Kariane Lachance : un exemple de persévérance et de passion

En tant que directrice artistique du Théâtre Mauve Sapin, Kariane Lachance consacre beaucoup de son temps à la rédaction de ses pièces de théâtre. Derrière son succès se cachent des efforts hors de l’ordinaire qui pourraient passer inaperçus, en ne connaissant pas l’artiste. 

Mme Lachance vit avec des problèmes de dyslexie et de la dysgraphie. La dyslexie est un trouble d’apprentissage limitant la capacité d’un individu de retenir, comprendre et communiquer de l’information, tandis que la dysgraphie se produit lorsque l’oeil voit des lettres mal formées et des espaces non respectés en écrivant. 

Puisqu’elle consacre beaucoup de temps à écrire, la directrice artistique a été obligée de se trouver des astuces afin de réaliser ses oeuvres, notamment en écrivant phonétiquement, c’est-à-dire en utilisant des sons. « Toutes les lettres se mélangent, explique-t-elle. Alors, ça crée pas mal de belles choses quand même. » 

Dès la jeune enfance 

Tout a commencé à l’âge de trois ans. Sa mère a eu la puce à l’oreille lorsqu’elle a remarqué que sa fille avait des troubles d’apprentissage. Après avoir passé plusieurs tests, il a été conclu qu’elle manifestait de la dyslexie, de la dysgraphie, de la dyscalculie, soit des troubles concernant les chiffres et les nombres, ainsi qu’un déficit de l’attention (TDA/H). 

Mme Lachance raconte qu’il n’y avait pas énormément de ressources pour quelqu’un comme elle dans les années 90. De plus, les élèves avec des troubles d’apprentissage suivent rarement des cours théoriques au secondaire. Par contre, l’artiste a bravé les obstacles et ses professeurs ont dû s’adapter pour lui permettre de poursuivre son parcours scolaire. « J’étais bien correcte d’être le petit cochon d’Inde parce que je savais qu’on allait trouver une solution », soutient-elle. 

Techniques de vie 

À l’université, Kariane a affronté certaines difficultés pour avoir accès à des services d’aide. Pour y avoir recours à l’âge adulte, elle a été obligée de mettre à jour son diagnostic et d’aller passer d’autres tests, ce qui a « couté une belle beurrée ». 

Cependant, ces services n’étaient pas adaptés à ses besoins. Alors, l’artiste a décidé de trouver d’autres options pour faire ses études de premier cycle. D’emblée, elle informait ses professeurs de ses troubles et de ses besoins spécifiques afin de réussir. « L’affaire qui était essentielle pour mon cheminement, c’était de communiquer directement avec les enseignants parce que si on passait à travers le système de l’université, il y avait des gens qui ne faisaient pas leur travail », dit-elle. 

Pour écrire ses pièces de théâtre, Mme Lachance a accès à des fonds pour des artistes qui travaillent avec des mesures adaptées. Cet appui financier lui permet de collaborer avec quelqu’un qui révise ses textes ou bien des comédiens qui lisent ses oeuvres à voix haute pour mieux comprendre ce qu’elle compose. 

L’artiste dit ne pas voir beaucoup de mauvais côtés à sa condition. Des fois, elle trouve difficile de ne pas pouvoir dire exactement ce qu’elle veut. Cependant, elle essaie de demeurer optimiste. « Je trouve que ça nourrit ma pratique », affirme-t-elle. 

Kariane Lachance est actuellement artiste en résidence à la Galerie 815 du Conseil des Arts de Hearst.