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 Après plusieurs années à titre de président de la Coop Cécile, André Rhéaume a cédé sa place à Chantal Lemieux lors de la dernière assemblée générale annuelle le 22 septembre dernier. Cette histoire à succès pourrait être reprise facilement par des groupes de citoyens ou des municipalités pour contrer la crise du logement que vit actuellement le Canada. Il n’y a que deux coopératives de parc de maisons mobiles en Ontario. 

Retournons en arrière. En 2011, les résidents du parc de maisons mobiles ont reçu un avis d’éviction de la part du propriétaire à l’époque qui désirait vendre, mais ne trouvait pas d’acheteur. Ensemble, les propriétaires de ces maisons ont créé une coopérative et entrepris les démarches pour acheter la terre sur laquelle ils étaient installés. Avec André Rhéaume à la tête du projet, ils ont travaillé pour trouver une solution et ont fini par prendre des arrangements avec l’ancien propriétaire qui a accepté de financer la Coop pendant quelques années. 

Les terrains ont dû être arpentés, un à un, avec des limites fixes, et les résidents qui le désiraient pouvaient acheter leur terrain. Une fois ces transactions complétées, les membres de la Coop Cécile avaient maintenant quelque chose comme dépôt pour l’achat du parc en entier. Finalement, ils ont fondé l’une des deux seules coopératives de logement sans but lucratif de l’Ontario à être située dans un parc de maisons mobiles. 

Les propriétaires des maisons qui ont acheté le terrain sont maintenant des membres de la Coop en payant des frais de condo qui servent à l’entretien du parc. Pour les autres, ils sont des locataires, ils louent le terrain de la Coop Cécile, donc ils ne sont pas membres. C’est grâce à ces frais que la coopérative est viable dans le moment. « Nous avons besoin de nos locataires aussi, sinon notre situation financière s’aggraverait. Les fonds nous permettent d’entretenir les chemins et le système d’égouts. Nous avons l’eau de la Ville depuis 2016, mais les eaux usées sont acheminées à une lagune qui appartient à la Municipalité », explique la nouvelle présidente. 

Il y a 35 terrains qui sont occupés au sein du parc de maisons mobiles, et la plupart sont appartenus par les membres qui y vivent. « Nous sommes une communauté distincte à même la communauté de Hearst. Nous avons notre propre jardin communautaire, projet possible grâce aux fonds que M. Rhéaume est allé chercher auprès de la Fédération des coopératives du Canada et du ministère de l’Agriculture fédérale », dit-elle. 

Les résidents ont les mêmes services qu’en milieu urbain, comme les services d’incendie, d’ambulance et de police, la collecte de déchets, l’électricité et le chauffage au gaz naturel. 

Tous les travaux qui peuvent être exécutés par les membres sont faits volontairement, que ce soit pour le déneigement ou le nettoyage préventif des égouts. Le travail des bénévoles est essentiel au bon fonctionnement du parc, souligne la présidente. 

Tous les résidents peuvent joindre le groupe et s’impliquer. L’inclusion est vraiment au centre du discours de la présidente. « C’est sûr que nos chemins et tout ça ne sont pas aussi bien entretenus, parce qu’en ce moment, on a encore une hypothèque et on n’est pas riche. Cet été, on a toutefois investi une belle somme pour la réparation de panses de boeuf dans nos chemins », affirme-t-elle. 

Toutes les occasions sont bonnes pour donner un sentiment d’appartenance aux résidents du parc, le comité organise chaque été un souper communautaire où tous sont les bienvenus. « À l’aide de bénévoles et d’une cueillette de fonds à l’interne, on a défriché un sentier pédestre qui fait tout le tour du parc. On essaye de rendre notre petite communauté coopérative plaisante. Tous les printemps, on participe à l’initiative Visons la propreté : on nettoie le parc ainsi que le côté de la grande route », explique Mme Lemieux. 

Chantal Lemieux souligne que deux terrains avec services sont encore disponibles pour la vente et que la coopérative possède un grand lopin de terre qui pourrait être divisé et vendu. « Ça serait intéressant de voir un partenariat avec des acteurs communautaires pour installer des maisons destinées aux personnes à moindres revenus sur les terrains de la Coop Cécile. Des investisseurs pourraient aussi amener des maisons mobiles et les louer à des personnes seules, etc. Ça pourrait faire partie de la solution de la crise du logement. » 

Les maisons mobiles sont reconnues pour être vendues à des prix raisonnables, ce qui se veut une option pour les premiers acheteurs, les retraités ou les personnes seules. Reste à voir si l’inflation n’a pas changé la situation. Avec la flambée des prix de l’immobilier des dernières années, les membres de la Coop Cécile espèrent attirer plus de citoyens prêts à joindre cette communauté. Malgré tout l’espace disponible, les ressources financières de la Coop sont encore trop limitées pour que les membres entreprennent eux-mêmes le développement d’une nouvelle section. « Depuis les dix dernières années, nos fondateurs se sont relevé les manches et ont sauvé les propriétés, qui auraient été abandonnées sinon. Ils ont aidé à la survie de ces familles-là et du parc. Je tiens à souligner l’implication d’André Rhéaume et de l’aide qu’il a apportée, avec l’appui des autres », conclut Mme Lemieux. 

Photo de courtoisie