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Les récentes nouvelles alléguant un cas d’espionnage d’un ex-chercheur d’Hydro-Québec au profit de la Chine ainsi qu’un contrat entre la Gendarmerie royale du Canada et une entreprise de communication chinoise ont suscité un tollé chez plusieurs Canadiens. La question se pose donc : quels sont les intérêts à vouloir espionner le Canada ?

« On n’est pas une menace militaire, mais on a plusieurs richesses », raconte Yan Plante, vice-président de l’agence de relations publiques TACT. « On a des ressources naturelles qui sont stratégiques et on a beaucoup de connaissances. On est un pays qui a des gens éduqués, on est de bons innovateurs, on développe plusieurs technologies, alors c’est surtout à cet égard-là qu’on devient vulnérable et que plusieurs pays nous espionnent. »

Contrairement aux archétypes hollywoodiens tels que James Bond et Jason Bourne, ces cas d’espionnage ne ressemblent pas aux aventures d’individus en veston, armés de gadgets et d’un martini « shaken, not stirred ». Tout bonnement, ces méfaits sont effectués via les simples moyens informatiques, comme s’il s’agissait d’un emploi de 9 à 5.

« Il y a des gens qui font ça dans la vie, qui tentent d’aller chercher des secrets industriels. Ils tentent de comprendre les stratégies du gouvernement, où sont placées ses ressources naturelles, etc. », explique M. Plante.

Une fois les secrets obtenus, les ravisseurs peuvent alors développer leur « propre technologie » et la vendre sur les marchés internationaux à prix réduit. Ce marchandage peut potentiellement venir déranger l’économie d’un pays et entrainer des conséquences pour des entreprises locales.

Une autre raison pour laquelle le Canada pourrait être la cible d’espionnage se trouve au sud de la frontière. Étant voisin des États-Unis, pays considéré comme une grande puissance mondiale, il peut être préférable de tenter de contourner le système américain.

« Des fois, essayer d’entrer par le système canadien pour obtenir de l’information sur les États-Unis c’est peut-être moins risqué que de le faire de front », dit-il.

Il évoque un exemple similaire il y a quelques années, où les États-Unis avaient espionné Angela Merkel, la chancelière allemande, en entrant par les systèmes informatiques du gouvernement du Danemark.

L’espionnage politique existe, renchérit l’analyste, le Canada fait aussi de l’espionnage. Il ne sert à rien de faire semblant que ça n’existe pas, mais le Canada est généralement bien intentionné, selon lui. « [Le Canada le fait] surtout pour sa sécurité nationale et pour détourner des attentats terroristes potentiels », explique-t-il. « En revanche, il y a des pays un peu moins bien intentionnés qui vont jusqu’à ce qu’on appelle de l’espionnage industriel, et là essayent vraiment d’obtenir des secrets et des plans stratégiques de nos grandes entreprises ou de nos gouvernements. »

Dans un texte rédigé pour L’actualité, M. Plante raconte son expérience personnelle alors qu’il était chef de cabinet pour l’ancien ministre fédéral des Transports, Denis Lebel. Il dit qu’en tant que fonctionnaire gouvernemental il y avait des « lignes de conduite » à suivre pour éviter le risque de se faire espionner.

« Par la force des choses, les moyens de transport et les infrastructures sont souvent la cible de menace terroriste. On m’avait dit que la seule façon de s’assurer qu’une conversation n’était pas sous écoute c’était de fermer nos cellulaires, les laisser dans une pièce, d’aller marcher dehors et se chuchoter à l’oreille, et encore là ce n’était pas certain. »