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À Hearst, le manque de main-d’oeuvre dans le secteur de la santé atteint une situation critique. C’est ce que dénonce le docteur Martin Papineau dans une lettre adressée à la vice- première ministre de l’Ontario et ministre de la Santé, Sylvia Jones.

Dans cette missive envoyée le 16 novembre, Dr Papineau exprime ses préoccupations et celles de ses collègues : l’anesthésiste démontre que la situation concernant l’accès aux soins de santé dans la communauté est sérieuse. Selon lui, l’Équipe de santé familiale Nord-Aski est responsable de prodiguer des soins à une population de plus de 7000 habitants. Cependant, 2500 d’entre eux, soit plus d’un tiers de la communauté, n’auraient pas accès à un fournisseur de soins primaires.

La cause de ce problème serait les effectifs en constante diminution au sein des professionnels de la santé. Pour mener à bien tous les soins médicaux nécessaires, il faudrait un minimum de dix médecins. « Au cours des trois dernières années, nous avons perdu trois médecins à la retraite », peut-on lire. « Nous comptons actuellement un total de six médecins avec deux plus susceptibles de prendre leur retraite ou de partir au cours de la prochaine année. »

En l’absence de personnel, les risques de fermeture de la salle d’urgence s’accroissent, comme ce fut presque le cas cet été lorsque l’Hôpital Notre-Dame de Hearst a failli fermer les services à maintes reprises. « À ce rythme, et sans aucune indication d’aide d’aucune sorte à l’horizon, nous sommes tous au bord de l’épuisement », écrit le docteur Papineau. « Plusieurs d’entre nous réévaluent notre rôle futur dans ce système de santé en ruine. »

Il met en avant que le problème le plus urgent serait de fournir des soins primaires à tous les patients orphelins. Présentement, cette population doit se rendre aux urgences pour recevoir des services de soins primaires, ce qui impose un fardeau supplémentaire aux médecins déjà surmenés.

Selon les professionnels de la santé locaux, c’est la responsabilité du ministère de la Santé de l’Ontario d’assurer l’accès aux soins de santé pour tous les Ontariens. Ils dénoncent que ce n’est pas la situation dans la région. « Je ne peux qu’imaginer quelle serait la réponse du gouvernement si plus de 30 % de la population de Toronto n’avait pas de médecin de famille », déplore-t-il. « C’est ce à quoi nous sommes confrontés dans notre communauté. »

Le silence de l’Ontario

Selon le chef de cabinet de l’Hôpital Notre-Dame, le plus grand obstacle qui s’impose lorsque vient le temps de recruter de nouveaux médecins est le manque de financement. Il se plaint que le type de financement utilisé actuellement provient d’un fonds disponible lorsque les médecins locaux prennent des vacances.

« Cela signifie qu’un taux plus bas de médecins dans une communauté rapporte moins de financement disponible pour faire venir des suppléants. Où est la logique dans cette formule ? Cela n’a aucun sens. C’est parce que nous n’avons pas assez de médecins permanents que nous avons besoin de plus d’aide. »

Afin d’améliorer le recrutement, une proposition d’un mode de paiement alternatif a été envoyée au gouvernement, en mars 2021. Cette demande demeure toujours sans réponse de la part des conservateurs.

« Ce que nous demandons maintenant, c’est de l’aide pour trouver des solutions et du financement pour fournir des soins primaires aux patients orphelins de la communauté », conclut le médecin en chef. « Nous voudrions demander une rencontre avec des représentants du ministère pour discuter de notre situation et de nos défis et pour examiner des solutions efficaces à ce problème pressant. Si rien ne se passe, et bientôt, nous craignons que dans les unes à deux prochaines années, nous soyons probablement la prochaine communauté nordique à faire les manchettes parce que nous n’avons plus de médecins locaux. »