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Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, a refusé la demande d’Action Champlain d’effectuer une évaluation indépendante du projet de cimenterie de Colacem, à L’Orignal, au début du mois de novembre. En quête de réponses, Action Champlain est donc allé à la rencontre de l’agence responsable de cette décision, le 22 novembre dernier.

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Noé Cloutier – IJL – Réseau.Presse – Le Régional

 « Ce qu’ils disent, c’est qu’il n’y a pas eu de changement concret depuis la dernière demande faite sous l’ex-ministre [de l’Environnement et du Changement climatique du Canada] Catherine McKenna », raconte Gary Champagne, porte-parole d’Action Champlain.

Aux yeux de monsieur Champagne, il y a pourtant un monde de changement entre les deux demandes, notamment pour ce qui est des cibles environnementales du fédéral.

« Pour nous, ça ne fait pas vraiment de sens […], mais on ignore à quel point ils se sont vraiment arrêtés sur la question, affirme celui qui voit tout de même du « positif » à cette rencontre.

Cette réévaluation « indépendante » était proposée dans le but de mieux cerner les impacts que le projet aurait en matière d’environnement sur la région l’avoisinant, et sur la santé de sa population. À ce jour, la seule évaluation qui a été faite provient de l’entreprise Colacem elle-même.

Entre les mains du Canton, mais pas de ses élus

Avec ce refus du fédéral, venant malgré le soutien de certains membres du Parlement, tel que Francis Drouin, député libéral de Glengarry-Prescott-Russell et d’Alexandre Boulerice, député néo-démocrate de Saint-Jean-sur-Richelieu, la décision d’aller de l’avant avec le projet de Colacem est maintenant entre les mains du Canton de Champlain.

En revanche, cette décision ne sera pas prise par les élus du conseil municipal, mais bien par l’administration du Canton. C’est d’ailleurs l’administration Ford qui a instauré ce changement de juridiction.

« La démocratie semble laissée de côté et je trouve extrêmement décevant que l’opinion des citoyens ne soit pas prise en compte […] », déplore le militant, qui espère tout de même que les employés du Canton prendront ‘la bonne décision’ pour la santé et le bien-être de ses citoyens.

L’espoir y est toujours

Pour ce qui est de la décision future du Canton, l’un des éléments clés est de savoir si Colacem devra se soumettre ou non aux objectifs du gouvernement canadien et de l’Association canadienne du Ciment (ACC). Ces objectifs prévoient que ses signataires devront diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 et de 60 % d’ici 2050.

Avec ou sans promesse de réductions, Action Champlain compte toutefois poursuivre son long combat contre le projet de Colacem.

« Il y a toujours des options […]. Plusieurs options légales s’offrent encore à nous », lance-t-il, encore plein d’espoir, en spécifiant que l’organisme qu’il représente évaluait actuellement quelle serait sa prochaine manœuvre.

Une cause en pleine ascension

C’est en 2011 que le long combat d’Action Champlain avait débuté. À l’époque, les Comtés unis de Prescott-Russell (CUPR) avaient accepté un changement de zonage permettant à Colacem d’aller de l’avant avec son projet de cimenterie.

Plus d’une décennie plus tard, malgré le plus récent refus du ministre Guilbeault, Gary Champagne se veut optimiste quant à l’ampleur que sa cause a acquise.

« À la base, Action Champlain n’était formé que par quelques citoyens qui habitaient à proximité de Colacem. Certains disaient que c’était juste un ‘nimby’ (‘not in my backyard’), mais aujourd’hui, on constate que c’est un enjeu majeur qui dépasse même le registre provincial », confie celui qui avoue n’avoir initialement jamais pensé que la démarche aurait pris ‘un tel chemin’.

De nouveaux alliés

Il est vrai que le « combat » d’Action Champlain a gagné de la traction dans les dernières années. À titre d’exemple, après avoir accepté la demande de Colacem en 2011, les CUPR (et la plupart de ses municipalités) ont eux-mêmes fait partie de ceux qui ont demandé la plus récente réévaluation d’impact du projet en 2022.

Le projet est aussi devenu un enjeu électoral. Au fédéral, Francis Drouin, qui souvent dit « supporter la cause » bien qu’elle soit « davantage de registre provincial », a lui aussi supporté la demande faite à son homologue libéral Steven Guilbeault.

Une autre figure clé à avoir supporté la pétition est le médecin hygiéniste du Bureau de santé de l’est de l’Ontario (BSEO), Dr Paul Roumeliotis. Tel que rapporté par Radio-Canada, ce dernier a indiqué agir dans le cadre du mandat du BSEO qu’est notamment d’« assurer le bien-être de la population et [de] cibler les problèmes ».

Qu’en est-il du provincial ?

Pour ce qui est du gouvernent de l’Ontario, sa relation avec Action Champlain est beaucoup moins solide, voire inexistante.

« À ma connaissance, on n’a jamais eu de communication avec eux », témoigne Gary Champagne, qui croit qu’il devrait y avoir une limite « à ce qu’on est prêt à faire » pour se plier à la vision ‘open for business’ du gouvernement Ford.

D’ailleurs, le portrait de la politique provinciale a récemment changé, du moins régionalement, à Glengarry-Prescott-Russell. En juin dernier, Stéphane Sarrazin, du Parti progressiste-conservateur de Doug Ford a pris la place de l’ex-députée libérale Amanda Simard. Contacté à savoir sa position par rapport à l’enjeu du projet de cimenterie, l’ancien maire du Canton d’Alfred-Plantagenet n’a toutefois pas fait suite à la demande de commentaire du Régional.

Photo principale d’archives, Le Régional