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Un projet de loi visant à créer plus de logements pourrait jouer dans la cour de l’économie la plus importante de lEst ontarien: lagriculture.

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Charles Fontaine – IJL – Réseau.Presse Le Droit

 Le projet de loi 97 viendrait alléger les réglementations sur les zones agricoles à fort rendement pour permettre la création de lots résidentiels. Jusqu’à trois unités résidentielles non agricoles pourraient être construites sur les terres.

La province a présenté le 6 avril dernier une proposition d’une nouvelle déclaration de principes provinciale qui propose des modifications à la loi.

La modification se tient dans l’objectif de l’Ontario de construire 1,5 million de nouveaux logements d’ici 2031.

Cette réglementation aurait un impact sur 12 000 terres agricoles dans l’Est ontarien, selon l’évaluation sommaire du directeur du département d’Urbanisme et de Foresterie des Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR), Louis Prévost.

Le territoire de l’Est ontarien étant composé d’environ 70 % de terres agricoles, cette loi pourrait changer complètement le paysage de la région.

« Ce serait très dommageable que de permettre la construction de résidences sur des terres agricoles, lance M. Prévost. Le résidentiel n’est tout simplement pas compatible avec l’agriculture. »

Conflits inévitables

Les agriculteurs qui vivent sur leur ferme sont habitués aux répercussions qu’une ferme engendre sur son environnement. La senteur du fumier, le bruit des camions et tracteurs, l’épandage de pesticides; les propriétaires des fermes apprennent à vivre avec ça. Les nouveaux résidents sur ces fermes ne seront peut-être pas aussi friands d’entendre un bruit de machinerie en pleine nuit.

« Les gens qui achètent une maison ne savent pas tous à quoi s’attendre lorsqu’ils habitent près d’une ferme. Il y a entre autres le tracteur, le fumier, la machine qui travaille tard la nuit pendant le temps des semences. Tout ça peut déranger », illustre le propriétaire de la ferme laitière Gillette Inc d’Embrun., Éric Patenaude.

« En ajoutant des maisons, on perd des zones qui peuvent être utilisées pour la culture, ajoute Louis Prévost. Plus on ajoute des résidences, plus on crée des zones de conflits avec les agriculteurs. »

L’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) est du même avis. La présidente de l’UCFO, Renée-Claude Goulet, ajoute qu’en plus de possibles mécontentements entre les producteurs et les nouveaux résidents, la croissance des entreprises agricoles est mise à risque.

Cette réglementation pourrait augmenter la décroissance de la superficie agricole de la province, qui a diminué de 4,7 % de 2016 à 2021. À peine 4,4 % du territoire de l’Ontario est considéré comme une terre agricole exploitable.

Préconiser les zones urbaines

Pour la construction de nouveaux logements, la présidente suggère de plutôt densifier les zones urbaines. « L’étalement urbain en zone agricole n’est pas la solution pour l’ajout d’espaces résidentiels. Il faut préconiser la densification des espaces urbains actuels sans condamner les terres agricoles », écrit Mme Goulet par voie de communiqué. Elle n’a pas accepté d’accorder d’entrevue au Droit.

Louis Prévost persiste et signe que la cohabitation d’agriculteur et de non-agriculteurs n’est pas la solution à ce problème national.

« Jamais je ne vais croire que d’autoriser des terrains résidentiels en zone agricole va régler le problème de logement. Il y a assez de terrains en zone urbaine désignés pour pallier la pénurie de logements. De plus, on estime que ce seraient des maisons qui pourraient être construites sur les terres agricoles, pas du logement abordable. »

La province recueille les commentaires des citoyens par l’intermédiaire du Registre environnemental de l’Ontario jusqu’au 5 juin.

Photos

Le projet de loi 97 viendrait alléger les réglementations sur les zones agricoles à fort rendement pour permettre la création de lots résidentiels. Jusqu’à trois unités résidentielles non agricoles pourraient être construites sur les terres. (Jean-Marie Fecteau)