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Lucille Brunet est infirmière de métier, mais depuis près de 25 ans, elle accompagne dans la mort les patients durant les soins palliatifs. Au cours de sa carrière, elle a remarqué que parfois les mourants partaient seuls lorsqu’ils n’avaient pas de famille ou que la famille immédiate vivait dans une autre ville, ce qui l’attristait beaucoup. Elle se joint donc au groupe de bénévoles en soins palliatifs formé au départ par Monique Morin une dizaine d’années auparavant, en 1987. L’objectif primordial est d’accompagner, de donner un répit aux familles qui sont de moins en moins nombreuses, qui vivent un chagrin afin de faciliter cette épreuve au mieux de leur capacité. 

Le groupe de bénévoles répond à une demande faite par le patient à l’infirmière responsable des soins palliatifs. L’impression que ce service d’accompagnement n’est pas adapté à la situation qu’une famille vit, Danielle Proulx l’entend souvent. À titre de coordonnatrice, elle tient à souligner qu’il n’y a pas de gêne à avoir quant à la soumission d’une demande lorsqu’on désire aller se rafraichir, faire des commissions, aller à un rendez-vous, etc. Une fois contactée, Mme Proulx vérifie la disponibilité des membres du groupe et établit un horaire pour qu’un bénévole soit présent à différentes heures du jour et de la nuit. À l’Hôpital Notre-Dame, il n’y a qu’une seule chambre de soins palliatifs, mais plus d’une demande en accompagnement peut être déposée en même temps auprès du groupe. 

Si la demande est faite tardivement, l’interaction entre la personne bénévole et le patient est limitée puisque, souvent, celui-ci n’est plus conscient. Toutefois, si elle est faite plus tôt, le patient peut être conscient et Mme Brunet se présente, offre un soutien moral à ceux qui veulent jaser ou juste une présence auprès d’eux pour apaiser leurs nuits. « Ce n’est pas facile, mais on dirait que j’ai toujours travaillé là-dedans, donc je suis habituée », confie Mme Brunet. 

Ceux qui s’impliquent dans le groupe sont souvent des personnes qui ont vécu une situation semblable en étant au chevet d’un proche aux soins palliatifs et qui désirent redonner à leur tour. Ça peut aussi être quelqu’un qui se sent capable d’accompagner les malades dans les derniers moments de leur vie. 

« Parfois, on accompagne aussi les familles, mais d’habitude, c’est quand les familles ne sont pas là. Ce qui est rassurant c’est que comme coordonnatrice, si les gens ont des questions je peux leur répondre, et ils ont aussi un petit questionnaire à remplir, une vérification des antécédents judiciaires à faire et dès que nous avons cette discussion avec les gens, ils le savent si c’est pour eux ou non », indique Danielle Proulx. 

Il faut aussi garder en tête que le respect du patient et de ses proches est primordial concernant leurs valeurs, leurs croyances, leurs points de vue et leur culture. « Par exemple, une patiente m’a déjà mentionné qu’elle aimait la musique française. Je mettais donc de la musique de son temps aussi puisque j’avais une petite idée de son âge et même si elle n’était pas consciente je voyais une petite lueur dans ses expressions faciales. Si c’est ce que je lui apporte et bien ce sera ça », explique Mme Proulx. 

Le groupe offre aussi un accompagnement pour le conjoint ou la conjointe du patient, qui se sent rassuré d’avoir quelqu’un auprès de l’être cher dans ces moments difficiles. 

Le meilleur moyen d’avoir recours aux services de bénévoles en soins palliatifs est d’en faire la demande auprès du personnel de l’Hôpital Notre-Dame ou du Foyer des Pionniers, qui communiquera avec Danielle pour établir un horaire. Mme Proulx souligne la chance qu’elle a eue d’entrer en poste en tant que coordonnatrice avec une équipe de bénévoles chevronnés, qui cumule plusieurs années d’expérience. 

Lucille Brunet ne garde que de bons souvenirs, de paix et d’expériences positives marquantes, même touchantes. « Je me suis occupée d’un monsieur en fin de vie que je suis allée veiller. Sa femme était décédée et il n’avait qu’une seule fille en ville, et elle était fatiguée ! Quand il est parti, elle m’a fait un beau cadeau, elle m’a donné une carte avec une boite de biscuits. Mais moi, c’est la carte qui m’a touchée… elle avait écrit : j’en avais besoin, tu es arrivée comme un ange et ça m’a fait du bien. » 

Les familles sont reconnaissantes du travail des bénévoles en soins palliatifs ; leurs inquiétudes s’apaisent grâce à eux, surtout la nuit. Pendant le jour, il y a plus d’employés sur les planchers et de proches qui viennent visiter. Même si Mme Brunet est auprès du patient, les infirmières continuent de travailler normalement. Son expérience d’infirmière ne fait pas en sorte qu’elle prenne les responsabilités des employés sur place. D’ailleurs, les infirmières ne sont jamais bien loin si jamais elle voit qu’un patient ne se sent pas bien. 

« Il m’est arrivé aussi qu’une famille vivant à l’extérieur de la ville me demande d’aller au chevet de leur maman, puisqu’ils n’avaient pas la chance de se rendre à temps. Ça m’a fait plaisir de pouvoir les représenter, j’ai dit à la dame que ses enfants ne voulaient pas qu’elle soit seule et que j’allais passer du temps avec elle », raconte Mme Proulx. 

Pour les deux femmes, le temps passé avec des patients en soins palliatifs apporte un sentiment de bien-être ; elles sentent que leur présence a de l’importance et fait une différence. Le groupe de bénévoles en soins palliatifs recherche activement des membres pour se joindre à l’équipe en place. Ceux et celles qui souhaiteraient essayer sont priés d’en faire part à Danielle Proulx, la coordonnatrice, afin d’organiser une rencontre avec elle.