Depuis le 11 novembre 1931, les Canadiens organisent des cérémonies du jour du Souvenir en hommage aux personnes qui ont servi le Canada en contexte de conflit armé, soit plus de 2,3 millions d’individus, dont plus de la moitié sont morts au cours de leur service.
Bien qu’une grande partie de la population soit reconnaissante de la contribution des membres des Forces armées canadiennes, la présidente de la Légion royale canadienne filiale 173 de Hearst, Manon Longval, remarque que ce n’est pas tout le monde qui est concerné de la même manière.
« Je pense […] qu’ils n’ont pas eu rapport avec quelqu’un dans l’armée », dit-elle, en ajoutant que la Légion de Hearst continue de s’impliquer dans la communauté afin d’apporter plus de visibilité aux besoins des vétérans canadiens de la région.
Elle fait observer également que la Légion de Hearst travaille de proche avec les vétérans et que tous les dons amassés vont aux vétérans de Hearst et les environs.
Défilé et cérémonie
La Légion de Hearst a orchestré un défilé qui a débuté dans le stationnement du Centre récréatif Claude-Larose vers 10 h 25. Accompagnés par des camions de pompiers, des ambulances et des voitures de police, les participants ont marché au centre-ville en direction de la Légion pour assister à la cérémonie officielle. Plusieurs y étaient pour participer à la cérémonie et déposer une couronne devant le cénotaphe de Hearst.
Même si les évènements se sont déroulés dehors, il y avait des mesures sanitaires à respecter. La présidente explique que le port du couvre-visage était obligatoire ainsi que la preuve vaccinale. La Légion de Hearst a reçu le feu vert du Bureau de santé Porcupine (BSP), lui permettant d’aller de l’avant avec le défilé annuel du jour du Souvenir.
Par l’utilisation du mégaphone d’un camion de pompiers, Mme Longval a effectué un dépistage rapide avant la marche en posant des questions à tous les participants stationnés en file devant le véhicule.
Trois services
Deux autres cérémonies ont eu lieu quelques jours avant celle de jeudi, soit à la Première Nation de Constance Lake le 8 novembre lors de la Journée des vétérans autochtones et le 10 novembre dans la municipalité de Mattice Val Côté.
Trente-six ans. C’est le nombre d’années de service militaire que l’adjudante-maitre Guylaine Plamondon, originaire de Mattice-Val Côté, a consacré aux Forces armées canadiennes. Au cours de sa carrière, elle a complété trois missions, soit une mission de paix des Nations unies en ex-Yougoslavie au début des années 90 ainsi que deux déploiements en Afghanistan, en 2002 et en 2006.
Venant d’un petit village, Mme Plamondon avait le gout de voyager. Elle a donc choisi l’Armée canadienne pour réaliser son rêve. Dans les années 80, il n’y avait pas beaucoup de femmes qui s’inscrivaient dans les Forces armées. De nos jours, environ 15 % du corps de l’Armée canadienne est constitué de femmes, ce qui est beaucoup plus que lorsque l’adjudante-maitre a fait ses débuts.
Pourtant, elle n’a pas trouvé que son cheminement en tant que femme a été insurmontable. En fait, elle a toujours aimé travailler côte à côte avec les hommes. À titre d’exemple, en mission dans les Balkans, elle était la seule femme de son unité militaire. « Comme femme, ça peut être difficile … mais il faut que tu tiennes ton bout et tu fasses le mieux que tu peux », raconte-t-elle.
Une militaire résiliente
En trois décennies, l’adjudante maitre a vécu des choses qui s’expliquent difficilement et qui changent la manière de voir la vie. « On est chanceux et puis on le sait [pas], raconte Mme Plamondon. On est gâtés. Autant que tout le monde ait des problèmes, de même tous les pays ont des problèmes. Il y en a qui en ont des plus gros que d’autres. »
Elle explique que les soldats essaient de partir outre-mer le plus outillé possible, mais rien ne les prépare au choc, surtout en contexte de guerre. Et malheureusement, la solution au conflit est parfois d’utiliser une arme.
Ses missions ont été stressantes, mais le soutien de ses collègues a souvent changé le mal de place, surtout lors des épisodes les plus mouvementés.
« Il y avait des fois où c’était dur, des fois que tu pleurais, des fois que tu riais, confesse-t-elle. Il y avait un peu de tout. »
« Je trouve qu’on a fait une différence »
L’adjudante-maitre croit que sa contribution a changé la donne pour le meilleur, surtout en regardant l’état de la région des Balkans depuis la fin de la guerre civile en ex-Yougoslavie il y a près de 30 ans.
Toutefois, en observant ce qui se passe en Afghanistan de nos jours, Mme Plamondon trouve frustrant de penser à l’impact de ses missions dans ce pays. Mais, elle reconnait que certaines choses sont dues à des raisons hors de notre contrôle et que, en fin de compte, elle a fait du mieux qu’elle pouvait.
« Tu peux juste penser “j’ai donné mon cent pour cent, mon cent-cinquante pour cent, on a fait notre mieux” et partir de là », commente-t-elle.
Manque de valorisation
En général, Mme Plamondon croit que les membres des Forces armées canadiennes ont le respect de la population, mais qu’ils sont plus respectés par les autres pays. Toutefois, après les déploiements en Afghanistan, elle a remarqué que les Canadiens étaient de plus en plus conscients du travail de l’Armée canadienne, allant au-delà des missions de paix et des interventions lors des urgences environnementales.
Selon l’adjudante-maitre, il faut faire davantage afin de garder les gens au courant des efforts des Forces canadiennes et la raison d’être de l’Armée canadienne, soit de protéger le pays et ses citoyens.
Le jour du Souvenir
Le 11 novembre est une date importante pour Mme Plamondon. En cette journée, elle prend le temps de penser à tous les anciens combattants qui ont contribué à l’Armée canadienne. Au cours de son service, elle a eu la chance de rencontrer des vétérans de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale ainsi que des autres guerres qui ont suivi.
Le jour du Souvenir est, tout simplement, un moment de reconnaissance. « C’est une manière de penser à ceux qui ont donné leur vie pour le service et aussi à ceux qui sont revenus, parce que des fois, les blessures sont invisibles », dit-elle.
La fin d’un long service
Vers la fin de sa carrière, Mme Plamondon a œuvré au sein des Forces armées en tant qu’administratrice. Cependant, elle précise que toutes les personnes inscrites dans l’Armée canadienne sont « soldat premier ».
« Quand tu te prépares à être déployé ou tu fais des entrainements de base, tout le monde fait le même entrainement, que tu sois un administrateur, que tu sois fantassin, la base est la même », éclaircit-elle.
Après que tous apprennent à devenir soldats, chaque personne suit une deuxième formation afin de se spécialiser dans un domaine en particulier, entre autres la navigation, l’artillerie et l’administration.
Mme Plamondon est actuellement en congé de libération, son dernier jour de travail ayant été le 22 octobre. Elle sera libre de prendre sa retraite à partir du 18 novembre.
Après son congé, elle songe à s’établir soit à Ottawa ou sur l’ile de Vancouver, où elle a travaillé pendant plusieurs années.