Dans le temps comme dans le temps Vivre dans les années 50 : La grand-messe du dimanche

Comme toute autre personne catholique qui a vécu les années 50, je suis très conscient de tous les sentiments, des exigences, des bénéfices et des abus de l’Église dans l’histoire de Hearst. Mon but ici n’est pas de critiquer ou de faire des éloges à cet institut, mais plutôt d’énoncer ce qui se passait dans ma tête alors que j’étais encore bambin jusqu’à la préadolescence. Comme la plupart des Canadiens français de Hearst du temps, il n’était pas question de douter de l’enseignement de l’Église. Mes observations sont plutôt pratiques et enfantines et démontrent l’innocence de la jeunesse.

Ma première impression, comme l’a si bien décrite Yvon Deschamps plus tard, est que tu arrives à la messe par le trottoir d’en avant, tu entres par la porte d’en avant et puis bang tu es en arrière de l’église. C’est une impression qui s’est souvent répétée dans ma tête. Je me rappelle que Monseigneur Grenier me faisait peur. Je ne l’ai jamais vu sourire et lorsqu’il parlait en disant la messe, je ne comprenais rien, que ce soit en latin, en français ou en anglais. Pour moi, c’était comme écouter plus tard le chef suédois de Sesame Street.

Je me suis aperçu cependant que certaines paroles revenaient de temps en temps durant la messe. J’ai su comprendre que le prêtre, par exemple, disait souvent « dominus vobiscum » et tout le monde répondait « et cum spiritu tuo ». J’ai demandé à la sœur enseignante ce que ces paroles voulaient dire. Elle m’a dit que « dominus vobiscum» voulait dire « que Dieu soit avec vous » et le « et cum spiritu tuo » que les croyants répondaient voulaient dire « et avec toi aussi ». Le dimanche suivant, lorsque le prêtre a dit pour la première fois « Dominus vobiscum », j’ai levé la main comme un bon étudiant et j’ai répondu, « et cum spiritu tuo » peut-être un peu fort d’après les sourires des adultes autour de moi. Il faut dire que j’ai passé proche de dire « et avec toé itou », mais je me suis repris à temps. J’étais tellement fier d’être capable de participer. Je me suis assis et calmé quelque peu en attendant le prochain « dominus vobiscum ».

Pour la communion, on allait au devant de l’église (de l’autre côté de la porte d’en avant), on se mettait à genou sur l’agenouilloir, le prêtre plaçait l’hostie sur notre langue et nous devions retourner à notre place sans que l’hostie touche aux dents. Je dois avoir commis une cinquantaine de péchés véniels (petits péchés) parce que je n’avais pas la patience de laisser l’hostie fondre sur ma langue et je finissais toujours par la manger.

La messe de midi était pour les anglophones et celle de 9 h était pour ceux qui n’avaient pas le temps de participer à 10 h 30. Je n’ai jamais compris pourquoi la messe de 10 h 30 était considérée comme la meilleure. Pour moi, il s’agissait de passer une demi-heure de plus à écouter du latin. Hourra pour le concile du Vatican 1963 !