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Le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Peter Hominuk, était de passage dans les communautés de la route 11 afin de prendre le pouls des membres et organismes francophones. Accompagné du président, le Hearstéen Fabien Hébert, M. Hominuk a complété une tournée du Nord-Ouest pour ensuite assister au congrès de l’Association des municipalités francophones de l’Ontario qui était présenté à Kapuskasing.

M. Hominuk occupe ce poste depuis maintenant 11 ans. Même si le temps passe vite, il explique ce qui le motive : « Les dossiers sont intéressants et je vois toujours la communauté évoluer, c’est très stimulant. Depuis que je suis à l’AFO, on a mis en place toutes sortes de structures pour que l’AFO soit plus du bas vers le haut ». Il apprécie le respect que l’AFO voit à Queens Park et le respect de la francophonie en général. De nombreux évènements ont canalisé l’énergie de résistance des Franco-Ontariens, comme les manifestations du 1er décembre 2018.

Fabien Hébert est en poste depuis près d’un an, et avec son expérience dans la gestion dans le secteur de la santé, il en a fait un dossier prioritaire. « On voit des percées, pas des grandes avancées, mais des portes qui commencent à s’ouvrir avec des interventions politiques, des discussions avec le ministère de la Santé et celui des Affaires francophones. Ça l’air de porter fruit. »

L’AFO a déposé deux mémoires au gouvernement ontarien, un document qui exprime le point de vue des francophones et propose des changements qu’il devrait y avoir dans le domaine de la santé. L’AFO désire voir un réalignement de la francophonie dans le système. Communément appelée la lentille francophone au sein de l’association, celle-ci doit toujours être prise en compte lors de décisions et de mise en place de nouveaux programmes, et non après coup.

Le système de santé est en crise et en transformation. Selon M. Hébert, c’est le moment opportun pour les membres de l’AFO de profiter de cette transition-là pour introduire leurs idées et intervenir au lieu de débâtir quelque chose plus tard. « Avec la conjoncture de la nouvelle loi sur les services en français, plus d’imputabilité, les opportunités que Fabien possède, de faire avancer des dossiers est vraiment opportun », dit M. Hominuk.

Le plan d’action sur les langues officielles du fédéral a été approuvé et il est maintenant en mode de création. De 2023 à 2028, ce sont 1,4 milliard de dollars qui seront investis dans les communautés en situation linguistique minoritaire.

L’attente en vaudra le coup, et selon M. Hébert le financement pourrait aller jusqu’à 25 %, mais pas sur le champ. Malgré les investissements promis, l’AFO demande que l’Ontario ait sa juste part dans le système, ayant 53 % de la population francophone, mais seulement 17 % du financement octroyé.

Tournée dans le Nord

« C’est notre deuxième tournée. Nous avons fait une tournée dans le sud-ouest de la province au printemps, on fait le nord maintenant et nous allons faire l’est un peu plus tard en octobre. Ce qu’on perçoit, c’est des organismes qui vont très bien, qui accomplissent des choses incroyables ! Mais on voit aussi des organismes en difficulté, il y a de l’essoufflement de la part des gens, les bénévoles sont essoufflés.

Ils reçoivent de petites sommes et fonctionnent avec des budgets de 30 000 $ par année, ne peuvent même pas avoir un employé. Difficile de faire du travail sur le terrain quand on doit choisir entre un salaire ou un loyer par exemple, et c’est la même chose pour les centres culturels », déplore M. Hébert.

Nous avons l’exemple du Café Héritage à Rayside-Balfour. Il fonctionne grâce à l’implication d’environ 300 bénévoles qui se mobilisent pour l’organisation d’une variété d’évènements. M. Hébert a été impressionné de la quantité, mais aussi de la qualité de ce qui est présenté dans ce centre. Avec un fonds de roulement de 350 000 $ par année recueilli grâce à du financement et des dons, tous les profits sont réinvestis dans la création d’évènements n’ayant pas d’employés rémunérés.

Les bénévoles sont des gens de tous âges confondus. Bien que ceux à la tête soient plus âgés, ils sont en train de développer des projets qui sont à la fine pointe de la technologie, avec des jeux de lumière impressionnants, ajoute Fabien Hébert.

Grande variété dans les organismes membres de l’AFO

Un autre dossier prioritaire pour l’AFO concerne les centres de services de garde qui ne fonctionnent pas à plein rendement dans le Nord de l’Ontario et même à travers la province. La moyenne généralisée au niveau de l’Ontario est de 60 % à cause de la pénurie de main-d’œuvre en éducation à la petite enfance.

Pour ce qui est de l’éducation postsecondaire, dans le Nord il est question d’exode des jeunes pour aller étudier dans les grands centres, faute de ne pas avoir le programme qu’ils désirent suivre à proximité.

De plus, l’Université francophone de l’Ontario avait pour mandat d’offrir des cours qui ne se donnent pas dans les autres universités francophones de la province. Pourtant, avec l’ouverture de son programme en administration des affaires, un des cours offert à l’Université de Hearst, on observe le contraire.

M. Hébert croit toutefois que la popularité de ce programme est indéniable, et il ne pense pas que la communauté qui voudrait s’inscrire à Toronto serait venue étudier à Hearst.

Ce n’est pas inquiétant, selon eux, que les deux institutions offrent le même programme ; leurs inquiétudes sont plutôt dirigées vers les jeunes qui vont aller vers des établissements post- secondaires anglophones quand un programme n’est pas disponible en français.