Chaque année, plusieurs écoles participent au concours de dessins de la Légion canadienne, et ce, partout au pays. Pour la filiale 173 de Hearst, plus de 240 élèves ont soumis leur dessin et un jury devait voter pour leurs préférés. Les écoles catholiques Ste-Anne, Pavillon Notre-Dame et St-Louis de Hearst ainsi que St-François-Xavier de Mattice ont participé, de même que les jeunes du Mamawmatawa Holistic Education Centre de Constance Lake.
Les gagnants de la filiale de Hearst se retrouvaient à concourir contre les autres gagnants de la Zone K-4, qui s’étend de Hornepayne à Iroquois Falls, incluant Timmins.
Quatre jeunes filles de Hearst sont arrivées en première place dans la Zone K-4 et leurs dessins ont été soumis au niveau du District K.
Sur les quatre, trois d’entre elles sont encore arrivées en première place au concours pour le District K, ce qui les amène au palier provincial. Charlie-Rose Hébert, Khloé Poirier et Hailey Chartrand ont maintenant la chance de se rendre au national, si leur dessin obtient une première place dans la province. Les lauréats du concours provincial gagnent automatiquement un voyage pour aller passer le jour du Souvenir à Ottawa, toutes dépenses payées, avec leurs parents, le 11 novembre 2024.
Les résultats provinciaux seront révélés autour du mois d’avril 2024. Des prix en argent sont aussi remis aux trois premières places tout au long du concours, et les montants augmentent à chaque niveau.
Depuis 1994, le conseil municipal de Winnipeg déclare le 8 novembre Journée des anciens combattants autochtones. Dans les années qui ont suivi, des membres de la Première Nation de Constance Lake ont décidé d’organiser une cérémonie en souvenir des anciens combattants issus de leur réserve.
Pour les peuples des Premières Nations, Métis et Inuits, la reconnaissance de leur contribution lors des déploiements de soldats canadiens à l’étranger a longtemps été oubliée. Au fil du temps, ils ont commencé à s’organiser et à faire campagne pour que leurs sacri- fices soient reconnus au même titre que ceux des autres soldats. Ils ont aussi formulé une demande de restitution concernant les avantages qui ont été accordés aux anciens combattants entre 1970 et 2000. Par la suite, d’un commun accord avec le gouvernement, ils ont accepté une offre d’indemnisation et les excuses publiques des élus en 2003.
La parade a commencé à 10 h 30 et les participants ont marché de la salle communautaire au gymnase de l’école. Plusieurs personnes étaient présentes en plus de tous les élèves du Mamawmatawa Holistic Education Centre. La cérémonie a été orchestrée par les membres de la Légion de Hearst, avec Lise L. Blouin à l’animation. Trayvon Wabano Wesley, un jeune homme de la communauté, a récité avec théâtralité le poème In Flanders Fields de John McCrae, texte de 1915.
Pour Florie Sutherland, c’était important de mentionner qu’avant 1994, les anciens combattants autochtones n’étaient pas reconnus pour leurs années de service lors des célébrations du 11 novembre. Elle racontait qu’à l’époque son père se souvenait qu’un train venu de la base militaire de Pagwa était arrêté à Constance Lake afin de recruter des jeunes hommes pour l’Armée canadienne. Son père les a vus partir et revenir, ils ont tous survécu, mais le traumatisme subi à la guerre les avait changés à tout jamais. Ce sont 13 membres de leur communauté qui sont honorés chaque année le 8 novembre ; ils sont tous décédés depuis. Il s’agit de Cecil Cook Sr., Ken Frost, David Moore, Donald Innes, Philip John George, William Robinson ainsi que George, Thomas, Elijah et Abraham Sutherland, Ernest, Sinclair et Fred Wesley.
Le caporal-chef Stanley Stephens a fait partie des Forces armées du Canada, mais n’a pas eu besoin d’aller au combat pendant ses années de service. Il a entre autres servi à la base militaire de Pagwa et est le seul militaire encore vivant au sein de la communauté de Constance Lake. L’homme de 84 ans avait reçu l’Ordre du mérite militaire en 2016, l’une des plus hautes distinctions au Canada pour souligner ses années de service militaire. Depuis qu’il est devenu membre des Forces armées canadiennes en 2002, il a transmis à de nombreux jeunes Rangers ses capacités à vivre et à survivre dans la brousse. Il a également aidé à former les troupes du sud de la province à survivre et à s’exercer dans les conditions plus difficiles du Nord canadien. Il travaille en étroite collaboration avec les Rangers juniors canadiens, le programme spécialisé des Forces armées canadiennes destiné aux garçons et aux filles de 12 à 18 ans vivant dans des communautés isolées.
