Qui ose dire que c’est gratis se faire soigner au Canada ?

Au Canada, nos ancêtres ont opté pour un système fiscal sur l’entraide comprenant un système d’éducation et de santé universel. Le principe était simple : tu payais tes impôts et tes taxes, en échange tu te faisais, entre autres, instruire et soigner gratuitement. J’ai écrit la dernière phrase au passé parce que contrairement à ce qu’on nous fait croire, le système de santé nous coute beaucoup plus que nos cotisations en impôt et en taxe tout en étant de moins en moins accessible et efficace.

Un jour, certains gouvernements ont décidé d’utiliser l’argent des contribuables pour augmenter les salaires aux élus, embaucher un nombre incroyable de fonctionnaires en compliquant au maximum la bureaucratie, offrir des primes, etc.

Pas besoin d’être comptable agréé pour comprendre que les dépenses ne doivent pas dépasser les revenus. Pourtant, les provinces et le pays se sont endettés à coup de milliards au fil des décennies, ce qui a poussé les gouvernements des générations suivantes à couper, couper et couper. Les budgets en santé n’ont pas été épargnés et on a même eu la bonne idée de centraliser des services et des équipements.

Devant les nombreuses coupes, des groupes de citoyens, pensant bien faire, ont créé ce qu’on appelle en 2023 des fondations. Loin de moi l’idée de critiquer le travail des valeureux soldats qui se donnent corps et âme de manière bénévole, c’est tout en leur honneur puisque d’ailleurs nous n’avons plus le choix si nous voulons avoir des services locaux. Mais, personnellement, je trouve que c’est de la déresponsabilisation gouvernementale.

Non seulement nous payons des impôts et des taxes, mais nous devons nous cotiser en groupe si nous voulons des pièces d’équipement médical nécessaires afin d’assurer la qualité des soins localement et, surtout à notre époque, attirer des spécialistes de la santé.

Ajoutons l’insulte à l’injure : nous devons maintenant utiliser l’argent des taxes municipales pour mousser les campagnes de recrutement de spécialistes. Les municipalités s’entredéchirent dans le but de les attirer. C’est complètement rendu le Far West. Que les plus riches gagnent et que les autres crèvent !

D’autres dollars qui sortent de nos poches : lorsqu’on se déplace à l’extérieur de la ville pour obtenir des soins ou des traitements, c’est encore nous qui payons ! Nous avons un petit remboursement, mais jamais ce qui a été dépensé lors de ces voyages.

Gaspillage de fonds publics

La bureaucratie, ça coute cher. À l’instar de plusieurs départements gouvernementaux, il y a un gaspillage incroyable de fonds publics en santé. Les exemples sont nombreux, mais je vous présente la dernière situation familiale.

Après une rencontre avec un médecin locum, notre fils est référé à un spécialiste à Timmins.

Octobre 2022 : notre fils rencontre le spécialiste à Timmins

Temps de la rencontre : moins de 5 minutes

Résultat : il part avec un feuillet informatif et une demande de prise de sang. Suivi : on doit retourner le voir en février, indiquant que sa secrétaire nous téléphonera. Cout : 120 $ d’essence, deux repas et une journée de travail perdu.

Février 2023 : notre fils va faire prendre sa prise de sang tel que demandé, mais nous n’avons aucune nouvelle du spécialiste.

Juin 2023 : on dérange le personnel du locum à Hearst pour qu’on nous aide à faire avancer le dossier.

Juillet 2023 : nous avons le deuxième rendez-vous avec le spécialiste.

Temps de la rencontre : moins de 5 minutes

Résultat : les résultats de la prise de sang sont désuets, il faut en reprendre une autre. Suivi : il faut retourner faire la prise de sang et une fois de plus la secrétaire nous téléphonera pour nous indiquer le prochain rendez-vous.

Cout : 120 $ d’essence, deux repas et une journée de travail perdu.

Autres exemples

Mon médecin de famille, alors que j’en avais un, me réfère à un spécialiste à Ottawa. Après avoir dépensé pour des billets d’avion, l’essence Hearst-Timmins, les repas et les journées de travail perdues, j’arrive à la clinique et une infirmière prend mon poids, quelques mesures et ma pression artérielle. Après la rencontre de trois minutes et demie, elle dit que je devrais avoir un appel dans les prochaines semaines pour rencontrer le spécialiste !

En voulez-vous une meilleure ? Puisqu’il n’y a plus de médecins à Hearst, je suis suivi pour une clinique à Toronto. En février dernier, la secrétaire de la clinique m’annonce que le prochain rendez-vous devra être en face à face. Devant ma stupéfaction, la dame au téléphone m’explique que les grands penseurs du système de santé obligent les médecins à rencontrer face à face les patients ayant des prescriptions au moins une fois par année.

Depuis près de deux ans, je rencontre ce spécialiste par Zoom ou par téléphone une fois par mois, mais puisque la pandémie est terminée, la loi des rencontres face à face est revenue en vigueur. À la blague, j’ai mentionné à la secrétaire : « Si j’ai bien compris, je dois faire trois heures de route pour aller prendre l’avion à Timmins et me rendre à Toronto, ensuite allez-vous me dire bonjour et que je vais repartir ? ». D’un rire jaune, elle répond que, effectivement, c’est la loi ! J’ai réussi à reporter la rencontre le jumelant avec un autre rendez-vous pour sauver du temps et de l’argent, mais devinez qui va payer pour ça !

Pendant ce temps, le pauvre personnel actuellement dans le milieu de la santé en a plein les bras. Ce n’est vraiment pas le temps de s’en prendre à eux parce que les problèmes se trouvent dans les bureaux des fonctionnaires qui n’ont jamais travaillé cinq minutes dans un hôpital, mais gèrent les budgets.

Patience, peut-être qu’un jour un vrai gouvernement mettra ses culotes et procèdera à une réforme ! En attendant la prochaine élection, soyons patients dans les deux sens du terme.