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Depuis plusieurs années, les partis politiques, les élus, les non-élus et les citoyens demandent des changements au niveau de la représentativité selon les résultats des votes lors des campagnes électorales provinciales et fédérales. Pour effectuer cet exercice, devenez neutre : les noms des partis, des chefs ou de leurs idéologies n’ont aucune importance. Avant les années 2000, la politique se jouait entre les rouges et les bleus. Aujourd’hui, des dizaines de partis politiques existent et selon les provinces, ils sont assez populaires pour aller chercher au moins un siège ou obtenir un pourcentage de votes significatif. C’est sans compter les candidats indépendants.

Avec le système actuel des comtés, un siège ne peut plus fonctionner avec autant de partis politiques. Les gouvernements ont tout intérêt à procéder à des changements puisqu’ils en ont le pouvoir. Et, c’est justement là que le bât blesse. Les partis politiques obtenant la majorité grâce au système en place ne sont pas pressés d’entamer le processus. Prenons la dernière campagne électorale de l’Ontario.

À la lumière de ces résultats, pourquoi un parti politique peut-il obtenir tous les pouvoirs alors que plus d’un citoyen sur deux n’a pas voté pour ce parti ? L’autre inégalité se retrouve entre les néodémocrates et les libéraux. Les rouges ont obtenu plus de votes, mais terminent avec moins de députés à Queen’s Park.

Cette semaine au Québec, les écarts sont encore plus importants entre les partis.

L’écart entre les quatre partis de l’opposition est très mince, mais l’un d’eux a 21 sièges et un autre, Québec solidaire, a 1 % plus de votes que les libéraux, mais 10 sièges de moins ! Les conservateurs ont 1,5 % moins de votes que les libéraux, mais pas de siège. Si le vote de chaque électeur comptait vraiment, le gagnant serait le même, mais il serait suivi de Québec solidaire, du Parti Québécois, des libéraux et des conservateurs. En Alberta en 2019, le parti Alberta Party a récolté 9,1 % des votes sans obtenir de siège.

Et pour terminer, au fédéral, la distorsion de la représentativité est beaucoup plus flagrante. Toutefois, contrairement aux provinces, un élément de plus est à considérer puisqu’il ne faut pas permettre à la province la plus populeuse de décider du parti au pouvoir.

On répète souvent que chaque vote compte ! C’est beaucoup moins vrai au fédéral. Le parti politique ayant reçu le plus de votes lors de la dernière élection n’est même pas au pouvoir. Comment justifier qu’avec 7,6 % des votes, le Bloc Québécois a 32 sièges alors que le NPD avec 17,8 % des votes se retrouve avec 25 sièges ? Les verts ont obtenu deux sièges avec 2,3 % des votes alors que le Parti populaire du Canada n’a aucun siège avec 5 % des votes.

Changer de formule

Justin Trudeau avait promis d’apporter des changements au scrutin lors de son premier mandat, mais la complexité du processus a fait reculer tout le monde, même les partis de l’opposition. La même chose s’est passée au Québec lors du premier mandat de François Legault : il avait promis une réforme, mais elle n’est pas venue.

Pourquoi c’est si compliqué ? Parce que la population ne s’intéresse pas à la politique. Si la politique ne touche pas directement le portefeuille des contribuables, ils ne sont pas intéressés. Et, malheureusement, une grande partie de la population sait à peine comment fonctionne la formule actuelle, donc imaginez essayer de leur expliquer une réforme ! Un changement pourrait peut-être intéresser plus de personnes à se rendre aux urnes. Cette semaine au Québec, 66,1 % de la population a voté ; en 2019, 67,5 % des Albertains se sont déplacés pour voter ; à la dernière élection fédérale, 62,3 % des contribuables canadiens ont accompli leur devoir de citoyen ; et finalement, la honte du pays, seulement 43,7 % des Ontariens ont participé à la dernière élection.

En moyenne, deux personnes sur trois votent au Canada. Personnellement, je ne peux pas comprendre qu’il n’y ait même pas une personne sur deux à avoir participé à l’effort électoral en Ontario. Probablement puisque les conservateurs étaient certains de gagner, plusieurs personnes ont préféré demeurer chez eux. C’est pour cette raison qu’on doit changer les choses. Il faut donner plus d’importance à chaque vote.

Chez nos voisins états-uniens, on profite de ce moment pour consulter la population. Il est évident qu’il ne faut pas rendre le vote interminable, mais pourquoi ne pas poser de deux à quatre questions sur les sujets chauds du pays ? On pourrait, par cette façon, éliminer de faux débats. Exemple : Êtes-vous pour ou contre l’avortement ? Êtes-vous pour ou contre le retour de la peine capitale ? Êtes-vous pour ou contre le droit de vote à l’âge de 16 ans ? Sans devenir un référendum, les politiciens pourraient utiliser ces nouvelles données pour prendre des décisions. La politique est malade au Canada. Un changement s’impose et rapidement. Il n’y a pas de solution miracle et on ne trouvera jamais l’unanimité, mais il faut donner l’impression aux citoyens canadiens de faire une vraie différence en se rendant aux bureaux de vote.

Steve Mc Innis

Photo : apologeticscanada.com