Faites-vous confiance à ce qui se retrouve dans votre assiette ?

Dans ce monde capitaliste où l’argent passe bien avant le bien-être et la santé humaine, il peut être inquiétant de choisir ce qui atterrira dans nos assiettes lors des repas. On pense à la viande bourrée aux hormones et aux antibiotiques, les fruits et légumes recouverts de pesticides ou encore les produits louches inscrits sur les listes d’ingrédients des emballages. Par-dessus le marché, il est indiqué que c’est aux consommateurs que revient la responsabilité de s’assurer de la qualité des aliments.

Tous les jours, on entend parler de nouveaux aliments cancérigènes, contaminés aux métaux lourds comme le mercure, ou contenant des bactéries. Ne mangez pas de viande crue ; évitez la salade César et les produits comprenant des additifs alimentaires ; les choux, choux-fleurs et les brocolis contiennent des toxines goitrogènes, mais il faut en manger parce que c’est un légume vert ; n’utilisez pas trop souvent le BBQ ; les repas surgelés sont trop salés tout comme les conserves ; sans compter les pesticides et les organismes génétiquement modifiés… Prendre le temps de suivre toutes les indications nous obligerait à passer trois heures à l’épicerie.

Ajoutez l’inflation à ça ! Entre autres, les fruits et légumes coutent une fortune et si vous vous lancez dans le bio, c’est le double du prix ! Et, qui nous garantit que les aliments sont vraiment bios ? Rien pour aider à l’offre et les prix, Radio-Canada publiait un article vendredi dernier indiquant que les trois quarts du marché canadien des épiceries sont contrôlés par cinq groupes. Le reportage portait sur l’augmentation du cout du panier d’épicerie, et par surcroit le manque de concurrence.

La plus grosse partie de la tarte appartient à Loblaws qui a 28 % du marché, suivi de Sobeys à 20 %, Métro avec 11 %, Costco à 9 % et finalement Walmart obtient 8 % selon les données de 2021. Y a-t-il vraiment de la compétition ? Selon Statistique Canada, il ne reste au pays que 6900 épiciers indépendants comme le P’tit marché de Mattice, ce qui est déplorable puisque ce ne sont pas eux qui feront baisser les prix. Bien souvent, ils sont fournis par l’un des cinq grossistes.

Avec cette situation, si un produit est contaminé, il y a de fortes chances qu’il se retrouve dans nos maisons. Combien de fois la salade César a-t-elle été déclarée contaminée par l’E. coli depuis 2000 ? Avec la mondialisation, les mêmes produits se retrouvent dans la plupart des supermarchés.

Sur Netflix, le documentaire Du poison au menu présente des experts et des familles de victimes d’intoxication alimentaire aux États- Unis. Il montre comment des décennies d’apathie et de méfaits ont rendu la filière agroalimentaire américaine et les consommateurs vulnérables à des pathogènes mortels comme la bactérie E. coli et les salmonelles.

Évidemment, ce film relate les problèmes de nos voisins américains, mais on ne compte plus le nombre de produits qui traversent la frontière pour se retrouver sur les tablettes de nos supermarchés. Ça fait réfléchir puisque lorsqu’il y a de l’argent à faire, les multiples règles mises en place par les gouvernements n’ont plus beaucoup d’importance.

Le gouvernement du Canada estime à environ quatre-millions le nombre de cas de maladie d’origine alimentaire chaque année. De ces personnes, plus de 11 500 auront besoin d’une hospitalisation et environ 240 seront apportées dans les cimetières.

Le norovirus est la principale cause des maladies d’origine alimentaire et d’hospitalisation au pays. Il contamine un million de Canadiens par année, et 1 180 d’entre eux seront hospitalisés, entrainant 21 décès. La listéria est en tête des décès avec une moyenne de 35 par année sur les 178 personnes qui en seront contaminées, et presque la totalité des gens atteints auront besoin d’une hospitalisation.

La salmonelle est la plus connue des bactéries, touchant 88 000 Canadiens par année. Toutefois, en moyenne 925 personnes auront besoin d’une hospitalisation et 17 en décèderont. L’E. coli O157, connu sous le nom de la maladie du hamburger, infectera 12 800 individus. En moyenne, 245 se rendront à l’hôpital pour huit décès par année. Et finalement, la bactérie Campylobacter contaminera 145 000 Canadiens dont 565 auront besoin de soins et cinq vont en mourir.

Sur la page Internet de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, il est indiqué que la plupart des cas d’empoisonnement alimentaire au Canada pourraient être évités en utilisant des pratiques sécuritaires lors de la manipulation des aliments. L’Agence nous invite à penser à quatre éléments importants : nettoyer, séparer, cuire et réfrigérer.

Laver est très facile et en théorie tout le monde le fait de manière automatique en lavant nos mains, les surfaces de la cuisine et les ustensiles avec de l’eau chaude savonneuse.

Garder les aliments crus, comme la viande et les œufs, à l’écart des aliments cuits, des fruits et des légumes pour éviter une contamination croisée.

Cuire la nourriture à des températures sécuritaires de cuisson interne en utilisant un thermomètre numérique pour aliments.

Et, réfrigérer les aliments et les restes dans les deux heures suivant la cuisson.

Combien de personnes prennent vraiment le temps de lire toutes les étiquettes avant d’acheter un produit ? Suivez-vous vraiment les étapes proposées par l’Agence, qui sont laver, garder, cuire et réfrigérer ? On n’a même pas eu le temps de parler des animaux engraissés aux antibiotiques et aux hormones : est-ce dangereux ou pas ? Les fruits, les légumes ou les animaux qui arrivent à maturité en moins de temps grâce à la génétique, c’est correct ou non ?

En 2023, je pense qu’il est préférable de se bander les yeux et manger ce qui arrive dans notre assiette sans poser trop de questions parce que les réponses risquent de nous empêcher de dormir !