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Est-ce que les élus de la Ville de Hearst ont pris la bonne décision en acceptant les hausses salariales des employés syndiqués malgré la convention collective toujours en vigueur jusqu’en 2025 ? Après une longue réflexion, je crois qu’il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise décision. C’est le genre de mise en situation dont tu seras obligatoirement perdant avant même de prendre ta décision finale. Aux yeux des contribuables c’est inacceptable et aux yeux des employés ce n’est pas assez !

Ce point à la dernière rencontre du conseil municipal m’a personnellement interpelé, non pas parce que j’estime que les employés de la Ville ne méritent pas d’augmentation, bien au contraire. À titre de travailleur canadien, mon opinion sur l’inflation est claire, les Canadiens doivent gagner plus, mais à titre de gestionnaire d’un organisme sans but lucratif, je m’arrache les cheveux.

Bien que la Ville de Hearst ait accepté d’augmenter le salaire de ses employés syndiqués et non syndiqués, la différence n’est pas scandaleuse. On parle d’environ 1,75 % de plus, et ce, seulement la prochaine année. On est bien loin des augmentations que le syndicat proposait.

Ma curiosité concerne surtout la position des autres entreprises ou organismes privés, publics ou sans but lucratif. Déjà l’augmentation du salaire minimum avait apporté sa part de défis au cours des dernières années, voilà que l’inflation s’invite dans le décor. Selon Statcan.gc.ca, l’indice des prix à la consommation a été de 6,9 % en octobre et de 6,2 % en novembre. Levez la main les personnes qui ont obtenu une augmentation de salaire de 6,9 % en octobre et de 6,2 % en novembre !

On s’entend qu’actuellement, à titre de directeur général des Médias de l’épinette noire, je suis dans le trouble ! En cette période d’inflation et d’instabilité économique, contrairement aux grandes entreprises et surtout aux chaines d’alimentation, les Médias ne peuvent pas augmenter les prix des publicités, tout simplement parce que nos clients vont refuser l’offre ou ils vont en prendre moins pour compenser. En attendant, tous les comptes augmentent et les employés vivent la même chose.

Comment, à titre d’organisme sans but lucratif, peut-on augmenter le salaire de nos employés et faire face aux nombreuses augmentations du cout de la vie alors que les gouvernements préfèrent placer leurs campagnes publicitaires sur les géants du Web, déjà riches à craquer, et couper les subventions au maximum ? Au niveau publicitaire, les gouvernements réunis, provincial et fédéral, ont acheté moins de 5000 $ en 2022 dans le journal Le Nord et à la radio CINN 91,1 contrairement à 20 000 $ en 2020 et plus de 100 000 $ en 2015.

Encore la semaine dernière, nous avons appris que notre subvention rattachée au projet radio-école a été coupée de moitié. Cette subvention ne nous rapportait pas d’argent, mais justifiait l’embauche d’employés à temps plein au lieu de temps partiel en plus de gérer du contenu pour la radio et de sensibiliser les jeunes aux médias traditionnels tout en créant un sentiment d’appartenance avec les médias locaux.

En cette période où la loi du plus fort règne au niveau de la main-d’oeuvre, le statuquo est extrêmement dangereux pour perdre des joueurs de ton équipe. Aux Médias, à défaut d’être en mesure d’offrir de gros salaires, on a toujours compensé avec de la latitude en plus de faciliter la conciliation travail-famille au maximum, mais on demeure quand même limité. On se doit de demeurer compétitif au niveau du salaire, on a réussi à mettre sur pied un petit fonds de pension et s’ajouteront les avantages sociaux en janvier prochain, mais je doute que ce soit suffisant !

Si pour conserver nos employés, il faut augmenter les salaires, la prochaine étape sera de couper des services et des postes. Ceci est la DERNIÈRE chose que le conseil d’administration et moi souhaitons faire.

Donc, est-ce que la Ville de Hearst a bien fait d’augmenter les salaires de ses employés même si la convention collective était toujours en vigueur ? Personnellement, j’estime que oui ! Il est assez difficile de trouver du personnel ces temps-ci qu’on doit mettre toutes les chances sur notre bord.

Lorsque les finances le permettent, bien payer de bons employés, ce n’est pas une dépense, c’est un investissement.