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L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, l’AFO, presse le gouvernement ontarien de s’attaquer aux problèmes de santé qui irritent les communautés francophones de la province. Deux mémoires ont été déposés aux ministères de la Santé, des Soins de longue durée, des Affaires francophones ainsi qu’à l’organisme Santé Ontario.

Le président de l’AFO, Fabien Hébert, espère qu’avec cette documentation, le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford pourra améliorer et modifier le système de santé francophone.

« On exprime essentiellement les désirs de la communauté franco-ontarienne dans ces documents-là avec des pistes d’action, des pistes de solutions pour permettre d’améliorer et changer le système de santé », indique le président de l’AFO. « On manque de main-d’oeuvre dans le domaine de la santé. Présentement, il y a 2500 postes d’infirmières désignés bilingues ou francophones dans des établissements, qui sont vacants. »

Plus précisément cependant, les recommandations émises par l’AFO s’adressent au niveau systémique plutôt qu’au recrutement ou à la formation. Fabien Hébert parle de changement. L’organisme porte-parole des Franco-Ontariens souhaite établir une « lentille francophone » au sein du système actuel, l’objectif étant de faire un gros plan sur les effets des conditions sur les francophones si les responsables venaient à apporter de nouveaux changements dans le système. « Présentement [le gouvernement] relâche une stratégie, on met ça sur le terrain puis tout d’un coup après que tout est implémenté il y a quelqu’un qui dit : puis les francophones nous autres ? Le gouvernement se retrouve dans une situation où il est obligé de pédaler par en arrière puis essayer d’adapter le système pour la communauté francophone, puis ça ne marche pas, puis ça ne donne pas de résultats comme on peut le constater. »

Le président de l’AFO ajoute que selon des études, des soins adaptés culturellement et linguistiquement donnent de meilleurs résultats, un principe que l’organisation tente de faire voir au gouvernement. « Si vous voulez sauver de l’argent, assurez-vous que vous adaptez vos soins aux personnes à qui vous les donnez. Si tu es capable de te faire comprendre quand tu donnes un soin, tu vas probablement éviter plein de tests de sang, des examens, etc., et le résultat va être mieux pour le patient puis pour le système. »

Voilà maintenant près d’un mois que les recommandations ont été déposées. Entretemps, l’AFO a déjà rencontré diverses personnalités des trois ministères provinciaux et a reçu des réactions préliminaires de la part des responsables. « Ils accueillent les recommandations. Est-ce qu’ils vont prendre action dessus, c’est un autre sujet. »

Quant à l’organisation Santé Ontario, un contact a eu lieu avec la direction générale et le personnel de soutien. Fabien Hébert souligne que l’organisme est à l’écoute et qu’une constatation a été faite de leur part. « Ils ont clairement réalisé qu’ils ont des problèmes avec la santé en français en Ontario. La problématique qu’ils ont, c’est qu’ils n’ont pas de mécanisme pour mesurer l’impact sur les services en français dans le système. Ils n’ont pas d’indicateur de rendement. »

Prochainement, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario entamera un processus public pour impliquer et informer la population. Des publications seront émises pour inciter les gens à appuyer l’AFO dans son mémoire. Le président demande aussi à la communauté de se prononcer directement auprès des élus provinciaux. « Appelez-les, les gens au gouvernement, et dites-leur que c’est ce que vous voulez. De cette façon-là, on sait qu’ils vont avoir un peu plus de pression pour implémenter les changements qu’on recommande. »

Un autre point apporté par l’AFO cible les impacts du projet de loi 7. La loi sur les soins de longue durée qui rapatrie les patients, contre leur gré, dans des centres de soins de longue durée, CSLD décidés par la province, pour libérer les centres hospitaliers. Selon le président, les impacts de cette loi détériorent la qualité des services à la clientèle francophone.

Un exemple cité dans l’un des mémoires de l’AFO rapporte que la population francophone du Grand Toronto, soit 127 000 individus, n’a accès qu’à 37 lits des soins de longue durée au foyer Bendales Acres. « Je pense que ces 37 lits désignés pour les francophones c’est les seuls 37 lits désignés dans la région de Toronto, qui se retrouvent avec 40 % d’occupation de personnes anglophones. C’est un exemple et ça se passe à la grandeur de la province, là où il y a des lits où que les ressources attribuées pour les personnes francophones ne sont plus disponibles à cause justement de ce projet de loi là. »

Selon le président de l’AFO, des investissements supplémentaires devraient être accordés pour hausser le nombre de places dans les CSLD. Il reconnait l’initiative du gouvernement qui allouait une somme d’argent si des projets de construction étaient entamés avant septembre prochain, mais il reste que d’ici là, ce problème ne se règlera pas. « Il n’y a pas de solution à court terme. La première chose qu’il faut faire, c’est avoir une structure. Si on veut avoir des systèmes qui fonctionnent, ça prend une structure. »

Fabien Hébert espère que les recommandations faites au gouvernement permettront d’établir une telle structure pour que les responsables puissent bien planifier et apporter les changements nécessaires au système de santé.