Le piégeage : tradition, mode de vie et passion

Le Conseil des trappeurs de Hearst se réunissait samedi dernier au camp de Régis Malenfant pour l’atelier annuel. Chaque année, le groupe se rencontre pour socialiser, partager des trucs et faire des démonstrations. Sur place, en plus des membres du conseil, des jeunes s’intéressant à ce mode de vie écoutaient attentivement les experts et deux agents de la conservation de la faune participaient pour ajouter des commentaires légaux et des astuces.

Le piégeage, communément appelé « trappage » par les Canadiens français, est une forme de chasse qui est pratiquée depuis des centaines d’années par les colons et encore plus longtemps par les membres de Premières Nations. Dans la région de Hearst, ils sont environ 80 trappeurs à avoir des territoires attitrés pour piéger et une trentaine d’entre eux font partie du conseil. La constante évolution des types de pièges et les changements récurrents dans la législation du piégeage en Ontario rendent la membriété à un conseil comme celui de Hearst très utile pour les trappeurs.

Les lignes de trappes peuvent être transférées de génération en génération, comme pour M. Malenfant qui a vendu son territoire à son petit-fils Dominic. Ce dernier perpétue la tradition de son grand-père avec son frère Jérémy et leurs conjointes respectives. Sinon, les lignes sont affichées lorsqu’elles sont disponibles par le gouvernement ontarien et les intéressés peuvent soumettre une demande. Les membres de Premières Nations qui désirent avoir ledit territoire pour trapper ont priorité sur tous les autres demandeurs.

Ceux qui désirent se lancer dans l’aventure doivent suivre une formation de 40 heures avant de pouvoir s’exécuter seuls et présenter des demandes pour des lignes de trappes. La saison du piégeage se déroule de l’automne au début du printemps, c’est donc une activité plutôt hivernale. La qualité de la fourrure est aussi plus optimale l’hiver, par exemple, le sous-poil d’hiver du castor est utilisé dans la fabrication de plusieurs articles en feutre. Certains trappeurs donnent leur nom pour faire partie de la brigade qui ira piéger les animaux nuisibles durant la saison estivale. Le groupe a huit clients avec qui ils ont des contrats, de Mattice à Pitopiko et du Ritchie à Oba. Ils travaillent sur appel, souvent pour prévenir des catastrophes routières.

C’était d’ailleurs le sujet de l’atelier. Sur une route secondaire, une hutte de castors d’un côté du chemin et un barrage de l’autre ont pour conséquence un débordement d’eau sur la chaussée, ce qui pourrait emporter la route. Les castors font des barrages pour contrôler le niveau d’eau dans leur hutte et, étant très rusés, s’ils entendent de l’eau couler à nouveau, ils retournent réparer le barrage. C’est pourquoi ceux qui s’affairent à en construire sur le bord des routes sont considérés comme nuisibles.

Marcel Dillon expliquait qu’il y a aussi une façon de s’y prendre pour démanteler de tels barrages.

« On pose des pièges et on retourne tous les jours jusqu’à ce qu’on n’attrape plus de castors. Ensuite, il faut prendre notre temps pour enlever le barrage. C’est important de réduire le débit de l’eau tranquillement, puisque parfois les cours d’eau ont plusieurs kilomètres et ça pourrait avoir un effet désastreux si le débit est augmenté trop rapidement. »

L’équipement de piégeage est dispendieux et malheureusement, en plus des ours qui peuvent partir avec des pièges pour manger l’animal au bout, les vols sont plus souvent commis par des humains. Cette forme de chasse traditionnelle rassemble plus de 2 800 membres enregistrés en Ontario et la Fédération ontarienne des Gestionnaires d’Animaux à Fourrure s’occupe de guider les différents districts et conseils de trappeurs à tous les niveaux.

 

Photos : Renée-Pier Fontaine