De plus en plus d’intervenants mobilisés contre le racisme

Les jeunes Noirs, de plus en plus nombreux dans le système scolaire franco-ontarien, continuent de se heurter à du racisme. Mais de plus en plus d’intervenants du milieu en sont conscients et développent des pratiques et des outils pour y remédier.
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François Bergeron – IJL – Réseau.Presse – l-express.ca

C’est ce qu’on a entendu, ce samedi 4 février, au premier Forum provincial sur le racisme systémique dans le système scolaire. Organisé par Point Ancrage Jeunesse (PAJ) au campus torontois du Collège Boréal, l’activité a attiré environ 80 personnes sur place et autant en ligne.
Témoignages de jeunes
Plusieurs jeunes y sont venus témoigner de leurs expériences plus ou moins blessantes et démotivantes: incidents apparentés à des « microagressions » ou, plus graves, à du dénigrement et à de l’exclusion.
Plusieurs professionnels du milieu scolaire y participaient :
• intervenants directs en inclusion de la diversité, comme Yves-Gérard Méhou-Loko (commissaire en équité et droits de la personne au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario) et Shondra Mings (agente en équité et droits de la personne au Conseil scolaire Viamonde);
• conseillers itinérants comme Yollande Dweme-Pitta et Céline Duguay du COPA (Centre ontarien de prévention des agressions);
• enseignants comme David Legagneur (initiateur d’un projet d’aide aux jeunes Latinos et Noirs) et Anne Vinet-Roy (la présidente de l’Association des enseignants franco-ontariens).
La consultante en technologie éducative Alice Fomen, retenue par PAJ pour créer en 2023 une plateforme de sensibilisation au racisme anti-Noirs, est venue rendre compte de l’évolution du projet.
Succès

Crédit : François Bergeron

« On aurait souhaité avoir une plus grande présence des conseils scolaires franco-ontariens » au forum, a commenté Yves-Gérard Méhou-Loko en entrevue à l-express.ca. L’ancien animateur de radio à Toronto, puis enquêteur au commissariat aux services en français de l’Ontario, estime que « ce sont des enjeux difficiles, mais urgents ».
Il a toutefois qualifié le forum de « succès », notamment en raison de « la participation de la communauté ».
C’est aussi l’évaluation de la principale organisatrice, Edwige Ngom, fondatrice et présidente de PAJ. « Le succès a dépassé mes espérances », dit-elle, en promettant déjà « une suite ».
« Ce n’est que le début. De belles collaborations sont à venir. »
Équité et inclusion dans nos écoles
« Nous avons parlé beaucoup de ce qui se passe dans les écoles parce que c’est là où tout commence pour nos jeunes », explique-t-elle. Mais des ateliers de PAJ, à l’automne, ont aussi abordé le racisme dans les systèmes de santé, de services sociaux et de justice.
Yves-Gérard Méhou-Loko et Shondra Mings ont tous deux confié qu’ils étaient très occupés dans leur travail, chacun auprès d’une cinquantaine d’écoles. En plus de faire de la formation du personnel et d’élaborer des politiques pour leur conseil scolaire respectif, ils font aussi office de « bureau de plaintes » et doivent mener des enquêtes.
Atmosphère détendue
Tout n’était pas que constatations déprimantes à ce forum. Au contraire même : l’atmosphère était détendue et quelques activités éducatives ludiques étaient au programme.
Le jeu du COPA pour identifier les groupes possédant plus ou moins de pouvoir dans notre société occidentale a suscité son lot de commentaires facétieux.

Crédit : François Bergeron

Outre le racisme, on a aussi épinglé le sexisme et l’homophobie, l’abus de pouvoir et le harcèlement en milieu de travail, le suprémacisme anglo et le « centrisme chrétien », ainsi que le « capacitisme » (discrimination envers les handicapés).
Un plan de match
Darline Drouinaud, coordonnatrice des services à la jeunesse au Centre francophone du Grand Toronto, a proposé aux jeunes d’avoir un « plan de match » pour les occasions où ils sont témoins ou victimes de racisme. Selon elle, « les jeunes devraient identifier d’avance des amis ou alliés à qui se confier ».
Anne Vinet-Roy a salué, elle aussi, « un très bel événemen »… Important parce que les membres de l’AEFO « évoluent dans des milieux où il y a, veut, veut pas, du racisme systémique », tant par rapport aux élèves qu’aux membres du personnel.

Crédit : François Bergeron

Et « nous voulons faire partie de la solution », dit-elle. « Nous voulons être des alliés. »

 

Photos principale : François Bergeron