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Dans les années 50, la vie quotidienne des villageois de Hearst se confrontait souvent aux mœurs des bucherons. Il y avait le sacrage et la boisson, bien sûr, mais il en existait aussi d’autres.

En octobre et novembre 1955, Le Petit Journal a fait enquête sur la traite des Blanches de Montréal. L’escouade de moralité de Montréal a mis beaucoup de pression sur les pourvoyeurs de services sexuels et plusieurs ont décidé de paqueter leurs bagages. Selon Le Petit Journal, cependant, ces pourvoyeurs se sont alors réorganisés en réseau interprovincial Québec-Ontario pour offrir la traite des Blanches de Montréal. Ce réseau aurait eu des quartiers généraux à Sarnia, Windsor et Montréal.

Selon une source bien informée (probablement des citoyens de Hearst), en 1955, ce « commerce » était bien établi à Hearst alors que plus de vingt jeunes filles faisaient partie d’une organisation de débauche. Certaines étaient amenées de force, d’autres pour fuir les agents de l’escouade de moralité de Montréal. À Hearst, selon Le Petit Journal, il y aurait eu quatre maisons de débauche fonctionnant à pleine allure.

Une roulotte allant d’une localité à une autre aurait été également utilisée à des fins immorales. Il n’y avait qu’environ 2 000 habitants à Hearst (selon Le Petit Journal), mais les meilleurs clients étaient les bucherons qui passaient beaucoup de temps au village lorsque la coupe de bois s’arrêtait et qu’ils avaient de l’argent dans leurs poches. Ces maisons de débauche appartenaient supposément à des Montréalais. Un homme aurait acheté une propriété où il exploitait son « commerce ». Il aurait fait installer un bar dans le sous-sol, qu’il gardait ouvert 24 heures sur 24. Lui et son associé étaient connus de la police de Montréal. Il parait que cet établissement était situé sur la rue George Ouest, près des bureaux de la police provinciale de l’Ontario et de la Gendarmerie royale. Un autre jeune homme aurait tenu un « commerce » du même genre à l’est de la rue George. Supposément que les deux groupes employaient des Montréalaises.

Il semble que deux autres avaient une résidence sur la rue Prince, mais ils ont dû déménager. Les membres d’une autre bande auraient averti les deux de s’en aller s’ils ne voulaient pas y laisser leur peau. La bataille se serait déroulée un samedi soir. Certains citoyens de Hearst ont dit que le lendemain matin on pouvait voir des portes et des fenêtres brisées et même arrachées comme si un ouragan avait frappé cette seule maison. Le Petit Journal rapporte que les pourvoyeurs ont tous pris un congé temporaire après la publication des articles.

Je n’avais que 8 ans en 1955 et je n’étais pas au courant de ce qui se passait, mais je me souviens d’une histoire qui m’a été racontée mille fois dans le temps. Il semblerait qu’un groupe de citoyens de Hearst s’est présenté à l’une de ces maisons et a donné aux propriétaires un ultimatum de 24 heures pour quitter le village. Je crois que c’était assez pour que les pourvoyeurs prennent des vacances. —————-

Voici à ce sujet certains commentaires des lecteurs de Hearstory. Louise : Une coiffeuse de Hearst m’a raconté que les pourvoyeurs lui apportaient leurs filles pour qu’elle les coiffe. À leur insu, cette coiffeuse organisait des lieux sécuritaires où les filles pouvaient s’évader…. et ensuite prendre un autobus pour retourner chez elles. Il y avait un réseau style underground train.

Bud (traduction) : J’me rappelle de beaucoup de choses qui se passaient à Hearst.

Jacqueline : Je me souviens. Mon oncle demeurait en face de cette maison.

Fernand : Mon père me racontait que les bars fonctionnaient à plein régime tous les soirs sans parler des bootleggers partout sur la rue Front et la rue George, qui faisaient de très bonnes affaires. L’argent roulait sur les trottoirs !! Je connais quelqu’un qui se souvient très bien de la roulotte ambulante !!!

Laurent : Merci de partager cette histoire du Petit Journal de Montréal. On a tendance à taire cette réalité. Heureux de voir qu’elle est documentée. J’ai connu un de ces pourvoyeurs.