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Lorsqu’on discute des gens qui ont influencé la société de Hearst, de l’Ontario, du Canada et d’ailleurs, on oublie souvent le monde des arts. Pourtant, c’est un domaine dans lequel plusieurs des nôtres ont excellé et laissé une empreinte vivante des gens du Nord. Paulette Gagnon est l’une de ces personnes.

Mes premiers souvenirs remontent aux années 50. Monsieur et madame Gagnon, Ben et Pauline (Lecours), demeurent à deux maisons de chez nous, au coin de la rue Prince et de la 12e Rue. Ben est propriétaire d’une quincaillerie sur la rue George près du Théâtre Cartier (Gagnon Hardware). Au début des années 60, il vend son magasin et devient administrateur au Conseil des écoles séparées de Hearst. Ben et Pauline ont six enfants : Marcel, Alain, Paulette, Rémi, Julie et Bernard. Paulette est née en 1955.

Encore adolescente, Paulette se joint au groupe La Pitoune et participe au camp Potion Magique à Calstock dans un ancien camp de bucheron. C’est durant ces activités qu’elle découvre son amour pour le théâtre communautaire. Elle passe les prochaines années à Hearst auprès de Direction Jeunesse. « Chez nous (à Hearst), tout était en français. Ce fut donc un choc lorsque j’ai commencé à me promener dans les autres communautés francophones du Nord, où l’anglais avait une plus forte influence. Des francophones qui avaient un fort accent anglais, je ne connaissais pas ça », raconte-t-elle. (entrevue avec Charles Thériault pour le journal Le Droit, 16 février 2009, p. 14)

Paulette s’associe ensuite à Donald Poliquin et Louise Tanguay ; ils forment la troupe Théâtre Action, un organisme de service pour les arts ontariens. Le milieu des arts est en plein essor durant les années 70. « C’était une période fascinante et j’ai embarqué dans cette vague en tant qu’organisatrice d’ateliers sur le théâtre. Avec Théâtre Action, j’ai beaucoup appris, ce fut mon école. J’ai organisé des évènements, des festivals, un peu partout dans le Nord de l’Ontario. » (Entrevue, Le Droit, 16 février 2009, p. 14)

Paulette passe ensuite au Théâtre du Nouvel-Ontario à Sudbury (1982-1996) où elle occupe plusieurs postes, dont celui de directrice générale à partir de 1990. Elle joue un rôle de premier plan dans la mise sur pied de la salle André Paiement du Théâtre du Nouvel-Ontario. À la même époque, elle œuvre aussi bénévolement au sein de Théâtre Action, de l’Alliance culturelle de l’Ontario, organismes provinciaux qu’elle présidera tour à tour, et de TVOntario.

Vient ensuite un séjour au Conseil des Arts de l’Ontario où elle est entre autres responsable de la mise à jour des programmes franco-ontariens. Lors de cette période, elle écrit le conte « J’ai pas toujours eu l’air que j’ai », produit sur scène par le Théâtre du Nouvel-Ontario.

Paulette déménage à Ottawa en 1997 pour devenir directrice du Théâtre de la Nouvelle Scène qui se veut un toit permanent pour différentes compagnies de théâtre, notamment le Théâtre de la Vieille 17, la Compagnie Vox Théâtre, Le Trillium et le Théâtre Catapulte. Paulette vit l’effervescence et les tiraillements qui entourent la naissance et le financement de La Nouvelle Scène, projet qui s’est concrétisé en 1999. Elle travaille ensuite comme chargée de projets au Théâtre français du Centre national des Arts jusqu’en 2005. De 2005 à 2010, elle devient directrice générale de l’Association des théâtres francophones du Canada.

Après 2010, Paulette se réinstalle à Sudbury menant différents mandats, dont celui de directrice du développement du Regroupement des organismes culturels de Sudbury. Elle réussit à consolider le financement du projet de construction de la Place des Arts du Grand Sudbury en 2017.

Tout au long de sa carrière, « Paulette Gagnon s’est impliquée au sein de conseils d’administration et dans des activités de représentation et de positionnement politique, se portant à la défense de la culture franco-ontarienne et veillant à l’avancement du théâtre franco-ontarien et franco-canadien. » (entrevue, Le Droit, 16 février 2009, p. 14)

Paulette est décédée subitement le 11 octobre 2017. Elle laissait en deuil trois enfants : Marianne, Julien et Félix.

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Prix de distinction

  • (1991) Personnalité de l’année sur la scène culturelle franco-ontarienne (Revue Liaison)
  • (1991) Personnalité de l’année (ACFO-Association canadienne-française de l’Ontario) Sudbury
  • (2009) Prix Victor-Tolgesy de la Ville d’Ottawa pour souligner l’ensemble de sa carrière
  • (2009) Personnalité de la Semaine (Le Droit/Radio-Canada)
  • (2012) Prix Hommage pour son engagement envers la communauté théâtrale franco-ontarienne (Théâtre Action)
  • (2014) Prix du Nouvel-Ontario (Nuit sur l’Étang)
  • (2015 et 2018) ) Nommée parmi les 10 personnalités les plus influentes de la francophonie canadienne (Francopresse)
  • (2018) Prix de la francophonie de l’Ontario (Gouvernement de l’Ontario)
  • (2019) Legacy Award célébrant les bâtisseuses et les bâtisseurs de la Ville de Sudbury (Ville de Sudbury)

En hommage :

  • Prix Paulette-Gagnon (2019) – remis à un artiste de théâtre de l’Ontario pour lui permettre de poursuivre un projet de création ou de formation – La Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada
  • Prix Paulette-Gagnon (2019) – vise à reconnaitre les efforts et le cheminement professionnel exemplaire d’une personne à l’endroit de la communauté francophone – Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO)