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Comme tous les mois de mars, la francophonie s’est invitée dans l’actualité canadienne. Et au moment où le gouvernement de Justin Trudeau tient mordicus à moderniser la Loi sur les langues officielles, la question de la diminution du fait français a évidemment refait surface. Y compris à Orléans.

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André Magny – IJL – Réseau.Presse – L’Orléanais

Même si parfois on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres, en général ils ne mentent pas. C’est leur interprétation qui peut parfois différer d’un point de vue à un autre. En ce qui concerne Orléans, les deux derniers recensements canadiens de 2016 et 2021 montrent clairement une diminution de quelque 3,5  % des francophones.

Pour Nicole Fortier, la présidente de la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO), même si celle-ci est préoccupée par une telle statistique, cela ne veut pas dire selon elle « que les gens s’intéressent moins au français ». Certes, selon Mme Fortier, il est clair que « les efforts sont essentiels pour maintenir la langue vivante ». À cet égard, selon elle, la présence de plusieurs écoles primaires et secondaires est significative de la vitalité du fait français à Orléans.

De son côté, la professeure titulaire à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, Carole Fleuret, est d’avis que cette chute des francophones est due à divers facteurs. « La population vieillit, il y a moins d’enfants », mentionne la spécialiste du plurilinguisme. Elle ajoute aussi à l’autre bout du fil que les politiques d’immigration en matière de francophonie ne sont pas toujours très claires… certains étudiants africains francophones en faisant parfois les frais en matière de visas pour venir étudier à Ottawa.

Quant au Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), par la plume de son directeur Arash Mohtashami-Maali, celui-ci se dit « préoccupé par le déclin du français à Orléans tout autant que dans l’ensemble de la francophonie canadienne. » Selon lui, les yeux des francophones du Canada sont tournés vers « la révision et le renouvellement de la Loi sur les langues officielles », afin que le français soit davantage valorisé. De plus, M. Mohtashami-Maali ajoute « qu’un plus grand effort doit être fait envers les francophones en situation minoritaire : revoir les programmes existants, bonifier les budgets en apportant de l’aide supplémentaire pour l’augmentation et le renouvellement des infrastructures existantes. »

En tant que députée fédérale d’Orléans, Marie-France Lalonde se sent évidemment interpelée par la diminution de francophones dans son comté. Si elle reconnaît que le poids relatif de ceux-ci diminue au sein d’une circonscription en pleine croissance, elle ajoute du même souffle que des mesures sont prises pour soutenir les institutions communautaires d’Orléans. C’est le cas, selon Mme Lalonde avec le Fonds pour les espaces communautaires. Celui-ci offre du financement aux communautés de langue officielle en situation minoritaire pour des projets de construction de nouveaux espaces communautaires et culturels.

L’accueil d’une francophonie diversifiée

Certains sont sans doute plus optimistes que d’autres par rapport à la francophonie orléanaise comme c’est le cas avec Matthew Luloff. Le conseiller municipal voit notamment dans la présentation en février dernier à Orléans de la remise des prix Bernard Grandmaître de l’ACFO Ottawa la preuve d’un engagement francophone fort. Pour lui, les récents lauréats marquent « la collectivité francophone de la région de la capitale par leur engagement et leur leadership dans la promotion et le développement de la communauté franco-ontarienne » dans les domaines de la santé, de l’éducation et du milieu des affaires.

Cependant, la majorité des intervenants contactés ont mentionné l’importance d’accueillir à Orléans une francophonie diversifiée. Alors que la députée Lalonde rappelle que le gouvernement de l’Ontario a atteint sa cible de 5 % d’immigrants francophones en 2022, la professeure Fleuret répète qu’il faut « des politiques plus rapides, plus efficientes » pour les immigrants francophones « afin qu’ils puissent développer un sentiment d’appartenance » à la communauté franco-ontarienne.

Pour sa part, le directeur du MIFO est convaincu que le gouvernement doit investir « encore plus dans une immigration francophone à l’extérieur du Québec. Nous joignons notre voix à celle de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) et pensons que le gouvernement devrait augmenter sa cible en matière d’augmentation de l’immigration francophone en dehors du Québec. »

Même son de cloche pour Nicole Fortier qui croit sincèrement qu’Orléans est une communauté d’accueil qui attire vers elle « des gens qui viennent nous appuyer, nous épauler ». D’ailleurs, le projet d’un parc axé sur la francophonie que la SFOPHO est en train de concocter fera une place de choix « à l’apport essentiel de la nouvelle francophonie » comme le mentionne Madame la Présidente.