L’Hôpital de Hearst : le seul à ne pas avoir voulu un mandat vaccinal ?
En vertu de la Loi sur l’accès à l’information, Radio-Canada a découvert que seul un établissement de santé en Ontario avait témoigné de sa réticence par rapport à un mandat vaccinal implémenté à l’échelle de la province : l’Hôpital Notre-Dame de Hearst.
C’est en début novembre que la province a tranché en annonçant qu’elle ne rendra pas la vaccination contre la COVID-19 obligatoire pour les travailleurs en santé à l’échelle de la province, mis à part le personnel des foyers de soins de longue durée.
Avant de prendre sa décision, le gouvernement Ford a pris l’initiative de communiquer avec les PDG des hôpitaux par l’intermédiaire d’une lettre leur offrant l’occasion de faire connaitre leur point de vue par rapport au mandat de vaccination provincial pour les employés du secteur. Christine Elliott, ministre de la Santé, n’a pas révélé la position des hôpitaux au moment de la déclaration, le 3 novembre dernier.
Lorsque Radio-Canada a obtenu les copies des lettres en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, la documentation qui lui a été fournie a démontré que le gouvernement Ford a reçu des dizaines de lettres en faveur du mandat proposé. Toutefois, il y avait aussi quelques lettres d’opposition, incluant celle de l’Hôpital Notre-Dame.
Dans son reportage, la journaliste Natasha MacDonald-Dupuis divulgue le contenu de la lettre de Liza Fortier, directrice générale de l’hôpital de Hearst, envoyée le 19 octobre. Mme Fortier écrit que 74 % de son personnel était immunisé contre la COVID-19, à l’époque, et que le départ du personnel non vacciné frapperait durement son équipe de petite taille, notamment en occasionnant la fermeture de certaines sections de l’établissement.
Elle enchaine avec ses explications en disant qu’un tel mandat provincial obligerait l’Hôpital Notre-Dame à transférer les accouchements vers des communautés à plusieurs heures de distance, faute de personnel.
Mme Fortier ajoute que, si l’hôpital procédait à l’embauche d’infirmières d’agences privées pour combler la perte, les couts augmenteraient de 255 %. Sur ce même point, la directrice générale demande au gouvernement Ford de s’assurer que les agences privées soient mieux règlementées.
Dans sa lettre, la directrice générale mentionne que la situation est très compliquée, puisque les travailleurs non vaccinés posent des risques plus élevés.
Mme Fortier n’a pas répondu à l’offre d’entrevue de Radio-Canada avant la date de publication de l’article de Natasha MacDonald-Dupuis.
La documentation a aussi révélé que quatre syndicats ont envoyé une lettre signée au premier ministre de l’Ontario témoignant de leur opposition au mandat provincial : l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, le Syndicat canadien de la fonction publique, le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario et le syndicat United Health Care Workers of Ontario. Cependant, ces syndicats s’étaient déjà prononcés publiquement contre la vaccination obligatoire.