Loïs Levasseur, de l’Écosse à Hearst
Loïs Levasseur est née le jour de la St-Valentin 1939 à Prestwick, Ayrshire, en Écosse. Son père était Écossais et sa mère Canadienne. Loïs a commencé l’école à trois ans, en 1re année. Quand elle est arrivée au Canada, elle était en 6e année, mais comme elle n’avait que neuf ans, elle a dû recommencer en 3e année. Elle a été première de classe pendant les trois années suivantes. En Écosse, la famille vivait près d’un champ de vaches et Loïs se souvient de sa préférée, Nellie, qu’elle montait comme un cheval.
Pendant les années de guerre 1939 à 1945, tout le monde en Écosse recevait un numéro. Le sien était SKME2145. Les écoliers devaient répéter leur numéro plusieurs fois par jour. Le père de Loïs était retourné, avec sa mère et sa sœur ainée, voir son grand-père alors qu’il était malade en Écosse et ils ont dû rester là-bas en raison de la déclaration de guerre.
Le père de Loïs était boulanger. Il a fait son propre gâteau de mariage. En temps de guerre, il gardait le rivage en Écosse. Sa mère travaillait dans une laiterie et servait les soldats américains. Elle avait l’habitude de ramener du beurre vert à la maison le jour de la St-Patrick, mais la laiterie a été bombardée et a dû trouver un autre travail. Elle était le soutien de la famille. Loïs se rappelle très clairement qu’un avion s’est écrasé sur la maison voisine, tuant son amie de cinq ans.
Sa grand-mère, Mme A. E. Gadsby, de Niagara Falls Ontario, avait envoyé par la poste un paquet pour Noël à sa fille à Prestwick, en Écosse. Le bateau qui transportait le colis fut torpillé près de l’Irlande, mais le colis fut balloté par la marée et emporté jusqu’à Prestwick, là où vivait Loïs ! Le paquet est arrivé deux jours après Noël. Sa grand-mère leur envoyait également du sucre par la poste, du Canada jusqu’en Écosse.
La famille de Loïs est arrivée au Canada après la Deuxième Guerre mondiale, en 1947. Ils ont dû vendre toutes leurs possessions. Ça a pris cinq jours d’un voyage mouvementé pour traverser l’océan. Sa sœur ainée, que Loïs surnomme « la Canadienne », était toujours malade, mais Loïs et son autre sœur se promenaient sur le bateau en chantant des chansons écossaises pour montrer leur joie d’avoir gagné la guerre. Le père était parti six semaines à l’avance, en avion.
Elles sont arrivées à Halifax et ont pris un train jusqu’à Montréal où un oncle est allé les chercher. Les mécaniciens avaient arrêté le train pour que les filles puissent jouer dans la neige. C’était la première fois qu’elles en voyaient autant. Aussi, elles n’avaient jamais vu deux œufs sur une assiette en même temps. Au début, la famille réunie a vécu chez la grand-mère canadienne.
Loïs a grandi à Niagara Falls et a fait son école normale à Hamilton. Elle est venue seule à Hearst en 1960 pour enseigner une année seulement. Elle a reçu un baccalauréat de la Laurentienne à Hearst, avec majeure en English ainsi qu’une mineure en sociologie et conversation française. En un an, Loïs a suivi cinq cours, enseigné à temps plein et a eu un bébé.
Le frère de son futur mari Réal Levasseur était dans sa classe de 1re année. Il a dit à Réal que son enseignante était gentille. Réal s’est assuré de la rencontrer au restaurant, au cinéma, au bowling. Ils se sont mariés en 1961 à Hearst et ont eu trois garçons, tous nés à Hearst : George, ingénieur aéronautique pour Hydro One à Timmins; David, programmation informatique au gouvernement fédéral à Ottawa; et Rick, chez Rick’s Welding à Hearst.
Loïs a été professeure durant 35 ans et directrice pendant 20 ans à l’École publique Clayton Brown. Réal possédait des camions, puis Réal’s Sport Shop sur la rue Front qu’il a vendue à la plomberie Boucher et il fut ensuite en partenariat avec Paul Pion pour faire des trophées.
En ce qui concerne le bénévolat, Loïs a été présidente de la Société du cancer, coordinatrice de la Course Terry Fox de l’École Clayton Brown et trésorière de St Matthew & St Paul Church.
Loïs n’est jamais retournée en Écosse. Elle aime Hearst où elle vit depuis plus de 60 ans. Les gens sont sympathiques, la circulation est minime, il est possible de ramasser des fruits l’été et on est proche de la nature. Les services de santé du Centre d’accès aux soins communautaires (CASC) sont très bons pour les gens âgés. Une infirmière vient voir son mari tous les deux jours et il est suivi par un ergothérapeute. D’après Loïs, ses gènes sont le secret de sa longévité puisque sa mère a vécu jusqu’à 98 ans.