Les municipalités de l’Est ontarien ont connu une importante croissance démographique dans les dernières années. Par exemple, la municipalité de Russell a connu une hausse de la population de 18,6% de 2016 à 2021, selon le dernier recensement de Statistiques Canada. Les Comtés unis de Prescott-Russell (CUPR) ont dû s’adapter à ce mouvement vers les milieux ruraux dans la présentation de l’ébauche de leur Plan officiel.
Charles Fontaine
IJL – Réseau.Presse – Le Droit
Ce Plan officiel doit être conforme à la Loi sur l’aménagement du territoire, qui est une loi provinciale qui exige aux municipalités de revoir leur plan tous les cinq ou dix ans. Le premier plan officiel des CUPR a été rédigé en 1999 et il y a eu des révisions en 2006 et en 2016. La mise à jour de 2021 doit être conforme à la Déclaration de principes provinciale de 2020, à la Loi sur l’aménagement du territoire et à tous les projets de loi touchant l’aménagement du territoire qui ont été adoptés depuis la dernière révision.
« Ce qui est important, c’est la mise à jour des projections démographiques et l’analyse des besoins de terrain. C’est révisé pour avoir une projection de la population et s’assurer d’avoir assez de terrain pour [pallier à] la croissance à même les limites urbaines des différents villages, selon les projections démographiques », souligne le rédacteur du rapport et directeur du département d’Urbanisme et de Foresterie aux CUPR, Louis Prévost.
Densifier ou développer?
Prévost rappelle qu’en 2016, le Plan officiel avait agrandi certains périmètres urbains pour la municipalité de Russell et la Cité de Clarence-Rockland. Ces agrandissements se traduisent par des modifications dans les différents règlements de zonage. Avec le boom démographique à Russell et Embrun, leur périmètre urbain a été agrandi pour pallier la croissance prévue dans les 25 prochaines années.
« En milieu rural, on a déjà un inventaire de terrain vacant qui est assez important. En plus, les politiques ont été changées pour permettre plus de détachement de terrain. Le gros du développement va avoir lieu en milieu urbain. Il y a peut-être un 30% qui va avoir lieu en milieu rural », mentionne le directeur en réponse au mouvement de population dans ces banlieues.
Cependant, cet agrandissement du périmètre urbain va à l’encontre du développement durable qui mise sur une densité des villes. Cette densité serait une des manières de contribuer à la lutte contre les changements climatiques.
« C’est un bon dilemme, répond M. Prévost. En permettant plus de détachement de terrain en milieu rural, on créer un peu de l’étalement urbain. On a mis des politiques au niveau du Plan officiel pour identifier les secteurs déjà bâtis dans les municipalités où l’on devrait concentrer la densité. On établit des cibles pour densifier ces secteurs-là. »
Par contre, il souligne que le développement résidentiel sera quelque peu contré par l’ajout de près de 11 500 hectares à la désignation agricole.
Changements climatiques: pas d’objectif immédiat
Celui qui a présenté l’ébauche du rapport à la réunion du conseil des CUPR affirme que les changements réels dans le plan d’aménagement pour contrer les changements climatiques se feront à long terme.
«Il y a plein de politiques et d’objectifs au niveau du Plan officiel. Ça, c’est une chose. Les mettre en place, c’est une autre chose. Ça se fait à long terme. C’est en changeant les mentalités. En ayant ces objectifs, ça nous facilite la vie lorsqu’on a de nouveaux projets de développement pour essayer de freiner le plus possible l’étalement urbain.»
Les municipalités doivent s’adapter au mouvement de population voulant s’installer en campagne, tout en densifiant leurs services pour réduire les déplacements de la population et réduire leurs émissions de gaz à effets de serre. Mais ce changement ne se fait pas du jour au lendemain.
« En ce moment les gens sont établis en campagne, loin de tous les services, et ils doivent utiliser leurs voitures. Les municipalités doivent alors étendre leurs services. En ayant des politiques un peu plus strictes, c’est plus facile de justifier les changements qu’on veut apporter. Mais ce n’est pas une tâche qui est facile », soutient Louis Prévost.
Une des solutions pourrait se trouver dans les transports en commun. En ce moment, seulement PR Transpo offre un service de transport en commun intermunicipal sur demande dans les CUPR.
« C’est extrêmement difficile parce qu’il n’y a pas de clientèle pour ça. C’est extrêmement cher un service comme ça. On a beau avoir des périmètres urbains, mais ça demeure qu’on est en milieu rural et les gens doivent pratiquement tous avoir des voitures pour se déplacer », affirme M. Prévost.
Logements abordables et communautés autochtones
Pour s’adapter au faible taux d’inoccupation et à la hausse des prix des loyers, de nouvelles politiques flexibles ont été présentées dans le Plan pour régler le problème de l’accès aux logements abordables. Les CUPR permettent entre autres plus de construction en modifiant leurs règlements de zonage. Le rapport apporte des politiques qui prévoient des solutions de logement novatrices pour aider à créer des logements abordables et à en augmenter l’offre
« Le but d’éliminer pratiquement toutes les barrières est d’avoir plus d’accès au logement », résume le directeur.
Les CUPR doivent également consulter davantage les communautés autochtones lorsque des constructions ont lieu sur les territoires désignés.
« Avant on nous encourageait à les consulter, maintenant on nous oblige. Dans les projets, on a une approche plus proactive. Ce n’est pas juste d’envoyer une lettre, on doit engager un dialogue avec ces communautés », mentionne M. Prévost.
Après avoir soumis leur ébauche au ministère des Affaires municipales et du Logement de l’Ontario, une révision sera faite par tous les ministères concernés. Le plan final sera présenté au conseil des CUPR en septembre prochain pour une adoption.