Skip to content

Lors de la construction du National Transcontinental, la commission a désigné Hearst comme centre divisionnaire. Un train national arrive de l’ouest et, ensuite, un autre arrive de l’est. Les engins à vapeur embarquent sur la rotonde ferroviaire qu’on tourne à 180 degrés et deux jours plus tard reprennent la route. L’engin de l’est retourne vers l’est avec les wagons qui viennent de l’ouest et l’engin de l’ouest retourne vers l’ouest avec les wagons qui viennent de l’est. Cela veut dire que les passagers doivent passer deux jours à Hearst en attendant le train. Ceux qui peuvent se le permettre louent une chambre à l’hôtel et reprennent le train tout bonnement deux jours plus tard. C’est très bon pour l’économie de Hearst. Durant l’été, cependant, il n’y a pas seulement les wagons de passagers qui transportent des voyageurs. Le train est rempli de clochards (hobos) et de personnes sans travail qui se déplacent vers l’ouest pour se trouver de l’ouvrage durant le temps des récoltes, ou tout simplement pour voir le pays. Il s’agit bien sûr de gens qui ne payent pas pour voyager. Il y en a aussi sur l’Algoma Central. La plupart d’entre eux ne peuvent pas se payer une chambre d’hôtel et couchent dehors près du chemin de fer en attendant le prochain train.

C’est ainsi que la région juste à l’ouest de la gare et au sud du chemin de fer devient reconnue comme « la jungle ». Plusieurs clochards sont des personnes qui ont des troubles mentaux, qui fuient les guerres d’Europe, qui sont alcooliques, qui cherchent du travail, etc. Plus tard, on y retrouve aussi des gens de la population itinérante de Hearst, des bucherons qui ont dépensé tout leur argent et qui attendent la reprise du travail avec les compagnies de bois ou qui, tout simplement, ne trouvent pas d’emploi.

Les policiers de chemins de fer font plusieurs arrestations, mais il est impossible de les arrêter tous. Les gens du village sont en général tolérants, surtout lorsque ces gens viennent cogner à la porte pour de la nourriture ou de l’argent. Plusieurs sont aussi ridiculisés et maltraités.

Avec les années, la sécurité sur les chemins de fer s’améliore et beaucoup moins de personnes peuvent voyager sans payer. En plus, les compagnies de bois s’équipent de mieux en mieux pour traverser les saisons mortes, le travail devient beaucoup plus annuel et la population itinérante est réduite considérablement avec de meilleurs salaires. Vers la fin des années 60, il ne reste que quelques alcooliques locaux qui se réfugient dans « la jungle » avec leurs bouteilles de Kataba et de Baby Duck pour ne pas dire leur vin de pissenlit, de patate, en fait tout ce que dans le temps on appelait des bouteilles de « gouffe ».

Photo : Canva