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ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

Le gouvernement ontarien a décidé de se tourner vers les cliniques privées pour réduire les longues listes d’attente pour des milliers d’opérations et de diagnostics.

Le gouvernement Ford a confirmé lundi que la province élargira le recours au privé pour la fourniture de soins de santé.

Les Ontariens pourront recevoir des opérations de la cataracte, des remplacements de la hanche et du genou, par exemple, dans les cliniques privées de la province.

Éventuellement, les patients pourront aussi recevoir des examens diagnostiques par IRM et tomodensitométrie.

« Les Ontariens continueront à avoir accès à des soins grâce à leur carte santé, pas leur carte de crédit », a assuré le premier ministre Doug Ford en conférence de presse.

Il a précisé que l’idée est de réduire l’arriéré d’interventions chirurgicales et de procédures et que les patients n’auront rien à débourser pour ces soins, « sauf les frais de stationnement ».

Le plan

Le gouvernement misera sur un plan en trois étapes.

La ministre de la Santé Sylvia Jones a indiqué lundi matin que dans le cadre de cette première étape, la province ajoutera 14 000 chirurgies de la cataracte, vu qu’actuellement, les temps d’attente pour ces opérations sont « parmi les plus longs ».

La province a annoncé de nouveaux partenariats avec des établissements de santé à but lucratif d’Ottawa, de Windsor, de Kitchener-Waterloo, et vise à octroyer plus de 18 millions à des cliniques privées à travers la province.

Ce financement doit permettre de rattraper 25 % de l’arriéré actuel sur la liste d’attente pour une opération de la cataracte, mais aussi 1000 chirurgies gynécologiques et 49 000 heures de services d’imagerie diagnostique; tous des services qui seront offerts par le secteur privé.

Cette étape couvrira aussi certaines chirurgies ophtalmiques et plastiques.

D’ici mars, la province devrait être de retour aux temps d’attente existants avant le début de la pandémie pour ces opérations médicales, estime le gouvernement Ford.

La deuxième étape du plan consistera à élargir la portée des établissements chirurgicaux et diagnostiques à but lucratif et inclure plus de colonoscopies et endoscopies.

« Commençant dès 2023, ces procédures seront non urgentes, à faible risque et peu invasives et, en plus de raccourcir les temps d’attente, elles permettront aux hôpitaux de concentrer leurs efforts et leurs ressources sur des chirurgies plus complexes et à haut risque », a déclaré Doug Ford.

La province déposera un projet de loi en février, pour sa troisième étape, afin d’inclure plus de tests d’imagerie diagnostique et de chirurgies de la hanche et du genou dans des cliniques privées à partir de 2024.

Inquiétudes

Mais des inquiétudes ont été soulevées par rapport aux répercussions que risque d’avoir le plan de la province sur les hôpitaux publics.

La nouvelle cheffe pressentie du NPD ontarien Marit Stiles est convaincue que la crise dans le système de santé de l’Ontario « a été créée » par le gouvernement Ford afin de générer un plus grand appétit pour le secteur privé.

Lors d’un point de presse suivant l’annonce du gouvernement, Marit Stiles a soutenu que le plan de la province ne permettra pas aux Ontariens de recevoir de l’aide plus rapidement, et qu’au contraire, il risque d’encourager le personnel de la santé œuvrant dans le système public à se tourner vers le privé.

Mesures

La ministre de la Santé Sylvia Jones a balayé ces craintes de la main, martelant qu’il faut réduire les listes d’attente.

Elle a réitéré les mesures de son gouvernement visant à attirer le personnel de la santé dans le système ontarien, mais n’a pas expliqué comment la province répond à la pénurie de main-d’œuvre dans les hôpitaux publics.

Le plan de la province se veut permanent et le premier ministre Doug Ford a confirmé que son gouvernement ne cessera pas d’avoir recours au privé une fois que les arriérés auront été éliminés.

« Ce qui m’inquiète vraiment, c’est de voir l’incapacité de Doug Ford et de Sylvia Jones à répondre aux questions à propos des possibilités de ventes incitatives dans les cliniques privées, et comment ce sera réglementé », a lancé Marit Stiles.

Le débuté libéral Adil Shamji, un médecin urgentiste, est d’accord.« Ils n’ont offert aucune protection contre les profiteurs », a-t-il déploré.