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Depuis son appointement comme vicaire apostolique en 1918, Mgr Hallé, aidé des missionnaires colonisateurs, voyage à travers le Québec recrutant des familles catholiques pour venir coloniser le Nord de l’Ontario. Vers la fin des années 20 et durant la Grande Dépression, 200 familles de Montréal sont invitées à quitter la métropole pour s’établir en terre de colonisation dans la région de Jogues.

Le Petit Journal de Montréal du 19 mars 1944 rapporte que ces familles « s’enfoncent dans une forêt du diocèse de Hearst, en Ontario, pour y ouvrir de nouvelles terres. Malgré leur vaillance, la misère et la pauvreté se sont attachées à leurs pas. »

Je note ici que le journaliste du Petit Journal de Montréal utilise le nom « Saint-Jogues » pour désigner la région de Jogues ; j’en ai fait la correction. Je continue avec certains extraits de l’article.

« Il y a plus d’un an, un missionnaire colonisateur faisait appel à la générosité des fidèles de la paroisse où habite Mme Allard (à Montréal). C’était M. l’abbé J.V. Pelchat, curé de Jogues, la nouvelle paroisse qui avait été fondée dans le diocèse de Hearst, là où les 200 familles montréalaises avaient défriché leurs terres neuves. M. Pelchat demanda à ceux et celles qui pouvaient venir en aide à ces colons de lui donner leurs noms et adresses. C’est ce que fit Mme Allard. Quelques semaines plus tard, celle-ci recevait une lettre du missionnaire lui demandant des secours urgents pour ses colons et sa paroisse.

Pour presbytère, M. Pelchat n’avait qu’une cabane en bouleau comme celles des colons. Il se servait de boites à beurre pour déposer son linge. L’église ayant brulé, il avait dû en rebâtir une autre et prendre une dette de 25 000 $. Dans ces circonstances, le vaillant missionnaire n’avait qu’une alternative : faire appel à la générosité des Montréalais en faveur de ces colons, venus de la métropole. Son appel ne fut pas stérile.

Mme Allard se trouva immédiatement quelques compagnes dévouées et, ensemble, elles commencèrent à ramasser tout ce qu’elles pouvaient pour l’envoyer aux colons de Jogues. Quelques semaines plus tard, elles voyaient partir en direction de Hearst un convoi chargé de meubles, de linge, de vivres, d’accessoires de toutes sortes qu’elles avaient recueillies un peu partout à Montréal.

Dans l’un de ces wagons, il y avait un autel pour l’église, une chaire, un tabernacle de 150 $ donné par une bienfaitrice, un service de vaisselle pour le missionnaire, obligé de recevoir souvent son évêque, ainsi qu’une paire de raquettes lui servant dans ses courses aux malades. Il y avait aussi un ciboire, un calice, un ostensoir. Toutes ces choses avaient été données par des bienfaiteurs dévoués. Les dames patronnesses ne refusaient rien. Elles emportaient même des poteaux de couchettes qui, une fois coupés et travaillés, servaient de colonnettes pour porter les lampions ou les fleurs dans l’église de Jogues.

Depuis plus d’un an, Mme Allard et ses huit compagnes bénévoles se dévouent pour nos concitoyens devenus colons à Jogues en Ontario. Elles travaillent actuellement à préparer des layettes pour sept enfants qui doivent naitre bientôt dans cette terre de colonisation. Elles cherchent également de berceaux pour recevoir ces nouveau-nés. À date, elles n’ont pu trouver qu’une petite couchette, mais elles sont persuadées que des personnes généreuses fourniront les six autres.

Au cours d’une tournée faite dans la province pour obtenir du secours pour ses colons, M. Pelchat reçut un jour des mains d’une bienfaitrice une merveilleuse statue. Il la confia pour quelque temps à Mme Allard en attendant de venir la chercher pour l’installer dans son église. Ces femmes dévouées travaillent dans le silence et c’est à qui d’entre elles en fera le plus. “ Nous n’avons aucune difficulté à obtenir ce dont nous avons besoin pour venir en aide aux pauvres et aux colons de Jogues, ” affirme Mme Allard. “ Nous recueillons des dons généreux dans tous les milieux. Nous prenons tous ce qu’on nous donne, car tout peut être utile. ” »