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En 1947, le gouvernement ontarien introduit une politique dans le but d’encourager les producteurs de pâte et papier à venir s’installer au Canada. À partir de 1947, le quota alloué pour l’exportation du bois de pulpe est réduit de 10 % par année, ce qui veut dire qu’il n’y aura plus d’exportation de bois de pulpe dans dix ans, soit en 1957.

En 1947, la guerre est finie, les soldats reviennent au pays et la grève générale de 1946 est terminée. L’économie canadienne est à la hausse. Les compagnies canadiennes de pâte et papier sont toujours à la recherche de bois de pulpe. Les cultivateurs peuvent vendre facilement le bois de pulpe sur leurs terres et se trouvent en même temps du travail dans les chantiers en hiver. Les compagnies de bois de construction ont accès à un marché canadien pour le bois de pulpe qui se trouve sur leurs limites, en plus du bois de construction.

Il en est ainsi jusqu’en 1953-54 lorsque la demande internationale pour le bois de pulpe et de construction ralentit. Le conseil municipal de Hearst, sous le maire Albert Mongeon, se rend compte que si rien ne change bientôt, la région fera banqueroute en 1957 lorsqu’il y aura un embargo complet sur l’exportation de bois de pulpe.

Le maire Mongeon et trois autres résidents de Hearst se présentent donc à Queen’s Park, à Toronto, pour un rendez-vous avec le premier ministre Frost et d’autres ministres du gouvernement ontarien. Le Globe and Mail des 13 et 21 janvier 1954 rapporte les sujets discutés.

1. Les cultivateurs – Dans les premières années après 1947, lorsque les quotas d’exportation de bois de pulpe diminuaient de 10 % par année, les cultivateurs n’étaient pas affectés puisqu’ils vendaient leur bois de pulpe en grande majorité aux compagnies de pâte et papier de la région. Depuis que la demande pour le bois de pulpe international a diminué, cependant, les compagnies de pâte et papier de la région ont de beaucoup réduit l’achat du bois de pulpe des cultivateurs. En plus, le nombre de cultivateurs embauchés pour travailler pour des compagnies de bois en hiver est passé de 7 500 en 1951 à 2 500 en 1954. Chaque cultivateur perd en moyenne 3 000 $ par hiver parce qu’il n’a pas d’emploi. Le cout du transport par chemin de fer est trop élevé pour que ces cultivateurs envoient leurs produits, notamment les patates, le grain, le boeuf et le lait dans d’autres régions. Il ne faut pas oublier non plus que ces cultivateurs ne peuvent pas recevoir d’assurance chômage.

2. Les compagnies de bois de construction – Les moulins à scie de la région ne peuvent pas maximiser la coupe de bois tel qu’exigé par le ministère des Terres et Forêts parce qu’ils ne peuvent pas vendre le bois de pulpe qui se trouve sur leurs limites. La main-d’oeuvre dans ce domaine est passée de 3 400 à environ 1 000 travailleurs. La politique qui voulait encourager les compagnies américaines à venir s’établir en Ontario les a seulement poussées à déménager dans d’autres provinces. En plus du ralentissement de la demande internationale, les compagnies de pâte et papier, avec de nouvelles technologies, ne se servent maintenant que 10 % de l’épinette noire pour faire du papier, le reste étant des résidus quelconques tenus ensemble par des fibres d’épinette. Les compagnies de la région coupent présentement 350 000 cordes de moins par année que leur allocation leur permet. Le chemin de fer Algoma Central nous dit qu’il perd au moins 50 trains complets de bois de construction par année. Le CNR annonce des pertes de 1 700 000 $ par année et a dû mettre en chômage 35 personnes. Environ 600 personnes de la région doivent vivre de l’assurance chômage, en plus des cultivateurs. Cette année, il n’y aura pas de coupe de bois au printemps. La majorité des arbres est de la grosseur du bois de pulpe et ce n’est pas payant d’essayer de couper seulement les plus gros arbres. À Carey Lake, la compagnie Canada Foewarding Company a dû fermer les portes après 25 ans dans la région. Ceci inclut un village de 22 maisons, une école, un planeur et un moulin à scie. D’autres compagnies ont aussi fermé leurs portes temporairement : Gosselin Lumber Brothers, Lecours Lumber Co., Fontaine Lumber and Timber Company, J.D. Levesque Co. et Arthur Lecours Lumber Co.

3. Ce que le maire Mongeon et son comité demandent – Le comité demande que le gouvernement provincial reconnaisse la situation précaire dans laquelle se retrouve la région de Hearst et permette une certaine flexibilité aux industries forestières de la région en ce qui a trait aux quotas d’exportation.

4. Dans l’édition du 29 mai 1954, le Globe and Mail rapporte que le gouvernement provincial de M. Frost a amendé les règlements sur les quotas d’exportation du bois pour aider les opérations dans la région de Hearst. Les opérateurs de bois de sciage pourront dorénavant exporter jusqu’à 25 000 cordes d’épinette et de sapin annuellement pendant les dix prochaines années. Cette concession est passée par décret, et sept opérateurs de la région pourront en profiter, ce qui permet aussi l’exportation de bois de pulpe faisant partie de l’opération du bois de sciage. Chaque contrat pour exportation doit être approuvé par le ministère de Terres et Forêts.