le monde prenait un petit deux minutes avec eux, ça serait encore plus facile pour eux autres de s’intégrer. »
Climat
L’adaptation au climat et à l’état des routes hivernales a fait en sorte que six chauffeurs ont démissionné. « Maintenant, on est plus ferme, quand ils sont partis, on avait six camions stationnés dans la cour parce qu’on n’a pas été capable de les remplacer par des gens locaux. Les chauffeurs sont avertis qu’ils ne peuvent pas juste partir et revenir, on reçoit des appels presque tous les jours de gens qui veulent s’en venir », dit-il.
Une autre chose qui présente un problème aux nouveaux employés, c’est la nourriture. Roxanne explique qu’il n’y a pas de restaurants qui servent des mets indiens sur les parcours. « Après une journée de travail, ils doivent cuisiner pendant des heures selon les recettes. De plus, les aliments nécessaires sont difficiles à trouver à l’épicerie locale. »
Malgré de nombreux défis, les propriétaires de l’entreprise recommenceraient n’importe quand si c’était à refaire. « On reconnait que c’est une réussite, maintenant il faut l’entretenir. Tout le monde peut commettre des erreurs, mais dans notre culture d’entreprise, il n’y a pas de place pour des folies. On travaille fort, on garde nos standards hauts, la vigilance, la supervision, et on sait qu’ils vont s’en aller par eux-mêmes ceux qui n’y adhèrent pas », conclut Stéphane Potvin.