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L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a organisé une journée de la santé en français en collaboration avec le Consortium national de formation en santé (CFN). Le but de ce sommet était de recueillir des recommandations pour offrir de meilleurs services en français et d’écouter des histoires à succès de partout au pays. Une délégation de Hearst y était, l’équipe d’accueil de l’Université de Hearst, mais aussi le président de l’AFO lui-même, Fabien Hébert.

Les équipes prennent en note l’information des autres organismes afin de pouvoir trouver de nouvelles stratégies applicables à leur situation. L’histoire qui a le plus touché M. Hébert lors des témoignages qui ont été faits par des gens issus de l’Immigration, c’est « qu’un médecin, un neurologue, qui vient d’un pays africain, mais qui a étudié en France, a immigré au Canada pour sa famille… se retrouve à être préposé aux soins malgré sa formation comme neurologue. Il a gradué en France, ce n’est pas un pays où l’on conteste les qualifications. Il n’a pas la possibilité pour l’instant de faire reconnaitre son dossier, il faudrait qu’il refasse sa médecine. »

Ironiquement, avec la médecine à distance, il peut exercer sa profession de neurologue en France, à partir de chez lui. M. Hébert ajoute que des histoires comme celle-là, il y en a plusieurs. Ces gens viennent s’installer au Canada, c’est ce qu’on appelle de l’immigration économique puisqu’ils sont parmi ceux qui sont capables de subvenir à leurs besoins. Mais les ordres professionnels et la bureaucratie font en sorte que ça peut prendre de trois à cinq ans avant d’obtenir un emploi comme celui occupé précédemment. « Le pharmacien me disait que pour faire évaluer son dossier, l’étude de ses compétences, en Ontario ça lui coutait 18 000 $. Il n’y a pas de garantie, c’est ce montant-là juste pour faire regarder ton dossier, et c’est un processus de deux ans et demi avant d’avoir complété toutes les évaluations sans savoir s’il faudra refaire sa formation. Au Manitoba, ces frais sont de 7 000 $, c’est un peu plus raisonnable, mais pendant ces deux ans-là, quand tu attends que ton évaluation soit faite, tu dois te trouver un emploi. Et tu fais quelque chose pour lequel tu n’es pas nécessairement qualifié. »

Les obstacles sont nombreux pour ceux qui quittent leur pays pensant venir s’établir au Canada et vivre une nouvelle vie en exerçant leur profession. M. Hébert souligne que l’un de ces obstacles est le processus par lequel il faut passer pour faire reconnaitre ses diplômes. La complexité et les délais font en sorte que plusieurs se découragent avant même d’avoir terminé leurs démarches.

Des francophones s’installent de plus en plus au Manitoba et dans l’Ouest canadien, alors que traditionnellement le Québec a toujours été l’endroit de prédilection pour l’immigration francophone au pays. « Leur processus d’intégration est relativement lent aussi au Québec. Un homme d’Edmundston me disait qu’en arrivant au Canada, il s’était dirigé vers Montréal, mais qu’après trois ou quatre mois a réalisé qu’au Nouveau-Brunswick ça serait beaucoup plus rapide. » Au Manitoba, des réseaux de communautés accueillantes ont été implantés pour faire de la province un endroit de choix pour les divers professionnels venant de l’international. Dès leur arrivée à l’aéroport, ces gens sont reçus par des représentants d’agences qui les guident et leur présentent une liste de communautés francophones accueillantes. Et ce que Fabien Hébert déplore, c’est que des municipalités comme Hearst et Kapuskasing ne se retrouvent pas sur cette liste.

Le sommet sur la santé a été une circonstance favorable pour l’AFO de parler d’actions et de solutions possibles. En plus des centaines de leadeurs présents, certains politiciens étaient également de la partie. M. Hébert a ainsi pu discuter avec le sous-ministre de la Santé, le sous-ministre des Affaires francophones, le PDG de Santé Ontario. « Ç’a été une très bonne réussite pour l’AFO. Dans les prochains mois, les gens feront des recommandations à propos de ce qu’on a besoin et comment on veut aller de l’avant avec ce système de santé là en Ontario pour les francophones. C’est dans notre ligne de mire : nous visions à produire d’ici le mois de septembre un document, un livre blanc, les mémoires avec les recommandations du groupe qui s’est rencontré. »