358,65 $ de taxi pour un trajet de 6 kilomètres payé par le WSIB ?

Une personne de Hearst devant se rendre à l’hôpital pour un rendez-vous à la suite d’un accident de travail a été transportée par un taxi de Kapuskasing. La blessure à la jambe de la personne en question ne lui permettait pas de conduire elle-même et encore moins de marcher. Pour accomplir un trajet de six kilomètres, le WSIB a déboursé plus de 300 $ pour les six kilomètres qui séparaient le patient du centre hospitalier. 

Nous appellerons cette personne Mme X, puisque connaitre son nom ne changera rien à l’histoire et pourrait lui attirer des ennuis inutilement. Donc, après un accident de travail très douloureux, Mme X a dû subir une opération au genou se terminant avec une plaque de métal, des vis et un plâtre pour plusieurs semaines, et c’est maintenant l’heure de la physiothérapie. 

N’ayant pas d’option pour se rendre à son rendez-vous par elle-même, Mme X fait une demande auprès du WSIB qui lui avait très bien spécifié de communiquer avec eux en cas de besoin puisqu’il s’agit d’une assurance. Après une discussion au téléphone avec un agent du WSIB, il lui dit de ne pas s’inquiéter puisqu’on s’occupait de tout. Mme X a même pris le temps de mentionner à la personne au bout du fil qu’il n’y avait pas de service de taxi à Hearst, mais un autobus communautaire. 

À sa grande surprise, Mme X reçoit finalement la confirmation qu’elle sera conduite à l’hôpital de Hearst sans problème pour son rendez-vous puisqu’un taxi de Kapuskasing sera chez elle à une certaine heure, l’amènera à l’hôpital et l’attendra pour la reconduire chez elle après son rendez-vous. L’interlocuteur a même mentionné avoir obtenu une approbation de sa direction puisqu’une autorisation est nécessaire pour toute somme de plus de 200 $. 

Après avoir téléphoné pour s’assurer des prix, les taxis à Kapuskasing démarrent leur compteur à 6,25 $, chargent 1,45 $ par kilomètre et un montant fixe de 45 $ de l’heure pour attendre. 

Partir de Kapuskasing 

1- Frais de départ 6,25 $ 

2- Kapuskasing à Hearst aller- retour 200 kilomètres 290 $ 

3- De chez Mme X à l’hôpital, six kilomètres 8,70 $ 

4-Rendez-vous en physiothéra-pie, une heure d’attente 45 $ 

5- De l’hôpital à chez Mme X, six kilomètres 8,70 $ 

Total : 358,65 $ 

Ce calcul n’est qu’hypothétique puisque le WSIB n’a pas répondu à notre demande d’entrevue. Les taxis peuvent avoir des taux fixes selon les entreprises. 

Cette situation n’a pas impressionné le maire de Hearst. Roger Sigouin se demande pourquoi le WSIB n’a pas choisi le service d’autobus communautaire mis en place par la Ville pour ce genre de situation. « Il n’y a rien qui me surprend là-dedans ! Le système qui est fait de même, c’est insultant ! Je suis bien heureux pour la personne qui a eu le service, mais en attendant il y a, entre autres, des personnes âgées seules, pas un sou en poche et pris du cancer qui doivent s’arranger pour se rendre à Sudbury pour leurs traitements avec seulement le travel grant qui couvre presque rien et eux autres font venir un taxi de Kap pour apporter quelqu’un de Hearst à l’hôpital, c’est dégueulasse », rétorque Roger Sigouin, maire de Hearst. 

Rien de nouveau 

Un chauffeur de Kapuskasing, qui ne veut pas être identifié par peur des représailles de son patron ou encore du WSIB, a indiqué au journal Le Nord que ce genre de contrat est arrivé quelques fois depuis la fermeture du service de taxi à Hearst. 

Celui-ci a indiqué qu’il était beaucoup plus fréquent de reconduire des clients au Centre de traitement des dépendances situé sur la 10e Rue à Hearst. Ces personnes suivent, entre autres, le programme de méthadone et font le trajet de Kapuskasing à Hearst, aller-retour, payé par l’État. 

Bien au fait de ce genre de situation, le député de Mushkegowuk-Baie James indique que le WSIB est une agence gouvernementale autonome, mais le gouvernement peut mettre en place des politiques pour l’encadrer. « Tu vois comment les systèmes sont problématiques, ils sont complètement déconnectés des régions », déplore Guy Bourgouin. « Ça n’a aucun sens qu’un agent ait autorisé ça. Mais, c’est encore rien comparé à des histoires d’horreur avec la WSIB que j’entends depuis des années. Juste pour te donner une idée, il y a du monde qui sont forcés de déménager de ville ou même de région sinon ils se font couper. Ce n’est pas d’hier que j’ai de la misère avec leurs décisions, combien de fois j’ai défendu des dossiers quand j’étais au syndicat, c’est complètement fou. » 

Le WSIB fournit des prestations pour perte de salaire, une couverture médicale et du soutien afin d’aider les gens à retourner travailler après une lésion ou maladie reliée au travail. Il s’agit d’une assurance collective imposée par la province, entièrement financée par les primes que paient les entreprises de l’Ontario.