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Portrait de Mme Laurentia Hébert

Par Jocelyne Hébert (en collaboration avec Claudine Locqueville)

Madame Laurentia Hébert est née Lachance le 5 décembre 1923 au Québec, fille de deux parents qui portaient chacun le nom de Lachance. 

Elle avait 7 ans lorsque ses parents ainsi que ses quatre frères et soeurs déménagent à Glenomo en 1916. Elle se souvient que son père leur avait expliqué qu’ils venaient s’établir en Ontario, dans ce petit village entre Hallébourg et Val Côté (il y avait une station de train) pour devenir cultivateur. Ils ont été accueillis, dans un petit shack, sur la terre de Félix Lachance, l’oncle paternel de Laurentia. 

Elle est la quatrième d’une famille de 18 et à ce jour, une soeur et un frère sont encore en vie. Comme plusieurs de l’époque, Laurentia s’occupait des plus jeunes, préparait les repas et a vite appris à boulanger. De plus, nourrir les animaux et percer le trou dans la glace l’hiver pour aller y chercher de l’eau quotidiennement faisaient partie de ses tâches. Elle avait 17 ans lorsque sa mère fut clouée au lit à l’hôpital durant quatre mois pour donner naissance à la petite dernière. Elle devait s’occuper de 11 enfants et du reste. 

Laurentia rencontre Julien (Jules) Hébert (décédé en 2000) à Glenomo. La famille de ce dernier construisait leur demeure dans le voisinage des parents de Laurentia. Il venait tous les jours chercher de l’eau et c’est Laurentia qui avait la tâche de le servir, alors vous pouvez deviner le reste. C’est en 1941, à ses 18 ans, après six mois de fréquentations, que leur mariage a lieu. Ils sont arrivés 30 minutes en retard à l’église pour leur mariage puisque la personne qui les conduisait a pris le fossé. C’est le père de Laurentia qui les a tirés de là avec ses chevaux. Ils l’ont fait à temps, car le curé n’aurait pas pu les marier s’ils étaient arrivés après midi sonnant… c’était la tradition, pas de messe en après-midi ! 

De cette union naissent cinq enfants : Lucille (Lucien Michaud) qui vit à Squatec, Gaston (feu Réjeanne Provençal) de Hearst, ainsi que Thérèse (Irénée Côté) qui demeure à Gatineau, Louisette (Raymond Baron) en Colombie-Britannique et finalement Robert (Micheline Lehoux) qui habite aussi à Hearst. Elle a 12 petits-enfants, 15 arrière-petits-enfants et une arrière-arrière-petite-fille. 

Le couple possédait une ferme à Val Côté, et Julien était aussi bucheron. Pour faciliter l’accès à l’école aux plus vieux et pour ne pas avoir à payer pour ce service (hébergement et école) ils déménagèrent à Hearst alors que Robert, le plus jeune, avait 8 ans. 

Une fois à Hearst, Laurentia travaille au séminaire et fait la cuisine aux prêtres qui y demeuraient alors que sa fille Lucille fait les chambres. Elle poursuit sur le marché du travail en oeuvrant comme aide-garde-malade à l’hôpital de Hearst, apprenant auprès de garde Bourgeois. Elle termine sa carrière au Plywood. Mme Hébert y fait ses débuts en 1962 et reste là pendant huit ans et demi. Elle gagnait 90 cents l’heure. Son quart de travail était de 8 h à 16 h, mais Yvon Lévesque lui permettait, comme à d’autres, de continuer à faire sécher du bois après les heures régulières (payée au même taux). 

Mme Hébert explique qu’elle faisait du ménage dans la maison privée de M. Lévesque lorsque ce dernier lui a offert un emploi au Plywood, disant qu’ils embauchaient aussi des femmes. 

Elle adore vivre à Hearst et aime particulièrement pouvoir jaser avec tout le monde. Elle se rappelle qu’on la surnommait « la femme au beau sourire », ce qui en dit long. Le fait que plusieurs membres de sa famille soient ici compte aussi beaucoup pour elle. 

Mme Hébert raconte que son fils Gaston s’est retrouvé à l’hôpital dans un état critique à 16 ans. Il s’amusait à tirer sur des canettes au dépotoir et une balle a frôlé l’enveloppe de son coeur, et c’est par l’entremise de la radio alors qu’ils étaient en auto, que M. et Mme Hébert apprennent la nouvelle. Le message à la radio disait : « Monsieur Jules Hébert est prié de se rendre à l’urgence immédiatement. » Imaginez leur inquiétude jusqu’à ce qu’ils arrivent. Heureusement, tout s’est bien arrangé pour Gaston malgré ce fâcheux accident. 

Mme Hébert ne sait pas pourquoi elle vit aussi longuement. Sa mère lui a tout donné à elle puisque ses soeurs ont été éprouvées par le cancer. Après ses années de travail, elle s’est adonnée au tricot et à toutes sortes de jeux. D’ailleurs, elle joue encore aux cartes au Club Action de même qu’au Radio Bingo chaque semaine. Déjà, elle participait à différents bingos cinq fois par semaine. Malgré ses 99 ans, Laurentia garde sa bonne humeur et profite de la vie. 

Photos gracieuseté de Mme Hébert