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ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

L’Ontario a rejoint plusieurs autres provinces canadiennes, le 1er janvier, en permettant aux pharmaciens de prescrire à leurs patients des traitements pour certaines affections médicales.

Depuis le jour de l’An, les Ontariens peuvent se rendre dans certaines pharmacies pour recevoir des prescriptions pour 13 affections courantes, sans avoir à se rendre au cabinet du médecin.

Une affection courante est un problème de santé jugé « mineur » qu’il est possible de diagnostiquer soi-même, y compris, par exemple, les éruptions cutanées, les piqûres d’insectes, les infections urinaires ou les crampes menstruelles.

Alors que le système de santé est aux prises avec une importante pénurie de main d’œuvre et que les temps d’attente continuent d’atteindre des records dans les hôpitaux ontariens, la province estime que ce service offert sans frais supplémentaires aux résidents devrait aider à « libérer l’horaire des médecins » et leur permettre de prodiguer des soins à ceux qui ont des besoins plus complexes.

« On a vu au cours des dernières années que lorsqu’il est question de notre santé, le statu quo n’est plus acceptable, a affirmé Doug Ford, mercredi, en conférence de presse dans une pharmacie de sa circonscription d’Etobicoke.

« Nous devons être audacieux, créatifs, novateurs. Nous devons nous intéresser à ce que font les autres provinces et les autres pays et voir ce qu’ils font de différent. »

Le gouvernement ontarien espère que les « pharmaciens prescripteurs » permettront d’accroître l’accès aux soins dans les régions rurales de l’Ontario.

Rattraper les retards

L’Ontario est l’une des dernières provinces canadiennes à mettre en place un tel service.

C’est une bonne nouvelle pour la province, estime Jen Belcher, vice-présidente à l’Association des pharmaciens de l’Ontario, qui demandait ces pouvoirs depuis « très longtemps ».

« La plupart des autres provinces l’ont en place depuis des années, voire près d’une décennie, constate-t-elle. C’est souvent le cas pour une très grande province, qui compte beaucoup plus de pharmacies, de professionnels et de citoyens. Mais nous sommes heureux d’y être enfin arrivés, et plus confiants grâce aux preuves que nous avons des autres provinces qui démontrent à quel point c’est une réussite. »

Même si cette attente a longtemps fait tapper du pied les pharmaciens de la province, Jen Belcher note que ça aura au moins permis d’utiliser des éléments de preuve provenant d’autres juridictions pour prouver que ce sera positif pour notre système ».

« Lorsqu’il s’agit de financement public, dans le cadre du régime d’assurance-maladie de l’Ontario, il doit y avoir une réflexion sur tous les fronts, si on veut montrer que ça aidera les patients, que ce sera abordable et que ce sera sécuritaire. »

Le Québec est l’une des provinces qui mènent la charge lorsqu’il est question des prescriptions par les pharmaciens, affirme le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec, Bertrand Bolduc.

Ce service existe depuis 2015 dans les pharmacies québécoises, et actuellement, les pharmaciens peuvent prescrire des ordonnances pour 18 affections courantes, indique-t-il.

N’empêche, l’expérience tirée des autres provinces aura permis à l’Ontario un peu plus « de flexibilité », note Bertrand Bolduc. Il remarque qu’avec les récents changements, les pharmaciens ontariens bénéficient d’un nouvel « avantage » qui n’est pas en vigueur au Québec.

« Ils n’ont pas besoin d’un diagnostic préalable pour offrir une prescription. Donc avec une infection urinaire, par exemple, il faut, au Québec, qu’un diagnostic ait déjà été fait au cours des cinq dernières années pour que le pharmacien puisse faire la prescription pour la même condition. En Ontario, le pharmacien n’a pas besoin de fouiller dans le dossier pour vérifier une telle chose. Donc c’est un peu plus flexible à ce niveau, plus au goût du jour. »

Patience demandée

Tout pharmacien autorisé à fournir des soins aux patients peut fournir ce service, mais la province invite les patients à vérifier auprès de leur pharmacie pour s’assurer qu’il est disponible.

Jen Belcher note que tous les pharmaciens de l’Ontario ont l’autorisation de prescrire des ordonnances, mais « s’ils n’ont pas la capacité opérationnelle d’offrir ce programme en plus des soins qu’ils fournissent déjà dans leur communauté, ou s’ils n’ont pas l’impression d’avoir les compétences et la formation », ils pourraient choisir de ne pas offrir ce service.

Les présidents des chaînes de pharmacies Shoppers Drug Mart et Rexall ont tous deux confirmé que l’ensemble de leurs succursales sont disposées à offrir ce service.

Par ailleurs, comme les hôpitaux, les pharmacies aussi font face à une pénurie de main d’œuvre.

Le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec parle d’expérience lorsqu’il soutient que les patients doivent s’armer de patience lorsqu’ils se présentent en pharmacie. « Ce service nécessite une consultation en pharmacie. Si vous arrivez tout juste avant la fermeture et que je suis seul derrière le comptoir, ça ne fonctionne pas. Il faut prendre rendez-vous, faire les choses d’avance. On veut s’occuper de vous, mais il faut être gentil et patient. »