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Le 5 janvier 1921, le Ottawa Evening Citizen rapporte que trois officiers de la marine américaine, en montgolfière (balloon), avaient atterri à environ 15 milles au nord-ouest de Moose Factory, sur la baie James, le 14 décembre 1920 et qu’ils étaient finalement arrivés à Mattice vers la fin décembre 1920.

Ils étaient partis de New York en montgolfière le 11 décembre 1920 et après trois jours de voyage dans la brume, ils se croyaient encore aux États-Unis, mais le vent les avait emportés jusqu’à Moose Factory, sur la baie James.

Le 14 décembre, encore dans les airs, ils entendent japper ce qu’ils croyaient être un chien. Ils décident alors d’atterrir et s’aperçoivent que c’est un loup pris dans un piège. Sans le savoir, ils sont à environ 15 milles au nord-ouest de Moose Factory. On nous dit que s’ils avaient continué leur vol, ils auraient été au-dessus de la baie d’Hudson dans une heure et ils auraient certainement disparu à tout jamais puisqu’ils avaient déjà jeté par-dessus bord la plupart de leurs biens pour demeurer en vol.

À partir de 13 h 30 le 14 décembre et pendant les 15 et 16 décembre, ils sont égarés dans la forêt et perdent tout espoir de regagner la civilisation. Grâce à une température clémente, ils ont survécu. Le 17 décembre, ils arrivent à la rivière Moose et trouvent des traces d’humains. Plus tard, ils rejoignent une personne des Premières Nations, Tom Marks, qui était en train de chasser. M. Marks était très surpris de voir apparaitre deux officiers américains en uniforme et un troisième en sous-vêtements (on ne raconte pas ce qui s’était passé). Il leur offre les trois canards qu’il a tués et les amène finalement à Moose Factory où le personnel de la Compagnie de la Baie d’Hudson les aide à se remettre en santé. On tente de retrouver la montgolfière, mais sans succès.

Vers la fin décembre, le journal rapporte que les officiers sont en route pour Mattice, en traineau, avec une escorte. La nouvelle se répand rapidement et une foule de journalistes ainsi que plusieurs représentants du gouvernement américain s’empressent de se rendre à Mattice pour accueillir les survivants. Et voilà un autre gros problème.

Le recensement canadien de 1921 démontre qu’il n’y a que 21 personnes dans le comté d’Eilber, qui inclut le village de Mattice. Il y a un pont sur la rivière Missinaibi pour le chemin de fer, mais il n’y en a pas pour les autos ni pour les piétons (ce pont ne sera construit qu’en 1929). La plupart des pionniers demeurent à l’ouest de la rivière Missinaibi où se trouve le moulin à scie de M. Christianson. Du côté est, on retrouve un abri et les quelques habitations des travailleurs du Canadien National qui s’occupent de cette section du chemin de fer. Que faire pour accommoder cette foule de journalistes et de représentants américains qui vont bientôt envahir le village ? Les gens vont être complètement débordés.

À la dernière minute, le Canadien National envoie une série de wagons-lits et de wagons-restaurants à Mattice pour desservir les voyageurs. La crise est donc prévenue. Quelques jours plus tard, les trois Américains arrivent à Mattice avec leur escorte et peu après tout le monde embarque sur le CN et on retourne vers le sud.