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La Grande Dépression au Canada (environ 1929-1939) fut une période comportant d’énormes difficultés. Les gens de la région de Hearst ont subi un manque de nourriture, une réduction de salaire, du travail irrégulier et une diminution remarquable de la qualité de vie. Le chômage atteint 30 % en 1933.

Durant l’été de 1932, un groupe d’environ 50 hommes se rencontrent au Théâtre Royal et organisent une démonstration devant le magasin West (rues Front et 9e) demandant de la nourriture tout en menaçant de prendre par force ce dont ils ont besoin dans le magasin. Monsieur West, qui est aussi maire de Hearst dans le temps, envoie immédiatement un message télégraphié au gouvernement ontarien et on lui fait parvenir un chèque de 600 $ pour nourrir les démunis (voir histoire de Gwen West dans Clayton’s Kids). Hearst devient donc la première municipalité au Canada à recevoir des fonds publics pour le secours des gens dans le besoin. À l’époque, cette décision n’est pas très populaire dans les journaux parce qu’on croit fermement que les hommes doivent travailler pour gagner leur pain. La photo montre un groupe d’hommes se dirigeant vers le magasin West. Elle provient du Porcupine Advance, juin 1932, et a été affichée sur le site Hearstory par Ernie Bies.

Après cet évènement, le gouvernement provincial donne aux municipalités la responsabilité d’aider leurs citoyens. Ceci devient une impossibilité pour Hearst et pour la majorité des municipalités. Plusieurs personnes de la campagne viennent au village pour demander du soutien. En plus, on retrouve à Hearst un nombre considérable d’individus de passage, en route vers l’ouest du pays à la recherche de travail, qui voyagent sur le National Transcontinental ou l’Algoma Central et qui doivent arrêter à Hearst en attendant le train de l’Ouest. Ceux-ci s’attendent aussi à recevoir du secours de la municipalité.

En plus d’offrir aux nécessiteux des grands centres (comme Toronto) une terre dans les régions rurales de la province, le gouvernement provincial commence un programme de construction de routes secondaires et de creusage de fossés pour un salaire minimum, visant spécialement les gens de la campagne. Plusieurs personnes interviewées pour les livres Gens de chez nous Tomes 1-2-3 et Témoins de notre histoire, notamment Calixte Morin de Ryland, Joseph Albert Pouliot et Simon Nolet de Mattice, Sagny Bosnick et Virginia Jacques de Hallébourg, Jean-Marc et Yvonne Gratton ainsi que Arthur et Rosina Larose du Lac Ste-Thérèse, Louis et Odillon Camiré au sud de la rivière Mattawishkwia et Monique Grenier de Jogues/Coppell, nous informent que les salaires sont minimes même pour les hommes mariés, et selon le nombre d’enfants. Le travail est souvent temporaire et les célibataires ne reçoivent que la moitié du salaire des hommes mariés en plus de travailler plus rarement.

L’Église catholique se met de la partie. Noël Villeneuve (Gens de chez nous – Tome 1) raconte que des missionnaires colonisateurs font le tour des paroisses au Québec en demandant de l’aide pour les colons du Nord de l’Ontario. Ils remplissent deux wagons de produits en plus des machines agricoles. Lorsque ces provisions arrivent à Hearst, Mgr Hallé les reçoit et juge qu’elles doivent être gardées jusqu’au printemps parce que les colons qui doivent les recevoir ont du travail en hiver. Durant l’hiver, la beurrerie où les provisions sont entreposées est défoncée par quelques colons qui ne peuvent pas attendre au printemps pour nourrir leur famille.

Le gouvernement fédéral se rend vite compte que le système de secours est injuste et produit la migration d’un nombre considérable de célibataires qui cherchent du travail. Le gouvernement envisage aussi la possibilité que ces célibataires deviennent violents ou encore qu’ils se joignent au Parti communiste. En 1931, le gouvernement fédéral désigne le Parti communiste comme étant hors la loi et crée un programme de camps de secours à travers le pays qui durera quatre ans, soit de 1932 à 1936. Le but de ces camps est d’améliorer l’infrastructure du pays et la plupart sont situés dans les zones rurales. L’un de ces camps est établi à Hearst de septembre à novembre 1935 pour la construction d’un aéroport du côté sud de la rivière Mattawishkwia (Louisbourg).