Danielle Coulombe, reconnue par ses pairs

La collation des grades 2024 de l’Université de Hearst marque l’histoire de l’institution puisqu’elle a remis son tout premier doctorat honorifique depuis qu’elle a acquis son indépendance. C’est l’historienne, professeure et chercheuse Danielle Coulombe qui a reçu cette reconnaissance pour l’immense contribution qu’elle a apportée à la communauté durant sa carrière. Le recteur sortant, Luc Bussières, a prononcé quelques mots sur le récipiendaire avant de céder sa place à Johanne Morin-Corbeil, amie de longue date de Mme Coulombe et ancienne collègue, qui fait aussi partie du personnel de l’Université de Hearst. Elle commence son discours en décrivant Danielle comme une personne dont la passion et l’engagement ont façonné l’histoire et l’avenir de l’Université de Hearst.

Originaire de Mattice, Danielle fait ses études secondaires à l’Académie St-Joseph de Hearst et poursuit au Collège universitaire de Hearst où elle obtient un baccalauréat en histoire dès 1974. « Je suis certaine que c’est grâce à certains de ses professeurs que l’histoire est devenue sa passion et même sa vocation. Elle poursuit ensuite ses études en histoire à l’Université d’Ottawa et obtient sa maitrise en 1981. Elle a marqué l’histoire de l’Université de Hearst en étant la première femme embauchée comme professeure à temps plein, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère d’égalité des sexes à notre université. »

Son parcours

C’est en 1976 que Mme Coulombe entame le défrichage du chemin pour les générations de femmes qui la succèderont, un élément d’une grande importance pour elle qui est une féministe dans l’âme. « Très rapidement, j’ai occupé le poste de secrétaire générale, mais ce n’était pas à temps plein à l’époque, j’enseignais aussi en même temps. Ensuite, j’ai pris le poste de directrice des études. La structure a été modifiée à un moment donné et Raymond Tremblay est revenu à titre de recteur de l’Université puis moi j’étais vice-recteur. On ne disait pas “ vice-rectrice ” à l’époque. J’ai fait cela pendant plusieurs années avant de retourner aux études pour faire mon doctorat et je suis revenue à l’enseignement par la suite. »

L’historienne reçoit une chaire de recherche qui lui permet de mettre sur pied son projet de centre d’archives. Celui-ci verra officiellement le jour en 2015. « C’est le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada qui accorde des chaires de recherche dans un domaine particulier pour faire avancer la recherche au pays. La mienne était sur l’histoire de la Grande Zone argileuse. »

Le Centre d’archives de la Grande Zone argileuse est installé dans les locaux de l’ancien presbytère, un monument historique de la région. Les rénovations qui ont été faites sont dignes de n’importe quel centre de conservation de documents : planchers à l’épreuve du feu, fenêtres avec filtre pour ne pas abimer les documents par le soleil, etc.

La voute est dotée de murs à l’épreuve du feu et de gicleur, les fenêtres ont été condamnées pour ne pas laisser entrer la lumière à l’intérieur. Lors de sa construction, la voute devait avoir l’espace suffisant pour abriter des documents pour les 20 prochaines années. « Même il y a cinq ans, lorsque j’y travaillais encore, quand je suis partie, déjà je savais qu’il n’y aurait pas de place pour les prochains 20 ans. Ça continue à s’emplir ! On ne couvre pas juste Hearst, mais bien toute la région. Il reste encore de la place pour beaucoup de documentations, mais dans un avenir pas trop lointain nous allons en manquer ! » Pour Mme Coulombe, ce doctorat diffère de celui qu’elle possède déjà en histoire, il signifie une reconnaissance de ses pairs, remis par l’université qui l’a vue évoluée et appuyée dans ses projets. « Je pense que je suis privilégiée, j’ai travaillé dans un domaine stimulant et avant-gardiste. C’est ce qui m’a permis de réaliser bien des choses que j’ai faites. J’ai eu beaucoup de soutien et j’ai fait beaucoup de choses. J’ai enseigné, j’ai fait de l’administration, j’ai fondé le centre d’archives, j’ai eu de la variété dans mon parcours et aussi dans les cours que j’enseignais. »

Tout au long de sa carrière de professeure, la pluralité des sujets qu’elle enseignait lui a permis de stimuler ses connaissances, de faire de la recherche. « C’est ce qui est pour moi, évidemment aussi le contact avec les étudiantes et étudiants, ce qui fait que le travail dans l’enseignement était si intéressant. »

Même à la retraite, Danielle continue de faire de la recherche. Elle a publié un article au sujet des évènements de Reesor Siding dans le magazine Le Chainon, paru en juin 2023, ce qui lui a valu le Prix Michel-Prévost 2024 en février dernier. Depuis 2018, elle enseigne le volet historique d’un cours à l’UdeH donné en collaboration avec Jacques Poirier au sujet de cette fusillade. M. Poirier s’occupe de l’aspect littéraire du sujet en explorant les parutions de livres, poèmes, films et documentaires avec les étudiants.

Ce cheminement Mme Coulombe l’a réussi grâce à l’appui et au soutien de ses pairs, ce qu’elle ne manque pas de souligner lorsqu’elle parle de son parcours.