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Mes parents, bien que pauvres, étaient d’une très grande générosité. Ils n’hésitaient jamais à rendre service, à aider un voisin dans le besoin ou à faire des dons à l’Église.

Il y avait, dans notre voisinage, un bon vieux monsieur qui vivait dans une petite cabane loin du magasin. Une fois par semaine, il devait aller au village pour faire ses provisions et aller chercher son courrier. Ce voyage lui prenait toute une journée, car il marchait très, très lentement. Il s’appuyait sur un bâton, d’où lui vient le nom de M. Bâton. Je crois que je n’ai jamais su son vrai nom.

Nous avions sur notre ferme, près de la maison, une cabane qui avait déjà servi de poulailler, mais qui était devenue par la suite un hangar. On l’appelait la shed. Mes parents ont offert à M. Bâton d’y déménager. Ils ont fait un grand ménage, installé une fournaise à bois et peinturé le plancher. Ils ont installé près du poêle une paillasse sur un sommier qui reposait sur des buches.

M. Bâton se trouvait plus près du magasin, mais il y avait un autre détail encore plus avantageux pour lui : nous, les enfants, pouvions faire ses commissions au village… Mon père lui fournissait le bois de chauffage, ma mère nous envoyait lui porter un bol de soupe, du ragout ou des galettes. Bien que nous étions pauvres, nous n’avons jamais manqué de nourriture. Les animaux de la ferme nous fournissaient une bonne variété de viande ainsi que du lait, du beurre, de la crème, des œufs… Nous avions les légumes et patates du jardin, des fruits en conserves.

Je ne le réalisais pas quand j’étais jeune, mais maintenant je sais que mes parents étaient des piliers de la communauté.