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De retour à Queen’s Park cette semaine, l’équipe de Doug Ford a déposé mardi son projet de loi permettant aux cliniques privées d’offrir certaines chirurgies et procédures aux frais des contribuables ontariens. Le gouvernement estime que c’est la façon de faire pour réduire les arriérés chirurgicaux et les temps d’attente, mais c’est très loin de convaincre l’opposition et les institutions publiques.

Selon le projet de loi, le gouvernement paierait des cliniques indépendantes pour effectuer, entre autres, des chirurgies de la cataracte et gynécologiques, les IRM, ainsi que des arthroplasties du genou et de la hanche.

L’opposition à Queen’s Park a questionné le gouvernement à savoir qui s’occupera de l’inspection des établissements privés. « Ce plan n’est pas suffisamment transparent ou responsable, on ne sait même pas qui inspectera et règlementera les cliniques », déplore la cheffe du NPD, Marit Stiles. « Pour autant que je sache, il n’y a pas de surveillance. Il y a la promesse d’une certaine surveillance, parfois, quelque part ! »

La plus grande crainte du secteur public, c’est la rétention de personnel. On craint que la province ouvre la porte au secteur à but lucratif, sans proposer de mécanismes clairs pour prévenir un exode des travailleurs du public vers le privé.

Argent manquant

Le député de Mushkegowuk-Baie James va plus loin en indiquant que le gouvernement de Doug Ford prépare le chemin du privé depuis longtemps. « Dans le dernier budget de la province de l’Ontario, 1,1 milliard de dollars étaient destinés à la santé et cet argent-là n’a pas été dépensé. C’est de l’argent des contribuables qu’on parle. Le gouvernement est prêt à dépenser quatre à cinq fois plus pour des agences privées et on s’entend que cet argent-là s’en va aux actionnaires, au lieu de prendre cet argent-là et la donner aux centres de santé publique et aux infirmières. »

Bien que la cour de l’Ontario ait jugé le projet de loi 124 anticonstitutionnel, Ford tente d’apporter la cause en appel. Ce projet de loi impose aux employés du gouvernement une augmentation salariale de 1 % par année. « Pourquoi on s’acharne sur ce projet de loi là, qui va au détriment de payer les infirmières, et ajouter le monde de l’éducation ? On dit qu’on gère bien la province, mais on paie plus cher pour le même service », ajoute M. Bourgouin. Pour le député néodémocrate, le jeu des conservateurs est très clair : implanter le privé en province. « En passant, oubliez ça, il n’y en aura pas de cliniques privées dans le Nord, ça va tout être à Toronto, ça veut dire qu’on va être s à se déplacer encore. »

Il y a quelques semaines, cinq grands syndicats du secteur de la santé de l’Ontario demandaient au gouvernement Ford de ne pas aller de l’avant avec son plan visant à réduire le financement des soins hospitaliers publics de la province pour augmenter celui des cliniques chirurgicales privées à but lucratif. « Chaque résident de la province devrait s’inquiéter que notre gouvernement crée un système à deux niveaux où ceux qui peuvent payer de leur poche sauteront la file d’attente pour recevoir leur chirurgie et leur traitement en premier », pouvons-nous lire dans le communiqué de presse de Bernie Robinson, présidente intérimaire de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario. « Les infirmières et les employés de la santé ont besoin de plus de soutien et d’un meilleur financement dans le système public, et non d’un plan qui détournera les dollars publics vers les actionnaires privés. Les infirmières demandent au premier ministre Ford d’abandonner ce plan désastreux et d’investir dans le système public pour assurer l’accès aux soins de santé à tous. »

Retarder les projets

Les couts élevés pour l’embauche d’une infirmière au privé pourraient même faire retarder des projets. « On parlait de 60 nouveaux lits à Kapuskasing et quand j’ai parlé aux gens du foyer de longue durée à Kap, ils m’ont dit qu’à cause des agences privées qui chargent tellement cher, ça peut retarder le projet. Le privé va retarder le projet d’un autre privé », explique Guy Bourgouin. « J’espère que le monde voit très clair là-dedans ! Tout le monde disait au gouvernement de ne pas jouer avec les salaires du personnel hospitalier. Pas juste l’opposition officielle, les hôpitaux, les syndicats et les personnes-ressources disaient d’enlever le projet de loi 124 et Doug Ford et sa gang font carrément le contraire. »