Renforts recherchés au Service des incendies de Champlain

Le Service des incendies du Canton de Champlain a besoin de renforts. Depuis la mi-mars, une campagne de recrutement est lancée, afin de pourvoir « sept à huit » postes de pompiers volontaires dans les deux casernes de la municipalité, soit à Vankleek Hill et L’Orignal.

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Noé Cloutier – IJL – Réseau.Presse – Le Régional 

« On essaie toujours d’avoir 25 pompiers pour chaque caserne. Notre structure est basée sur les incendies, il y a des normes pour ça et on aime tenir nos équipes pleines pour être prêt à mettre des gens dans nos camions et aller combattre », raconte Ghislain Pigeon, directeur du Service depuis 2020.

Par le passé, le Service avait d’ailleurs tenu des journées d’embauches, mais pour combler les départs vers d’autres services, ou simplement vers la retraite, c’est maintenant un processus « en continu et à l’année » qui est privilégié.

« Toute sorte de monde »

Cette année c’est donc « 3 ou 4 postes dans chaque caserne » qui sont ouverts, avec un profil type tout aussi ouvert : « À peu près 25% de nos ‘appliquants’ se cherchent de l’expérience pour éventuellement obtenir un poste à plein temps. Par contre, d’autres veulent le faire juste pour le challenge que ça représente », contraste le directeur, citant l’exemple d’un membre du Service qui va bientôt se retirer après un parcours de 40 ans en tant que pompier volontaire.

« Dans la communauté, nous, on cherche des gens de toute sorte de monde, motivés, peu importe leur motivation. On a besoin de professionnels, qui ont déjà l’expertise à qui on pourra donner les outils pour qu’ils amènent cette expertise au service », explique-t-il, citant par exemple des professeurs pouvant donner les formations exigées au Service.

Protéger « sa » communauté

Tout de même, une motivation première demeure, soit le sentiment d’appartenance pour sa région. La campagne de recrutement parle d’elle-même : « Portez-vous volontaire. Soyez un héros dans votre communauté ».

« L’aspect communautaire est encore bien présent, l’idée de protéger sa communauté. Pour assurer la relève, on voit toujours fréquemment des pompiers du service recruter auprès de leur famille, leurs enfants, leurs neveux et nièces », précise Zoé Fortin-Larocque, spécialiste des communications au Canton de Champlain, dont la population frôle les 9 000 habitants.

Répondre aux standards

Si le Canton se fait un devoir de répondre aux standards de mains-d’œuvre et donc de « héros des flammes », il en va de même pour ses effectifs matériels. À cet effet, le dernier budget annuel de Champlain prévoyait un financement de 433 000$ pour l’achat d’équipement respiratoire spécialisé.

« Avant que Ghislain [Pigeon] arrive, il y a deux ans. Il n’y avait personne pour gérer le matériel à temps plein. On avait donc un certain travail à faire pour veiller à ce que tout reste à niveau », spécifie Zoé Fortin-Larocque, justement elle aussi arrivée en 2020.

« Les appareils respiratoires, par exemple, on en avait différents modèles et ils étaient tous à peu près trois standards en arrière. C’est donc de maintenir ce qu’on peut et renouveler ce qui doit l’être », explique Ghislain Pigeon, citant aussi les habits de combat qui doivent être renouvelés chaque décennie.

Penser à l’avance

De ces habits de combats, le directeur prévoit que d’ici à cinq ans, chaque pompier aura deux habits répondant à tous les critères. Pour ce qui est de l’équipement lourd, notamment les camions, il faut être encore plus prévoyant.

« Depuis la pandémie, il peut y avoir un délai de deux à trois ans avant de recevoir les pièces et camions. On ne peut donc pas trop se permettre d’attendre si on voit qu’un changement sera bientôt nécessaire », commente-t-il, alors que chaque caserne de son Service a trois bolides : un camion-citerne, un de sauvetage et un à pompe.

C’est d’ailleurs ceux à pompe qui nécessiteront bientôt un changement, comme il est déjà noté, dans quelques années. Vétérans de l’inventaire de machinerie du Service, ceux-ci sont datés de 2002.

Nouvelle certification provinciale

Autre élément que le directeur doit garder en tête pour les années à venir est la nouvelle certification que l’Ontario exige depuis juillet dernier, à laquelle les pompiers de la province devront se confirmer d’ici à 2026.

Ces nouvelles normes impliqueront donc un peu plus de  formations et d’entrainement, mettant toute la province sous les mêmes standards. Tout de même, rien qui n’inquiète Ghislain Pigeon : « Les jeunes ont aujourd’hui une meilleure éducation. Quand on leur présente l’agenda de Service et ce que la certification exige, ils sont conscients de ce dans quoi ils s’embarquent », atteste-t-il, citant qu’un programme « Legacy » existe aussi pour assouplir les nouvelles contraintes à ceux déjà en service avant cette mise à niveau.

De toute façon, des changements de normes, le directeur du Service des incendies en a vu d’autres. De Hawkesbury à Champlain, en passant par Brockville, Ghislain Pigeon a plus de 40 ans d’expérience dans le domaine : « Je n’ai pourtant que 22 ans! », nuance-t-il à la blague.

Éternel travail de prévention

Avec toute son expérience, l’homme à la tête du Service sait trop bien que, même si les pompiers sont formés pour éteindre dans feux, dans ce milieu, il vaut toujours mieux de « prévenir que guérir ». Il a donc profité de la tribune du Régional pour en faire le rappel.

« On explique encore mal pourquoi, mais l’année dernière fut l’une des plus dévastatrices en Ontario. C’est donc plus important que jamais de parler de prévention et d’éduquer le public par rapport aux avertisseurs de fumée et de monoxyde de carbone », intervient-il, achevant l’allocution en spécifiant que le mois de  mai sera celui de la prévention aux mesures d’urgence.

À cet effet, dans la section « Services aux résidents » du site web du Canton (champlain.ca), une fiche explique comment se préparer à une situation d’urgence, notamment dans les premières 72 heures. « Les gens comptent beaucoup sur les municipalités pour leur venir en aide dans ces moments-là et c’est sûr qu’on va intervenir avant 72 heures. Mais advenant une crise, nous aussi on a besoin d’un délai pour ‘se revirer de bord’ », conclut-il, quant à l’importance de cette « trousse ».

Ainsi, c’est également sur le site web du canton, dans la section « Hôtel de Ville » et ensuite « Carrière et bénévolat », que se trouvent le formulaire et les coordonnées pour combattre les flammes, voire même « devenir un héros dans sa communauté ».

 

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Crédit : Noé Cloutier