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Mes parents étaient très pauvres et devaient être bien débrouillards. C’est surtout dans le temps des Fêtes qu’il fallait faire preuve d’ingéniosité. Je vais te raconter ce qu’ils faisaient.

Quelques semaines avant Noël, voici que nos jouets disparaissaient. Les garçons cherchaient leurs camions en bois. Les filles ne trouvaient plus leurs poupées. Quand on se plaignait à ma mère, elle répondait : « Vous devriez prendre mieux soin de vos jouets et les ranger. »

La nuit de Noël, nos poupées revenaient avec des vêtements tout neufs, des vêtements confectionnés à la main, à la lueur de la lampe à l’huile. (Tu sais, la lampe à l’huile qui est sur le foyer au chalet ? C’est cette lampe.) Ma mère dit qu’elle s’installait sur la tablette du fourneau du poêle à bois. Elle gardait tout près d’elle une grande couverture pour cacher son travail au cas où un des enfants se lèverait. Plus d’une fois, elle a confectionné une robe pour ma poupée avec des retailles de tissu qui restaient d’un morceau avec lequel elle avait fait une robe pour moi. Imaginez la patience que ça prenait pour faire tout cela à la main !!

Mon père se cachait dans la grange pour donner une nouvelle couche de peinture sur les camions des garçons. C’était des camions qu’il avait confectionnés lui-même. Les roues étaient des rouleaux vides de fil, les lumières étaient des boutons. Parfois, il ajoutait un détail pour changer un peu l’apparence du camion… et le tour était joué !

La veille de Noël, la coutume voulait qu’on pende nos bas de laine près du poêle à bois. Le lendemain matin, on y retrouvait une pomme et une orange ainsi qu’une poignée de bonbons durs. Les fruits frais étaient très rares chez nous. On avait des oranges seulement à Noël et quand on était malade… Des fois, ça nous tentait de faire semblant d’être malades seulement pour avoir des oranges. On achetait des bananes quelques fois durant l’été. Tout un évènement ! On mangeait tout, on grattait même le dedans de la pelure. Sans farces !

Quand j’eus atteint l’âge de 7 ou 8 ans, j’allais à la messe de minuit habituellement avec mon père parce que ma mère devait garder ceux qui étaient trop petits pour sortir la nuit. Notre moyen de transport : une voiture tirée par la Grise. Arrivé à destination, Papa attachait le cheval à un gros poteau, près de l’église. Une fois, le cheval était parti. Mon père pense que c’est un copain qui lui a joué un tour, il a retrouvé la Grise derrière le magasin général en face de l’église.

Le temps des Fêtes durait de Noël jusqu’au 7 janvier, la fête des Rois. On décorait notre arbre de Noël seulement le 24 décembre. On avait des repas de famille avec les frères et les sœurs de ma mère avec leur famille… Chaque famille recevait la gang à tour de rôle. Le jour des Rois, l’hôtesse faisait deux gâteaux dans lesquels elle cachait une fève : un gâteau pour les femmes et un pour les hommes. Celui et celle qui trouvaient la fève dans son morceau de gâteau étaient couronné(e)s roi ou reine. Je crois que cette tradition est maintenant disparue.