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 La Clinique d’accès rapide à la médecine en toxicomanie (RAAM en anglais) est un service d’accompagnement complet pour les gens qui souffrent de dépendance à l’alcool et aux opiacés seulement. Le programme était attendu par les Services de toxicomanie Cochrane-Nord depuis plusieurs années, mais l’organisme ne pouvait l’offrir à ses clients à cause du manque de médecins pour l’appliquer. 

Une rencontre avec les personnes clés de la Première Nation de Constance Lake a été organisée afin de leur présenter le programme pour qu’elles puissent le partager avec les résidents qui désirent y participer. Myriam Mitron, conseillère en toxicomanie, qui agit à titre de navigatrice pour le bon déroulement, expliquait que les deux substances visées sont celles où un traitement pharmaceutique est reconnu et largement utilisé. L’objectif du programme est d’informer les gens concernant les risques associés à la consommation ainsi que sur la réduction des méfaits que celle-ci peut leur causer, tout en recevant des services de counseling. 

Pour sa part, Shee-Shawn Sutherland agit à titre de navigatrice pour les résidents de Constance Lake lors-qu’il est question de soins de santé. Pour elle, ce programme pourrait être très bénéfique pour la communauté et viendrait réduire le nombre de personnes qui se rendent tous les jours au Centre de traitement des dépendances du Canada pour recevoir leur médication. 

RAAM est un volet du projet pilote de META : PHI. Celui-ci est un pro- gramme de mentorat, formation et outils cliniques pour le traitement de dépendances offert par plusieurs partenaires du domaine de la santé. Financé initialement en 2015 par le programme ARTIC (programme visant à accélérer les soins médicaux qui ont fait leurs preuves), le modèle RAAM a connu un tel succès que d’autres subventions ont été remises à META : PHI afin de le diffuser à l’échelle provinciale. Depuis 2020, ils sont entièrement financés par le ministère de la Santé de l’Ontario. 

L’alcool est la drogue considérée comme étant la plus dangereuse à cesser de façon brutale pour les buveurs excessifs, notamment à cause du délirium trémens qui est un symptôme grave pouvant causer la mort si le patient n’obtient pas de soutien médical immédiat. Pour les personnes dépendantes aux opiacés, les symptômes physiques de sevrage sont désagréables et inconfortables pendant plusieurs jours, mais ne sont pas mortels. Certains symptômes comme les troubles de sommeil, l’anxiété, les sensations de malaises et la fatigue peuvent durer plusieurs mois. L’envie irrésistible de consommer est le seul symptôme qui peut perdurer pendant des années et c’est pour cette raison que les dépendants commencent des traitements de substitution. 

Le programme RAAM offre un traitement du trouble d’usage d’opioïdes à la buprénorphine seulement. C’est le traitement recommandé en premier recours au Canada. Grâce à la portion de naloxone qui est ajoutée au médicament, les risques de sur-doses et d’abus sont largement diminués. Contrairement à la méthadone, le patient doit avoir cessé complètement l’usage d’opioïdes pour commencer ses traitements et ne peut pas continuer d’en consommer par la suite. Son action est plus longue aussi, ce qui accroit l’autonomie du patient. 

L’approche holistique permet d’obtenir un retour d’appel en 48 heures afin de prendre rendez-vous avec Myriam pour l’ouverture du dossier. Des services de counseling d’évènements traumatiques sont aussi disponibles en plus des services régulièrement offerts par Mme Mitron. Par la suite, les participants auront des rencontres en télémédecine avec le Dr Pierre Plamondon de Kapuskasing, qui sera en mesure de prescrire leur médication. 

L’avis médical est nécessaire puisque plusieurs des médicaments dans le programme peuvent affecter le foie. « Il est certain que nous sommes dans la phase d’essai, si la demande devient trop grande, nous allons devoir trouver un autre médecin ou une infirmière praticienne pour y répondre », explique Mme Mitron. 

Les patients doivent vouloir recevoir les services et être dans un état stable. « Nous ne traitons pas les problèmes de santé mentale aigus ou la gestion de sevrage aigu et nous ne faisons pas de soins primaires. En revanche, nous avons une entente avec l’Hôpital Notre-Dame de Hearst afin qu’un lit soit disponible pour commencer la désintoxication aigüe sous supervision médicale », ajoute-t-elle. 

Le service gratuit peut être arrêté à tout moment par le patient et la plupart des médicaments qui sont prescrits par le médecin sont couverts par Trillium, le programme de médicament de l’Ontario ou les régimes d’assurance. Les mots à retenir selon elle sont « court terme ». Les gens qui veulent continuer la thérapie après la période allouée de six à neuf mois seront redirigés vers les bonnes ressources. 

Cette nouvelle approche permettra au patient de passer directement à des soins de santé pour sa dépendance sans l’entremise d’une référence de la part d’un docteur ou d’une infirmière praticienne. Un plan de traitement sera établi par Mme Mitron et le patient guidera la suite des soins selon ses préférences. La cessation des autres drogues qui ne sont pas dans le programme n’est pas obligatoire non plus. 

Photo : Renée-Pier Fontaine