Caporal-Chef Stephens a raconté à la foule une histoire qui démontre les souffrances et sacrifices qu’ont vécus ces hommes. Il a livré le récit d’Elijah Sutherland, un vétéran qui a servi durant la Première Guerre mondiale. Pendant qu’il était outremer, les Allemands ont lancé un gaz empoisonné sur lui et ses compatriotes ; il est l’un des seuls qui ont survécu à cette attaque. Lorsqu’il est revenu au pays, M. Stephens l’a rencontré à son retour de la guerre en train, à la base militaire de Pagwa. Il se rappelle que les gens croyaient que M. Sutherland était constamment en état d’ébriété, ce qui n’était pas le cas. Le gaz ne l’a pas tué, mais les émissions gazeuses qu’il a respirées lui ont causé des séquelles, qui l’affecteront tout au long de sa vie.
Stanley Stephens prépare sa relève pour le jour où il ne sera plus en mesure d’organiser la célébration commémorative du 8 novembre ; ce sera Florie Sutherland qui va avoir la responsabilité de s’en occuper. Un repas était servi à la salle communautaire pour tous ceux qui voulaient se joindre à eux. Certains membres des Rangers seront aussi à la célébration du 11 novembre à Hearst.
Avec Jocelyne Hébert en collaboration avec Claudine Locqueville
Patricia, connue sous le surnom de Pat, est née à Kirkland Lake en 1941. Elle a deux frères biologiques et une soeur adoptée à 6 ans alors qu’elle en avait 17. Ses parents sont originaires de la région de Toronto.
Vivant dans une ville minière, Pat se souvient très bien des nombreuses secousses ressenties lors du dynamitage dans la mine. La consigne à respecter lorsqu’ils étaient dans la maison était de se tenir loin de tout ce qui pouvait s’envoler. Une fois l’épisode terminé, Pat se souvient du regard que sa mère portait sur l’horloge pour savoir à quel endroit dans la mine son mari Stuart se trouvait. Quel soulagement lorsqu’elle le savait hors de danger !
Pat raconte que chaque année les enfants n’avaient pas le choix d’aller cueillir des bleuets. Ils en faisaient toujours parvenir un gros panier par le train à leur grand-mère paternelle à Toronto.
Lorsque l’octogénaire parle de son enfance, elle la décrit comme étant très active. Elle voulait imiter et suivre ses frères. Ceux-ci passaient la majeure partie de leur temps à s’amuser dehors en jouant à la tag, à la cachette, à la marelle, au baseball, à kick la canne ainsi qu’à sauter à la corde. Une fois, une lutte avec ses frères lui a valu quelques points de suture au lobe de l’oreille qui avait fendu en deux. Comme d’autres jeunes filles, elle était aussi inscrite à des cours de danse (ballet et claquettes) ainsi qu’à la gymnastique. C’est à l’âge de 16 ans que Pat s’inscrit au cours de sauveteur pour ensuite donner des cours de natation.
Patricia rencontre Robert Trahan, mieux connu sous le nom de Bob (décédé en 1991), à la piscine de Kirkland Lake alors qu’elle est sauveteuse et que lui venait nager. Elle a environ 18 ans lorsqu’ils se rencontrent et ils se fréquentent de trois à quatre ans avant de se marier en 1964. Ce dernier conduisait un camion et livrait du poisson à cette époque.
Pat et son mari s’étaient établis à Kirkland Lake, mais lorsqu’il a eu une opportunité pour un travail à Kapuskasing, ils y ont déménagé pour quelques années jusqu’à ce qu’un poste comme superviseur au Centre de la main-d’oeuvre à Hearst soit disponible en 1967.
De leur union naissent Chantal (Phil Bronson) qui habite Orillia, ainsi que Gilles et Lisa qui vivent à Hawkesbury. Ensuite, elle donne naissance à Paul, décédé tragiquement à ses 18 ans, en 1990. Pat est l’heureuse grand-mère de trois filles et d’un garçon.
