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Le 7 mars 1940, ma mère s’aperçoit que le temps de mettre son troisième enfant au monde approche. Nous sommes à deux milles et demi du village. L’hôpital est à plus de 10 milles du village. Nous n’avons pas d’auto, d’ailleurs les chemins ne sont pas ouverts. Le seul moyen de transport est le traineau tiré par le chien. Mes parents n’ont pas de choix. Mon père attelle Miraud. Maman et papa s’installent dans le traineau avec des grosses couvertures de laine et ils partent pour l’hôpital. C’est un voyage d’au moins deux heures. Ce n’est pas le grand luxe. On peut toujours essayer d’imaginer la situation : dans les douleurs de l’enfantement, assise dans un traineau étroit qui risque de verser à tout moment, dans un chemin tortueux et non battu. C’est de la grosse misère… Tante Rachel, la sœur de mon père, était venue de Québec pour passer l’hiver chez nous pour aider ma mère quand le nouveau petit bébé allait arriver. C’est donc elle qui nous a gardés, Paul et moi, pendant le séjour de ma mère à l’hôpital. Habituellement, dans ce temps-là, la nouvelle maman demeurait à l’hôpital pendant une semaine.

Quand mes parents sont arrivés à l’hôpital, ma mère est entrée à l’intérieur pendant que mon père s’assurait que Miraud était bien attaché, en sécurité. Quand maman a dit à l’infirmière qu’elle était venue du Lac Ste-Thérèse en traineau tiré par un chien, cette dernière voulait que ma mère retourne dans le traineau pour prendre une photo. N’allez pas imaginer que maman était d’accord de retourner dehors…

Je ne me souviens pas si mes parents ont déjà dit comment ils sont retournés à la maison. Je suppose que ce fut le même moyen de transport. Toi, Bruno, t’en souviens-tu ?

Thérèse Germain St-Jules

Photo : printablefreecoloring.com