Le chef vert Mike Schreiner fera-t-il le saut chez les libéraux ?

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

Le chef du Parti vert de l’Ontario Mike Schreiner envisage de changer de camp pour se présenter à la direction du Parti libéral de l’Ontario, à la demande d’une quarantaine de libéraux.

Dans une lettre ouverte envoyée dimanche au député provincial vert de Guelph Mike Schreiner, 39 libéraux l’implorent d’envisager l’idée de quitter son poste pour devenir le prochain chef libéral ontarien.

« Nous avons tous suivi votre carrière et la clarté des objectifs dont vous avez fait preuve dans votre vie politique est un contraste inspirant avec le cynisme qui domine nos politiques aujourd’hui », écrivent les signataires, y compris d’anciens candidats, ministres et militants.

« Nous croyons que votre solide approche fondée sur vos principes et votre capacité à connecter et à motiver les militants – en particulier les jeunes – sont exactement ce dont notre parti et notre province ont besoin. »

Mike Schreiner a demandé, dans une déclaration envoyée lundi après-midi, qu’on lui «laisse du temps pour réfléchir» aux arguments des libéraux qui ont signé la lettre.

Même si l’idée qu’il se joigne aux rangs libéraux circulait depuis quelques mois à Queen’s Park, Mike Schreiner n’a jamais laissé planer le doute sur la question.

« Comme vous le savez, j’ai toujours dit que je n’avais aucune ambition de diriger un autre parti que le Parti vert de l’Ontario », a-t-il indiqué.

Il juge néanmoins cette lettre « sérieuse », provenant « de personnes qui ont exprimé des préoccupations [qu’il] partage au sujet du gouvernement actuel et de la nécessité d’une action urgente face à la crise climatique ».

« Durant les débats, [Mike Schreiner] ressortait toujours comme quelqu’un de très fort. Il s’exprime clairement, avec authenticité, et il est toujours demeuré très humble. […] L’environnement, c’est son cheval de bataille, et c’est une grande priorité des libéraux. »

Lucille Collard, députée d’Ottawa—Vanier

Rebâtir

Même si le PLO n’a pas encore entamé le processus de sélection de son prochain chef, plusieurs ont déjà fait connaître leur intérêt.

L’ancien procureur général et député fédéral actuel d’Ottawa-Centre Yasir Naqvi a confirmé qu’il « explore sérieusement cette possibilité », de même que les députés libéraux ontariens Mitzie Hunter et Ted Hsu.

Mais Lucille Collard, la seule députée libérale actuelle ayant signé la lettre ouverte, croit qu’un parti qui tente de se «rebâtir» a besoin de quelqu’un comme Mike Schreiner à sa tête.

« On parle souvent de se réinventer, de faire la politique différemment. On ne changera rien si on regarde toujours notre propre nombril. »

Lucille Collard, qui siège à proximité de Mike Schreiner durant la période de question à l’Assemblée législative, dit qu’elle « l’apprécie beaucoup, autant pour ses qualités professionnelles que personnelles », et qu’il possède « le profil d’un leader remarquable ».

« On l’a vu à la dernière élection. Durant les débats, il ressortait toujours comme quelqu’un de très fort. Il s’exprime clairement, avec authenticité, et il est toujours demeuré très humble. […] L’environnement, c’est son cheval de bataille, et c’est une grande priorité des libéraux. »

Or, Mike Schreiner et le Parti vert de l’Ontario se situent plus à gauche de l’échiquier politique que le PLO, plus centriste.

« L’alliance aurait été plus naturelle entre le NPD et Mike Schreiner », constate la professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier.

N’empêche, « on a plus de choses en commun que de choses qui nous séparent », assure la députée Collard.

« On ne va pas changer les libéraux en parti vert, parce qu’il y a plus d’enjeux que juste l’environnement. Je pense que c’est important d’être un parti plus centriste, qui touche plus d’enjeux que seulement l’environnement et qui met l’accent sur la responsabilité fiscale. On ne peut pas dépenser au maximum dans les programmes sociaux, il faut un certain équilibre. C’est une conversation qui devra avoir lieu avec Mike Schreiner s’il décide de se lancer dans la course. S’il accepte, c’est qu’il sera ouvert à des ajustements au niveau de positions politiques. »

Geneviève Tellier note que si Mike Schreiner fait le saut chez les libéraux, on pourrait s’attendre au « phénomène Steven Guilbeault ».

« À partir du moment où il s’est joint à une organisation qui requiert des compromis, il a dû piller sur certaines convictions. Steven Guilbeault l’a vu quand son parti a acheté un pipeline. »

Même si Mike Schreiner n’a pas immédiatement répondu favorablement à l’offre des libéraux, Lucille Collard souligne que les signataires n’auraient pas publié une lettre ouverte « sans être conscients qu’il y aurait une possibilité qu’il accepte », et que « c’est sûr qu’il y a eu des conversations avec lui » au préalable.

Il compte consulter ses électeurs de Guelph et son entourage du Parti vert pour savoir ce qu’ils pensent de la lettre envoyée par les libéraux.

Photo : Facebook Mike Schreiner