Nombreux sont ceux qui ont vu et connu Pat à la piscine de notre communauté. En effet, elle s’est dévouée pendant plus de 10 ans à entrainer des jeunes de tous âges qui faisaient partie de l’équipe de natation de Hearst (Phoenix). Elle donne aussi de son temps à la popote roulante. Elle s’implique auprès de cet organisme de la Croix-Rouge depuis 25 ans et démontre encore autant de plaisir, de générosité et d’humilité dans son rôle qu’elle prend à coeur.
Elle est également très active depuis 25 ans comme dame de la Légion en offrant son aide précieuse lors de la préparation et du service des repas organisés pour des occasions de toutes sortes, comme le jour du Souvenir, des funérailles ou des fêtes.
Pat dit être heureuse à Hearst et elle a grandement apprécié le fait que ses enfants y aient grandi puisque divers sports étaient accessibles. Ils ont participé dans des équipes compétitives de hockey, de karaté (Robert Trahan en a été l’instigateur et sensei… les jeunes le surnommaient Mister Karaté), natation, piste et pelouse, soccer, etc. Ici elle a rencontré des gens qu’elle fréquente depuis longtemps et entretient encore de bonnes relations avec plusieurs. Elle mentionne aussi que c’est grâce à notre communauté francophone que ses enfants sont bilingues et qu’elle a pu apprendre le français aussi. Elle ne le parle pas beaucoup, mais le comprend bien.
Patricia exprime que pour vivre le mieux possible, elle garde son esprit actif en faisant des mots croisés, en lisant et en admirant les oiseaux de toutes sortes venir manger dans les mangeoires suspendues un peu partout. Elle ajoute qu’il est très important aussi de bouger : faire des marches avec ses amies, son bénévolat et ses visites chez ses enfants la motive beaucoup. De plus, sa mère ayant vécu jusqu’à 94 ans, Pat figure qu’elle possède une bonne base génétique.
Le jour du Souvenir étant ce vendredi 11 novembre, la Légion royale canadienne de Hearst voyageait, plus tôt dans la semaine, dans la région pour prendre part à diverses commémorations.
Mardi matin, un défilé prenait place dans la communauté de Constance Lake. Le 8 novembre, la Légion était de passage pour souligner la Journée des vétérans autochtones. Le jour du Souvenir pour les membres des Premières Nations a débuté en 1994, alors que les anciens combattants autochtones n’étaient pas reconnus dans les activités du jour du Souvenir. Mercredi, des cérémonies avaient lieu du côté de Mattice-Val Côté, à l’école St-François-Xavier.
Quant aux célébrations de ce vendredi, elles se dérouleront à la Place des Arts. La Légion retourne à ses vieilles habitudes, raconte Manon Longval. Elle indique qu’avec les célébrations qui avaient lieu à l’extérieur, les années précédentes, plusieurs se plaignaient du froid automnal. « On retourne à la chaleur. On se réunit à 10 h à la Légion », dit-elle. « Une parade va débuter à 10 h 15 et se diriger à la Place des Arts. » Pour les gens de la population qui ne sont pas directement impliqués dans le défilé, la Légion les invite à la Place des Arts pour assister à la cérémonie qui débutera à 10 h 50.
« La même journée, nous avons notre souper traditionnel de roast beef », informe Mme Longval. « Comme nous retournons à nos vieilles habitudes, cette année le souper est servi dans la salle. Ce n’est plus un take out. »
Pourquoi le coquelicot
Chaque année, au mois de novembre, en commémoration pour le jour du Souvenir, ils sont plusieurs à arborer un coquelicot en feutre, épinglé à leur manteau, au niveau du coeur. Le choix de cette fleur comme collecte de fonds pour les anciens combattants n’est pas anodin, explique Lise Blouin.
« Quand la Deuxième Guerre a eu fini en Europe, les champs de bataille ont fleuri des coquelicots. C’est donc devenu le symbole », dit-elle. « Le rouge représente le sang qui a coulé. Ça représente l’amour pour la patrie. Le soldat qui est prêt à laisser le confort de son pays pour se rendre à un endroit qui n’est pas tout aussi sécuritaire. Le noir représente le deuil. Le deuil de tous les parents qui ont été perdus au combat. »
L’argent qui est recueilli avec la vente des coquelicots est conservé strictement pour les vétérans de la région, affirme Mme Blouin. Elle souligne qu’un ancien combattant n’est pas seulement quelqu’un qui a servi lors des guerres mondiales, mais qu’il s’agit de tous les soldats, comme plus récemment, ceux et celles qui ont été déployés en Afghanistan et ailleurs dans le monde.