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L’exposition en cours à la Galerie 815 du Conseil des Arts de Hearst jusqu’au 3 mai prochain présente les œuvres de France Poliquin, une artiste spécialisée dans les métiers d’art textile. C’est la deuxième fois que l’artiste native de Hearst expose à la Galerie 815, et le vernissage de l’exposition Rétrospective avait lieu le jeudi 21 mars dernier. Sa passion pour le textile date de l’enfance, sa mère l’ayant initiée au crochet à un très jeune âge pour la tenir occupée pendant qu’elle confectionnait des bas de laine pour les hommes au chantier. Par la suite, les projets de textile se multiplièrent et France rêvait d’apprendre de nouvelles techniques en création mode.

En plus du crochet, elle s’est intéressée à la broderie, au perlage, etc. Elle recevait même des commandes de son enseignante d’économie domestique au début de son secondaire. « Le perlage j’ai appris cela jeune, jeune, ici ! Parce qu’à La Baie la seule chose qu’il y avait pour faire du métier d’art c’était les perles ; à cette époque les Premières Nations allaient à La Baie et vendaient leurs fourrures et achetaient des pots de perles. Après cela, j’ai fait un contrat avec le Traité numéro 9, j’ai enseigné aux adultes et j’ai habité chez Mme Cheechoo. C’est elle qui m’a montré à travailler avec les méthodes autochtones. »

France quitte Hearst à la fin des années 80, et c’est à partir de ce moment qu’elle rencontre des gens de l’industrie qui la passionnait tant. Elle entreprend des études collégiales au Cégep du Vieux Montréal en Techniques des métiers d’Art en construction textile. Sa rencontre avec les deux directrices de l’école, Régine Mainberger et Louise Lemieux, a influencé l’orientation dans son art.

Après sa formation, France Poliquin occupe divers postes dans le domaine du spectacle et des arts, parfois à titre de tisserande pour des productions de vêtements et accessoires dans les collections d’autres artisanes. En 1998, elle obtient un contrat comme costumière pour les accessoires dans l’entreprise montréalaise Cirque du Soleil, où elle s’occupe de la fabrication et de la conception de costumes pour le spectacle « O » à Las Vegas, dans l’atelier de dentelle. Pendant toute la décennie des années 90, elle travaille comme pigiste à titre de technicienne de scène et costumière au Centre Corel à Ottawa avec son ex-conjoint.

Ayant déjà un baccalauréat de trois ans en sociologie de l’Université de Hearst depuis 1985, l’artiste retourne sur les bancs de l’Université Laurentienne à Sudbury pour ajouter une année à son bac et reçoit son diplôme universitaire en Éducation.

Se décrivant comme une aventurière, Mme  Poliquin part vers la Nouvelle-Écosse pour aller étudier à l’Université Nova Scotia College of Art and Design en 2011 et obtient un autre baccalauréat en beaux-arts spécialisé en textile. Durant ses études dans les Mari-times, elle rencontre l’artiste de renom international Toshiko Horiuchi MacAdam, qu’elle considère comme un de ses mentors. Originaire du Japon, cette artiste textile est maintenant installée en Nouvelle-Écosse, la province natale de son mari. « C’est elle qui fait de gros parcs crochetés pour enfants et le seul endroit où ce n’est pas possible d’en avoir c’est au Canada, pour une question d’assurances. Elle en a fait au Japon, aux États-Unis et partout dans le monde. » Les structures de jeux sont crochetées à la main avec du nylon et installées en sections par une équipe dans des espaces publics de loisirs afin de laisser les enfants utiliser leur imagination.

Consciente que son médium n’est pas le plus vendeur, elle a pris la décision, en sortant de l’école des métiers d’art, de monter des expositions au lieu de se concentrer sur la vente de créations. Avec une quarantaine d’expositions depuis 30  ans, France continue de travailler dans cette optique. «  En sortant de l’université j’ai fait le choix d’exposer et j’ai une mini collection de boas en laine angora. Je fais beaucoup de récupération pour mes créations. J’ai acheté une balance d’une manufacture de laine angora très fine en Belgique ; je mets plusieurs laines ensemble et je crochète des boas. Je les teins ensuite avec une teinture végétale. Tout ce que je fais est super environnemental.

» Pendant la pandémie, France Poliquin se joint à d’autres artistes dans la confection, selon les méthodes traditionnelles, d’une collection de masques démontrant la résilience pendant la pandémie du 21e   siècle. La collection Breathe a été sélectionnée par un jury qui a choisi parmi les pièces soumises celles qui seraient exposées à travers le Canada. Au total, elle a confectionné sept masques qui reflètent les sept phases de la pandémie. Les masques font partie des œuvres exposées à la Galerie  815, aux côtés de toiles en tissu créées selon la méthode japonaise shibori, avec de la teinture végétale, des poupées Waldorf et des courtepointes faites à partir de ses échantillonnages de teinture végétale.

  

Photos : Renée-Pier Fontaine