Forum : trouver des solutions pour la crise du logement à Hearst

Un forum consultatif a été organisé à Hearst pour obtenir de plus amples informations au sujet du plan d’amélioration communautaire (PAC). Seuls les acteurs clés de la communauté y étaient invités, pour écouter et discuter de la situation préoccupante du manque de logements.

La présentation était assurée par Stéphane Lapointe, consultant engagé par la Ville de Hearst, Isabelle Chouinard-Roy et Anthony Miron, coordonnateurs à la recherche au CRRIDEC et aux Services d’établissement du nord-est de l’Ontario, ainsi que Luc Bussières, recteur de l’Université de Hearst. L’invitation a été acceptée par 36 acteurs clés, notamment des entrepreneurs, des membres d’organisations, d’institutions financières, d’établissements de soins de santé, d’agents à l’emploi ou au développement économique et de conseillers municipaux.

Stéphane Lapointe de la firme SDL Solutions a présenté des opportunités et des stratégies possibles pour la création de logements à Hearst. Le Plan d’amélioration communautaire servira d’outil à la Municipalité afin de débloquer des fonds et mettre en œuvre des initiatives envers une zone de projets spécifiques. Le consultant estime que la suite devra être entreprise par le secteur privé, mais que la mise en œuvre du PAC permettra à la Municipalité de fournir une contribution financière, des subventions ou des prêts pour aider à stimuler l’activité économique dans la zone de projets définis par le plan.

Une étude sur la situation actuelle de logements a été présentée par le CRRIDEC, la collecte de données s’est faite par le biais de Statistique Canada ainsi que des questionnaires et entretiens en personne avec les acteurs clés de la communauté.

L’aperçu démontre que le taux d’inoccupation des appartements est estimé à près de 0 %, alors que l’idéal est de 3 %. Il y aurait 120 personnes sur la liste d’attente des logements subventionnés, dont 80 sont des ainés.

La liste d’attente pour une place au Foyer des Pionniers s’élève à 55 personnes. Pour les logements subventionnés, il y en a 94 en ce moment à Hearst alors que le dernier immeuble a été bâti en 1989. Pour les logements du secteur privé, 87 % d’entre eux ont été bâtis avant 1991. Depuis 2017, il y a très peu de différence entre le nombre de logements démolis et de nouvelles constructions, la raison principale énoncée par le CRRIDEC étant le phénomène du cout par pied carré. Les nouvelles constructions sont passées de 150 $/pi2 à près de 300 $/pi2 au cours des 20 dernières années. De tels chiffres prouvent que les appartements devraient être loués entre 1 500 $ et 2 000 $ par mois afin d’atteindre la rentabilité, soit deux à trois fois plus que la moyenne actuelle.

Le prix médian des appartements à Hearst est le plus bas de la région à 705 $. Toutefois, celui des maisons est de 220 000 $ soit à égalité avec la Ville de Timmins en tête du classement.

Lors de ce forum, un intervenant s’interrogeait sur le prix trop élevé qu’un propriétaire d’un immeuble, nouvellement construit, devra demander en opposition au prix médiant des appartements. Il mentionne qu’une étude devrait être réalisée pour connaitre les besoins et les budgets des gens avant d’entreprendre la construction d’un immeuble.

Main-d’œuvre

M. Lapointe a présenté les tendances démographiques actuelles de la main-d’œuvre. Selon ses recherches, le nombre d’habitants de la Ville de Hearst devrait baisser de 9,1 % d’ici 2036, puisque la population est vieillissante et que la population active a diminué de 4 % depuis 2011. Selon la Commission de formation du Nord-Est (CFNE), une partie importante des gens sur le marché du travail se rapproche de la retraite, ce qui va créer un écart entre l’offre et la demande. Dans la région Nord-Aski, 2095 employés sont éligibles à la retraite, ce qui représente 45,6 % de la main-d’œuvre.

La migration est à la hausse, il y a donc plus de familles qui s’installent à Hearst que le contraire. La rétention de nouveaux arrivants peut s’avérer difficile, car la pénurie de services représente un défi. Pour le moment, le taux de rétention est à 100 % pour les 27 nouveaux arrivants qui utilisent les services des Services d’établissement du Nord-Est de l’Ontario (SÉNEO). À noter que les étudiants de l’Université de Hearst ne peuvent bénéficier de ces services pour des raisons de statut.

Le recteur de l’Université de Hearst, Luc Bussières, a brossé un portrait de la situation actuelle de l’Université, qui elle aussi peine à trouver des logements pour les nouveaux étudiants et les étudiants potentiels du campus local. Cette année, c’est plus de 78 % des personnes inscrites à Hearst qui proviennent de l’extérieur de la ville, et 44 % des diplômés s’installent ici pour y vivre et travailler une fois leurs études terminées.

Le recteur a aussi présenté les défis que connait l’UdeH au niveau du financement gouvernemental, la diversification de ses programmes, le manque de main-d’œuvre et les attentes irréelles du gouvernement de l’Ontario sur le nombre d’inscriptions.

Il a conclu son exposé en énumérant des besoins de l’institution post-secondaire pour servir la communauté et assurer sa croissance. Idéalement, des options de logements adaptés à la clientèle d’environ 350 à 400 $ par chambre par mois, une trentaine de logements pour les étudiants seulement, avoir des partenaires dans la communauté pour investir dans des immeubles à logements, avoir une attitude positive et une reconnaissance de la contribution des étudiants internationaux de la part des communautés.

Une consultation publique est prévue au début décembre pour informer les résidents et les parties prenantes des détails et des objectifs du Plan d’amélioration communautaire.