Le sida tue moins, mais il est important de sensibiliser les personnes à risque

La lutte contre le virus du sida/VIH est encore d’actualité, le stigma entourant la maladie fait en sorte que les gens ont moins tendance à faire des tests de dépistage. Mary France Caron-Bruneau est coordonnatrice du programme de santé sexuelle au Bureau de santé Porcupine, elle et son équipe sensibilisent la population, chaque année, à l’importance de se faire dépister. 

Depuis sa première détection au Canada en 1982, le VIH et ses traitements ont beaucoup évolué. Au début, une polémique entourait le diagnostic, puisque ceux qui le recevaient étaient souvent des jeunes hommes homosexuels. Toutes sortes de théories ont commencé à circuler dans le grand public, et cette désinformation motive des troupes à militer pour la cause. Le nombre alarmant de décès et l’apathie des gens envers les personnes qui en mouraient ont entrainé la création de comités pour le SIDA partout au pays. Ils étaient responsables de promouvoir le traitement, fournir des services aux personnes infectées, éduquer le public sur le VIH et les moyens de réduire les transmissions. Vers la fin des années 80, les cas recensés ne touchaient plus seulement les hommes homo- sexuels, c’est à ce moment qu’il y a eu un regain de l’intérêt de la population pour mieux comprendre la maladie. Le virus a été étudié et les traitements antiviraux administrés aux patients font en sorte qu’il y a moins de décès, mais le stigma autour de la maladie est encore présent de nos jours. 

« On encourage les gens à se faire dépister tôt, parce que le VIH ce n’est plus une maladie mortelle. Les gens peuvent vivre longtemps avec le VIH sans même développer le SIDA et avoir l’infection sous contrôle grâce à un diagnostic tôt et un plan de traitement avec des suivis », dit Mme Caron-Bruneau. Le traitement n’est pas aussi intense qu’il l’a déjà été dans le passé, il y a toutefois encore de la médication à prendre et elle souligne que les patients doivent être très vigilants, bien faire les étapes de leur traitement. « On dit aussi : indétectable, intransmissible. Essentiellement, ce que ça veut dire si les gens font leur traitement et qu’il y a peu de virus de leur sang, moins de 200 copies, donc il n’est pas transmissible. Les copies c’est le nombre de virus dans le sang et il faut que ça reste à moins de 200 pour prévenir la transmission », explique-t-elle. 

Dans la région desservie par le Bureau de santé Porcupine, seulement deux nouveaux cas ont été recensés en 2022 sur une population de 100 000 personnes. Mme Caron-Bruneau ne peut se prononcer sur le nombre total de personnes vivant avec la maladie dans la région, elle croit toutefois qu’il y a des individus à risque qui pourraient l’avoir contracté sans en être conscient puisqu’ils n’ont pas fait le test de dépistage. Les symptômes ressemblent à ceux de la grippe, il est donc possible que ça n’alarme pas au premier regard. « Les personnes à risque sont celles qui ont des relations sexuelles avec des partenaires anonymes, avec quelqu’un qu’elles ne connaissent pas, avec plusieurs partenaires ou avec un partenaire à risque. Sinon ceux qui ne se font jamais tester, les personnes qui utilisent des drogues et qui partagent leur matériel de consommation. » 

Il est important de se faire tester 

Il existe plusieurs méthodes de dépistage au Canada. Un médecin ou une infirmière-praticienne pourrait prescrire une réquisition pour un test sanguin, les infirmières du Bureau de santé Porcupine le font aussi et elles ont des tests rapides. Ceux-ci ressemblent à un test de diabète : l’infirmière pique le doigt, mais l’échantillon de sang sur une bandelette et les résultats sont prêts en cinq minutes. « Ce test regarde juste les antigènes, les antigènes c’est comme nos petits soldats dans notre sang qui vont se développer seulement si nous sommes infectés par le virus. Lorsqu’on regarde les résultats des tests de sang, on regarde non seulement pour les antigènes, mais aussi pour le virus en tant que tel », explique la coordonnatrice. 

Même si un individu ne considère pas être à risque en ce moment, mais sait qu’il y a eu une période plus risquée dans le passé, il est recommandé de se faire tester quand même. Le Bureau de santé Porcupine aime mieux donner un diagnostic tôt et non lorsque le patient est atteint du SIDA. « Il est important de se faire tester souvent aussi, surtout si on partage du matériel de consommation de drogue ou qu’on a fait faire un tatouage ou un perçage avec du matériel non stérilisé par exemple », recommande-t-elle. 

Les symptômes s’apparentent à une grippe qui dure une ou deux semaines. Avec le temps, étant donné que le virus affecte le système immunitaire, les per-sonnes infectées sont susceptibles d’attraper tous les maux qui courent. Plus ça fait longtemps qu’elles vivent avec le VIH, plus leur système immunitaire s’affaiblit si elles ne suivent pas un plan de traitement. Les infections et les bactéries les affectent plus souvent et il devient de plus en plus difficile de combattre les maladies. 

Le Bureau de santé Porcupine a placé des tuques et des mitaines rouges dans les centres-ville des communautés de la région du BSP pour souligner cette journée importante. « Cette touche nordique apportée au ruban rouge symbolique permet aux membres de nos communautés de montrer leur soutien à l’égard de l’éradication de la stigmatisation associée au VIH/sida qui constitue un obstacle à la prévention, au traitement et au dépistage de cette maladie », ajoute Mary France Caron-Bruneau.