Un article paru il y a exactement 110 ans est devenu viral sur les réseaux ce mois-ci. Non seulement parlait-il du futur réchauffement climatique… mais en plus, il n’était même pas le premier à en parler.
Photo : Agence Science-Presse
Mais dans cette série de partages d’un article aujourd’hui vieux de 110 ans, un détail a été oublié: comme l’article scientifique d’Arrhenius datait déjà, en 1912, de 16 ans, ce journal de la Nouvelle-Zélande n’avait pas été le premier à le repérer. Selon l’historien Jeff Nichols, sa source serait en fait un article de la revue de vulgarisation Popular Mechanics paru en avril 1912, et cet historien a lui-même trouvé dans la presse américaine d’autres exemples remontant aux années 1890 et 1900.
Quant à Arrhenius, il n’était pas pionnier sur toute la ligne. Il marchait dans les pas du physicien français Joseph Fourier qui, en 1824, avait théorisé que des changements d’apparence mineurs dans la composition de l’atmosphère pourraient affecter le climat. À sa suite, l’Américaine Eunice Foote en 1856 et le Britannique John Tyndall en 1859, allaient démontrer que différents gaz présents dans l’atmosphère absorbaient différemment la chaleur du soleil, au point où une augmentation minime de certains d’entre eux pourrait provoquer un réchauffement de la planète. Il faudrait attendre les années 1930 avant que l’ingénieur britannique Guy Callendar, analysant les données météorologiques des dernières décennies à travers le monde, ne devienne le premier à identifier une tendance généralisée à la hausse des températures.
Et 2021 doit son classement à La Nina, ce phénomène météorologique qui, à intervalles irréguliers, provoque un refroidissement des températures moyennes. 2022 n’aura pas cette excuse.
Les chiffres proviennent de deux sources, la NASA et la NOAA (Agence américaine des océans et de l’atmosphère) qui font chacune leur compilation des températures et arrivent à des résultats similaires, à quelques centièmes de degré prés. Un troisième organisme, l’européen Copernicus, fait les mêmes calculs avec des méthodes légèrement différentes et classe plutôt 2021 en cinquième place, à une fraction de degré devant 2015 et 2018. L’Agence météorologique japonaise fait également une compilation similaire.
Mais chacun des organismes a ses particularités: la NOAA calcule par exemple le nombre de décès aux États-Unis qui sont le résultat de catastrophes naturelles liées à des phénomènes météorologiques (ouragans, sécheresses, canicules, etc.). Avec plus de 600 décès cette année, c’est le nombre le plus élevé depuis longtemps.
Concrètement, en 2021, les températures autant sur le sol qu’à la surface des océans ont été en moyenne de 0,84 degré Celsius au-dessus de la moyenne du 20e siècle, écrit la NOAA. C’est la 45e année consécutive où la température moyenne est supérieure à la moyenne du reste du 20e siècle. La NASA, elle, utilise comme base de comparaison la période 1951-1980 (graphique ci-dessous). L’hémisphère nord était un peu plus chaud que l’hémisphère sud, avec 1,09 degré Celsius de plus que la moyenne.
Image: Écarts de température par rapport à la moyenne, 2021 / NOAA
Si la tendance se maintient, a estimé pendant la conférence de presse du 13 janvier le climatologue de la NOAA, Russell Vose, il y a 50% de chances pour qu’une des années de la décennie 2020 atteigne la barre des 1,5 degré au-dessus de la température moyenne d’avant la Révolution industrielle, le seuil que les pays signataires de l’Accord de Paris, en 2015, disaient ne pas vouloir dépasser.
Peut-être plus inquiétant à long terme est le fait que le « contenu thermique des océans », qui est la quantité de chaleur « entreposée » dans les parties supérieures des océans, a atteint un record en 2021, dépassant le record précédent établi en… 2020. Cela représente une énorme quantité d’énergie, capable d’alimenter les ouragans et de contribuer à la hausse du niveau des eaux.