Skip to content

Julie Dennis a abandonné son entreprise en design intérieur quelle menait depuis 10 ans pour ouvrir une épicerie zéro déchet à Cornwall. Elle a pris le risque douvrir ce type de commerce niché en raison de ses valeurs environnementales.

______________________

Charles Fontaine – IJL – Réseau.Presse Le Droit

 Après trois ans, Mme Dennis peut affirmer avoir réussi son pari: les affaires vont bien et elle rêve sans cesse de nouveaux projets pour son épicerie.

Même après 10 ans d’expérience en entrepreneuriat, elle se lançait dans le vide en ouvrant une épicerie zéro déchet dans une ville de 47 845 habitants, concède la fondatrice du Local Fill. « Il y avait un risque d’ouvrir ce genre de commerce, mais ça valait le coup de l’essayer et de voir la progression. J’entendais ici et là dans la ville des gens qui se disaient de plus en plus conscients de la valeur environnementale de ce qu’on consomme, alors je voyais un besoin. Je me suis lancé, j’ai croisé les doigts et ça a fonctionné ! »

Un sondage mené par Équiterre démontre que l’intérêt augmente face aux achats alimentaires en vrac, mais les consommateurs sont encore timides et ne sont pas confortables de faire leurs courses entièrement de cette façon. Les supermarchés sont fréquentés par 78 % de la population au moins une fois par semaine et 41 % des personnes sondées disent faire des achats en vrac, dont la majorité est des fruits et légumes. Dans cette même enquête, les motivations mentionnées par les adeptes de zéro déchet sont d’ordre environnemental et financier. Les gens qui sont réticents à cette habitude sont inquiétés par l’hygiène et le manque d’option à proximité.

Changement de cap

La mère de famille en avait assez de sa carrière en design intérieur. En voyant passer sous ses yeux tous les matériaux envoyés aux ordures dans le cadre de son métier, une prise de conscience s’est enclenchée chez elle. Elle a voulu apporter son coup de pouce vert. « J’ai demandé un jour à mon conjoint ce qu’il en pensait d’un changement de carrière. Je voulais faire quelque chose de très environnemental et je sentais qu’il y avait un besoin de ce côté-là à Cornwall. »

Pour se lancer dans ce grand projet, elle a été épaulée par Valérie Leloup, propriétaire de Nu Grocery, la seule épicerie zéro déchet d’Ottawa. « Ça m’a aidé à construire la confiance. Il n’y a pas de retour en arrière avec la conscience environnementale, on peut juste aller de l’avant. »

Julie Dennis a commencé prudemment en offrant que des savons et des produits nettoyants en vrac. Son commerce était d’une superficie de 250 pieds carrés. Un an plus tard, elle a démoli un mur pour agrandir l’inventaire.

Dans son espace de plus de 600 pieds carrés, elle vend une grande variété de produits alimentaires en vrac comme des aliments secs, des épices, du café, des produits nettoyants et des produits pour le corps. Elle roule à quatre employés, incluant sa fille et elle-même. La seule investisseuse dans son commerce a placé 15 000 $ pour lancer son bébé, ce qui n’était pas du tout suffisant selon la principale intéressée.

Au lieu de vanter la première épicerie de la sorte à Cornwall en prévision de son ouverture, elle a voulu créer la surprise. Après la naissance de son précieux projet en 2019, elle a misé sur la publicité et les réseaux sociaux pour rejoindre les gens. Sa position rue Pitt, l’une des plus passantes de la ville, a contribué à sa visibilité. Le fait qu’elle partage l’édifice avec un gym augmente aussi l’achalandage.

Nouveautés pandémiques

Les épiceries zéro déchet ont eu la vie dure durant la pandémie. Alors qu’elles surfaient sur une vague environnementale en 2019, les clients ont voulu éviter les achats en vrac avec la mise en place des mesures d’hygiène publique à la venue de la COVID-19. En raison d’une baisse d’achalandage trop importante dans les deux dernières années, Valérie Leloup a dû fermer une de ses deux épiceries à la fin de l’année 2022. L’Association québécoise Zéro Déchet (AQZD) a noté une baisse de 30 % des ventes durant la pandémie à travers la province.

De son côté, Julie Dennis a profité de ce moment pour agrandir son entreprise, notamment par l’instauration d’un système d’achat en ligne. Elle affirme qu’elle n’a pas noté une baisse de clientèle significative. « Ça nous a amené à être plus créatifs au niveau marketing. Les gens continuaient à venir en magasin. Quand ils achètent en ligne, nous le délivrons nous-même. »

Pour respecter les mesures sanitaires, c’est la propriétaire elle-même qui remplissait les contenants de chaque client pour leurs achats en vrac. « On entend souvent que les gens disent que ce n’est pas pratique, mais il y a toujours ceux qui ont l’environnement très à cœur », souligne-t-elle.

Améliorations constantes

Pour mieux servir sa clientèle, elle reste à l’affût de ses besoins. « Ça se passe très bien, nous ajoutons constamment de nouveaux produits. La clé est d’écouter nos clients et de trouver ce qui pourrait les aider dans leur processus vers un mode de vie zéro déchet. Si quatre ou cinq personnes demandent le même produit, nous allons le commander. »

Elle veut profiter de sa cuisine commerciale au deuxième étage pour préparer des repas qui pourront être vendus en vrac. Dans sa ligne de mire se trouvent également des cours de cuisine et des ateliers pour aider les gens vers leurs transitions au zéro déchet. « Tout ce qui touche à la durabilité m’intéresse ! »

Julie Dennis concède qu’il est difficile d’adopter ce mode de consommation, surtout avec des enfants. Sur la page Facebook de The Local Fill, elle partage des vidéos explicatives pour guider sa clientèle. « Je serais la plus grande hypocrite si je ne pratiquais pas le mode de vie zéro déchet. Mais c’est difficile par moment. Dépendamment de votre mode de vie, il y a des moyens de vivre zéro déchet ou de réduire ses déchets. Chez-moi, nous ne voulons pas acheter des produits emballés. Sauf que ma fille aime le yogourt et je ne suis pas rendue au point de faire mon propre yogourt, alors il y a des exceptions mineures. Mais nous avons notre propre jardin, nous mettons des aliments en conserve et nous achetons localement. »

Photos

Julie Dennis, propriétaire de The Local Frill. (Charles Fontaine, Le Droit)

Valérie Leloup, propriétaire de Nu Grocery. (Simon Séguin-Bertrand, Le Droit)