Cri du coeur de la cheffe June Black

Un extrait de la cheffe June Black de la Première Nation Apitipi Anicinapek Nation a circulé sur les réseaux sociaux lorsqu’elle a pris la parole lors de la 42e conférence Keewaywin. Dans son témoignage, Mme Black déplore le manque de soutien au sein de l’organisation de certaines réserves comme la sienne. 

La Première Nation de Apitipi Anicinapek, anciennement connue sous le nom de Wahgoshig First Nation, est située au nord de la route 101 qui relie Matheson-Black River à Duparquet au Québec. Quelques centaines de personnes y vivent présentement. 

Lors de la conférence, la cheffe s’est prononcée après avoir passé plusieurs réunions silencieuses et à l’écoute de ce qui se faisait autour des tables. Celle qui dit avoir demandé de l’aide pour combattre la crise des opioïdes dans sa communauté à plusieurs reprises exprime avoir pris le problème en main elle-même. June Black sent que les besoins des Premières Nations situées plus à l’est du territoire ne sont pas écoutés. « Nos besoins ne sont pas différents, j’ai assisté à l’élaboration du Traité 9 à l’époque et vous savez, ces dirigeants sont venus dans nos Premières Nations et ils sont venus dans notre territoire traditionnel, nous ne vivions même pas dans la réserve d’Abitibi quand ils sont arrivés », raconte-t-elle. 

« Certains dirigeants sont venus et ont parlé de l’importance d’une organisation politique pour nous représenter. Parce que le gouvernement s’opposait de plus en plus à nous et nous étions d’accord avec cela. Tout le monde a rejoint cette table et les chefs ont été entendus à l’époque ! » 

La cheffe June Black a plaidé avec beaucoup d’émotions. « Nous pouvions venir à ces réunions et exprimer nos besoins, nous étions entendus et des mesures étaient prises pour nous ! Lorsque je viens ici pour demander de l’aide et que je n’en reçois pas, qu’est-ce que cela me dit ? Que je n’ai pas de voix ici ! » 

La représentante de la Apitipi Anicinapek Nation n’en peut plus de prétendre pendant les réunions que tout va bien et d’uniquement parler de bureaucratie. Pour elle, la priorité est la vie de chaque membre des communautés et elle désire que le NAN prenne des mesures pour essayer de sauver des vies. « Nous avons besoin que nos dirigeants cessent de jouer avec la politique et la bureaucratie et qu’ils commencent à nous représenter et à nous écouter ici. » 

« Nous perdons nos jeunes. Nous devons faire plus pour eux et leur montrer qu’ils sont importants et que cette table et cette organisation se soucient d’eux. Nous avons besoin de ces centres de traitement, de ces loges de guérison. Nous avons besoin que nos gens soient en bonne santé, nous avons besoin de dégriser ! Nous devons arrêter les drogues et être en bonne santé », continue-t-elle. « Nous avons besoin que nos cérémoniaires soient en bonne santé ! Pour parler à nouveau à notre peuple avec amour et gentillesse. Quand allez-vous venir dans nos Premières Nations comme nous vous l’avons demandé et nous aider ? Allons-nous continuer à parler et à prétendre que tout va bien ? Et nous donner de l’argent pour nous faire taire ou allons-nous dire quelque chose ? » 

Elle a aussi parlé de l’impact des nombreuses exploitations minières qui sont en cours sur les territoires des Premières Nations. « Il y a une destruction totale de nos terres et tout ce que nous voulons, c’est de l’argent. Peu importe que nos gens meurent, que nos animaux soient conta-minés, que notre eau le soit aussi, nous devons faire quelque chose qui suffise. » 

Mme Black déclare s’être même rendue à Queens Park pour dire au gouvernement ontarien que ça suffisait. « Ce n’est pas votre terre, c’est la nôtre ! Nous n’avons pas signé pour que vous détruisiez notre terre ! Nous avons dit que nous la partagerions parce que c’est ce que sont les peuples indigènes, nous partageons, nous prenons soin, nous aimons, nous respectons. Le Créateur nous a donné cela et nous n’allons traiter personne différemment, y compris eux. » 

En conclusion, elle désire voir des changements autour des tables, que les chefs défendent leur peuple et se lèvent devant ces compagnies minières en cessant de signer des documents qui permettent la destruction de leurs Premières Nations. 

 

Photo : Page web de la Première Nation Apitipi Anicinapek