Dans les années 50, tous les planchers de notre nouvelle maison, incluant les escaliers, sont couverts de prélart. Une fois par mois, ma mère cire le prélart. Lorsqu’elle étend la cire sur le prélart, il faut frotter pour qu’elle s’étende de façon lisse et constante. Aujourd’hui, notre mère décide de se servir des deux plus jeunes, Serge et Marielle pour l’aider. Du moins, c’est ce qu’elle croit. Écoutons ce qui se passe.
Antoinette :
« Marielle et Serge, vous allez mettre des bas de laine et vous allez glisser partout sur le prélart, là où j’ai ciré. » Marielle et Serge se regardent et n’en croient pas leurs oreilles.
Serge : « Mom, tu veux qu’on mette des bas de laine et pis qu’on court et pis qu’on glisse sur le plancher ? » Marielle : « Mais Mom, tu nous punis pour faire ça, d’habitude ! »
Antoinette : « Oui c’est vrai, mais aujourd’hui il faut étendre la cire sur le plancher et c’est la meilleure façon de la faire. » Serge et Marielle mettent des bas de laine. Marielle commence. Elle court trois pas et se laisse glisser jusqu’aux armoires dans la cuisine.
Marielle : « Y qu’ç’est le fun ! »
Serge : « Okay, c’est à mon tour. »
Serge part de la cuisine, court quatre pas et se laisse glisser. Il n’a pas, cependant, planifié son trajet. Arrivé à la salle à manger, il frappe la table et disparait en dessous parmi les pattes des chaises. Antoinette arrive en courant.
Antoinette : « T’es-tu fait mal ? »
Serge : « Non, non, Mom. J’me suis juste cogné un peu sur une patte de chaise. On peut-tu mettre les chaises sur la table. Elles sont dans le chemin. »
Antoinette : « Okay, mais faites attention. » En plaçant les chaises sur la table, Marielle rit encore.
Marielle : « Ha, ha, ha, ha ! T’as pris toute une débarque hein ! »
Serge : « Arrête de rire de moé, sal… »
Marielle : « Okay. Watch bin ça. Elle court trois pas et se lance encore une fois jusque dans la cuisine. »
Serge : « Ça c’est rien. Watch bin ça. » Cette fois-ci, il part du même côté que Marielle. Il court trois pas, lève une patte et se met à glisser sur l’autre patte. La patte qui est dans les airs frappe le poêle à bois en passant et Serge roule sur le dos jusqu’aux pieds de sa mère qui a de la misère à s’empêcher de rire.
Antoinette : « T’es-tu fait mal ? »
Serge : « Non, non, Mom. » (Il se lève en boitant.)
Antoinette : « Montre-moi ton genou. »
Serge : « Mais non, Mom. C’est juste une petite poque. Y’a rien là. »
(En regardant Marielle) : « Et pis toé arrête de rire. » Le genou lui fait mal, mais il ne veut surtout pas que sa mère les arrête de jouer.
Marielle : (En riant) « Okay, on continue. » Après une heure de glissades et quatre ou cinq chicanes, chacune suivie de mille-et-une promesses à Maman, il est temps d’aller se coucher.
Antoinette : « N’oubliez pas vos prières avant de vous coucher. »
Marielle : « Okay, Mom. » Elle se tourne vers Serge. « C’était le fun hein ? »